La forte recrudescence des impayés accentue le coût du risque bancaire

Le gros des crédits accordés en 2020 sert à combler des besoins en fonds de roulement


Rédigé par Noureddine Batije le Mardi 25 Mai 2021

Suite aux multiples mesures de soutien et de relance initiées par les autorités monétaires, pour endiguer les séquelles liée à la pandémie Covid 19, l’exercice 2020, en dépit de la profonde récession l’ayant marqué, s’est, certes soldé par une assez nette amélioration de l’encours brut des crédits bancaires. Toutefois, un hic, qui n’est pas des moindres, subsiste encore et fait tache d’huile, les créances en souffrance.



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En progression de 4,4 % par rapport à fin 2019, sous l’effet d’une augmentation de 28,2 Milliards de dhs de crédits alloués aux entreprises et dans une moindre mesure d’une hausse de 12,1 Milliards accordés aux ménages, les crédits bancaires se sont établis, au terme de 2020, à 957,4 Milliards de dhs.

CDG Capital qui vient de dévoiler ces chiffres* apporte une précision : l’augmentation des crédits aux entreprises a concerné la croissance des comptes débiteurs et crédits de trésorerie qui ont affiché une hausse de 8,5 %, compensant ainsi la baisse de 3,0 % des crédits à l’équipement et le repli de 0,7 % des crédits distribués aux promoteurs immobiliers. Et pour cause, le diktat de la conjoncture en mode Sars-CoV-2 fait que le recours des entrepreneurs au crédit bancaire pour combler, en premier lieu, leur besoin en fonds de roulement l’emporte nettement sur celui de financer un quelconque investissement.

Ce même mode, ajouté, cette fois, au degré prononcé d'incertitude ressenti à travers la recrudescence du taux de chômage, a fait que les crédits aux ménages, impactés par la baisse des crédits à la consommation, aient enregistré un repli de 4,1 %

Comment s’explique alors cette envolée de crédits de trésorerie ?

Tout porte à croire que « Damane Oxygène », « Relance TPE » et « Damane Relance » » en tant que programmes de financement conçus par les autorités publiques, déployés par les banques et garantis par la CCG ont largement contribué à cette progression. Dans la mesure où se référant à des chiffres de la Caisse Centrale de Garantie, CDG Capital, évoque l’octroi, , courant 2020,, d’ un volume de prés de 53 milliards de dhs de crédits dans le cadre de ces programmes.

Soit, 17,5 Milliards de dhs de crédits garantis octroyés aux entreprises marocaines au titre de « Damane oxygène et environ 35 Milliards dans le cadre de « Relance TPE » et « Damane Relance ».


Qu’en est-il des créances en souffrance ?

En termes de solvabilité des ménages et des entreprises, les impayés s’accentuent, porte atteinte à la qualité des actifs et partant de là menace l’état de santé de l’écosystème bancaire dans sa globalité. Les créances en souffrance n’épargnent aucune banque.

Déjà, au niveau de celles cotées, ces créances sont passées à 59,4 Milliards dhs en 2020 contre 53,2 Milliards une année plus tôt. Ce qui fait que le taux est passé de 7,8 % en 2019 à 8,4 % en 2020. Ce qui, fait aussi, qu’ aux derniers chiffres tels que devoilés par CDG Capital, l’encours des provisions a progressé de 9,2 % à 40,5 Milliards dhs, Ce qui implique un taux de provisionnement de 68,2 % à fin 2020.

Noureddine BATIJE
*Les chiffres contenus dans ce papier se rapportent aux banques cotées auxquelles sont intégrés ceux de la Société Générale.




Mardi 25 Mai 2021
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