La fleur marocaine , zéro pointé pour le zéro mica ..


Rédigé par le Mercredi 27 Janvier 2021

Je pense très souvent , encore aujourd'hui des années depuis , à ce diplomate allemand qui m'ayant proposé de me raccompagner de l'aéroport Mohamed 5 m'apostropha :" Au Maroc , j'adore ces fleurs noires que vous avez dans les arbres et que l'on ne retrouve nul part ailleurs ! "



A lire ou à écouter en podcast :

La fleur marocaine , zéro pointé pour le zéro mica.mp3  (3.27 Mo)

Confus et gêné , je ne savais pas comment lui expliquer que ces " fleurs marocaines " , n'étaient en fait que des sachets de plastique qui étaient coincés entre les branches des arbres .
 
Et comme ces sachets ne sont pas biodégradables , ils peuvent rester éternellement dans la nature , ou peut-être juste deux ou trois cent ans , ceci lorsqu'ils ne se retrouvent pas dans l'estomac d'une vache ou d'un mouton.
 
Il est bien vrai que ces fleurs noires ont disparu de la circulation , et c'est tant mieux , mais des sachets de toutes les autres couleurs continuent de sévir dans tous les souks , surtout chez les marchands de fruits et légumes et autres poissons.
 
Le gouvernement croyait avoir frappé  un grand coup en interdisant les sachets en plastique.

De la simple et pure poudre aux yeux qui n 'a servi qu'à marquer les esprits car si l'on excepte les grandes surfaces et les mini ou hyper-marchés , les sachets en plastique sont toujours omniprésents .

S'il est vrai que les habitudes sont têtues , l'indécrotable et indétrônable sachet en plastique que les marocains appellent mica a apparemment la peau dure..

Cette loi rappelle étrangement et ressemble certainement aux deux tristement célèbres lois interdisant le tabac dans les lieux publics et l'usage du portable en conduisant.

Deux lois qui ne servent absolument à rien puisqu'elles n'ont été suivies d'aucun effet !

Mais, l'élaboration d'un texte de loi cela coûte très cher et lorsque cette loi n'est même pas appliquée cela coûte encore plus cher aux contribuables.

S'en prendre aux sachets en plastique demeure une posture trop facile car il aurait été plus audacieux et plus courageux politiquement de s'en prendre à des dossiers où entrent en jeu des lobbies très puissants et des  enjeux financiers énormes tel l'interdiction de fumer dans les cafés, restaurants et autres espaces publics car Dieu seul sait comment et combien les dégâts  du tabagisme passif sont énormes au Maroc !

Là on aurait compris que le gouvernement a vraiment le souci de protéger la santé publique voire même celui de sauvegarder l'environnement , mais malheureusement ce dernier a choisi une nouvelle fois de faire " l'oeil de mica " !

Dans tous les cas  , la réalité a fatalement rattrapé nos souks  et a très certainement réussi à mettre à mal le "zéro mica" car en absence de durables et rationnelles solutions de substitution,  on voit très mal les marocains se passer des sachets en plastique pour les besoins du quotidien.

Faute de mieux et faute de choix. 

Dans les grandes surfaces , on propose certes des sacs réutilisables à dix dirhams , mais sinon nos gouvernants ont choisi de laisser aux consommateurs la responsabilité du choix d'utiliser le mica ou non  ! 

Sur cette question comme sur tellement d'autres , le gouvernement a franchement fait du n'importe quoi !

Avant de décréter une interdiction,  il est légitime et opportun de proposer des solutions afin que cette interdiction soit applicable et surtout acceptable par les populations.

C'est pour cela que le grand flop du zéro mica mérite un zéro pointé.
En attendant , les solutions existent et il suffit de remettre le bon vieux couffin au goût du jour et espérer que les marocains vont petit à petit délaisser et boycotter les sachets en plastique.  
Franchement. .

 

Par Hafid Fassi Fihri 






Hafid Fassi Fihri est un journaliste atypique , un personnage hors-normes . Ce qu'il affectionne, le… En savoir plus sur cet auteur
Mercredi 27 Janvier 2021
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