La feuille de soins électronique annoncée pour 2026


Rédigé par le Mercredi 8 Octobre 2025

Le gouvernement prépare pour 2026 le lancement de la feuille de soins électronique. Objectif: alléger les formalités, fluidifier les remboursements et renforcer la traçabilité au sein d’un système de santé en mutation.



Dossier médical: le virage numérique

L’annonce a tout d’un progrès attendu: en 2026, la feuille de soins électronique devrait remplacer le papier, avec l’ambition de raccourcir les délais de remboursement et d’assainir les circuits. Sur le papier, c’est le cas de le dire, la promesse est séduisante. Chaque acte saisi en temps réel, des flux sécurisés vers les organismes payeurs, moins d’erreurs et de pertes: l’argumentaire semble imparable. Pourtant, la réussite d’un tel chantier ne se mesure pas à la seule élégance des schémas techniques, mais à l’épreuve du terrain, là où les files d’attente ne disparaissent pas par décret.

Le cœur du dispositif, l’interopérabilité, exige une partition sans fausse note entre hôpitaux, cabinets, pharmacies et assureurs. Or, les systèmes d’information de santé, morcelés et hétérogènes, ne s’alignent pas en un claquement de doigts. Former les soignants, accompagner les patients, financer les mises à niveau et maintenir l’existant pendant la transition: autant de coûts cachés que l’enthousiasme numérique évoque rarement. Le risque n’est pas tant l’échec technique que la création d’un nouveau fossé entre établissements bien outillés et structures à bout de souffle.

La transparence promise repose sur une pierre angulaire: la confiance. Les données médicales, parmi les plus sensibles, ne supportent ni l’à-peu-près ni les compromis. Qui accède à quoi, quand et pourquoi? Combien de temps sont-elles conservées? Quelles garanties contre les usages secondaires? Le citoyen n’attendra pas une brochure; il demandera des preuves. Auditabilité, chiffrement de bout en bout, journalisation, tests d’intrusion réguliers, certifications: ces mots doivent devenir des faits. À l’heure où les cyberattaques se multiplient, une feuille de soins électronique non blindée serait moins un progrès qu’une porte ouverte.

On vante à juste titre les bénéfices de la donnée agrégée: repérer des déserts médicaux, anticiper des ruptures, piloter les dépenses. Encore faut-il que l’algorithme ne remplace pas l’écoute, et que la quête d’efficience ne se traduise pas par une bureaucratie numérisée, plus rapide à refuser qu’à comprendre. La technologie peut libérer du temps soignant; elle peut aussi l’engloutir, si la saisie devient une fin et non un moyen. La neutralité impose de rappeler cette évidence: un bon logiciel mal déployé reste un mauvais service.

Reste l’enjeu social, souvent relégué à la marge des communiqués. L’inclusion numérique n’est pas un slogan, c’est une logistique: guichets d’accompagnement, médiateurs, langues, accessibilité, recours hors ligne pour ceux qui en ont besoin. Si 2026 doit être un cap, il gagnera à être progressif, vérifiable et réversible, avec des indicateurs publics: délais de remboursement, taux d’erreurs, incidents de sécurité, satisfaction des usagers. À cette condition, la feuille de soins électronique pourra passer du statut d’annonce à celui d’avancée mesurable — non pas l’illusion d’une modernité, mais sa preuve tangible.

feuille de soins électronique, e-santé Maroc, remboursement santé, transparence santé, interopérabilité santé, données médicales, cybersécurité santé, transformation numérique, assurance maladie, système de santé Maroc





Journaliste junior passionné par l'écriture, la communication, les relations internationales et la… En savoir plus sur cet auteur
Mercredi 8 Octobre 2025
Dans la même rubrique :