La main tendue de Mohammed VI appelle l’Algérie à un dialogue sincère




Par Hassan Abdelkhalek

Dans son discours du 26e anniversaire de la Fête du Trône, le Roi Mohammed VI a renouvelé son appel à l’Algérie pour ouvrir un dialogue franc, responsable et fraternel. Malgré les tensions persistantes, le Souverain marocain réaffirme son attachement au bon voisinage et au projet d’union maghrébine, tout en insistant sur la nécessité de dépasser le différend autour du Sahara marocain. Hassan Abdelkhalek, ancien ambassadeur du Maroc en Algérie, faits ressortir, à travers le discours du Trône, les fondamentaux de la politique du Souverain à l’égard de l’Algérie.

​Une main tendue constante face à un mur de silence

Dans son allocution royale du 29 juillet 2025, le Roi Mohammed VI a rappelé avec regret l’état actuel des relations entre le Maroc et l’Algérie. Il a renouvelé son engagement à tendre la main à "nos frères en Algérie", réaffirmant la disponibilité du Maroc à engager un dialogue franc, sincère et responsable autour des sujets de discorde entre les deux pays.

Cette volonté s’inscrit dans une constante royale : considérer le peuple algérien comme un peuple frère, uni au Maroc par une mémoire commune indélébile, des liens humains profonds, la langue, la religion, la géographie et un destin partagé. Le Roi fait face ainsi aux discours de haine et aux tentatives de brouiller cette fraternité séculaire, et d’effacer des mémoires le soutien historique du Maroc à la révolution algérienne.

L’appel royal n’est pas nouveau : en 2018 déjà, à l’occasion de la commémoration de la Marche verte, Mohammed VI avait proposé la création d’un mécanisme politique conjoint de dialogue et de concertation avec l’Algérie, à définir en commun. Ce mécanisme, selon la vision royale, serait un cadre concret pour résoudre les différends bilatéraux, stimuler les opportunités de développement dans l’espace maghrébin, et renforcer la coordination régionale face aux défis communs, notamment le terrorisme et les flux migratoires.

Face à l’absence de réponse positive d’Alger, le Maroc n’a jamais rompu avec sa ligne de conduite basée sur le respect du voisinage. En 2021, le Souverain déclarait solennellement : ‘’Je peux rassurer nos frères algériens que le mal et les problèmes ne viendront jamais du Maroc. Aucun danger ne viendra de nous parce que ce qui vous touche nous touche et ce qui vous atteint nous fait mal. Aussi, considérons que la sécurité et stabilité de l’Algérie et la quiétude de son peuple sont liées à la sécurité et la stabilité du Maroc. Le contraire est valable aussi (…)’’.

​Sahara, Union maghrébine et dialogue régional : les trois leviers d’une nouvelle page

Le Maroc est resté dans sa position constante en prônant des relations meilleures avec l’Algérie malgré la décision de ses dirigeants de rompre unilatéralement par l’Algérie en août 2021, suivie de la fermeture de son espace aérien, du gazoduc Maghreb-Europe, et de l’instauration de visas pour les Marocains ainsi que de la fermeture prolongée des frontières terrestres depuis plus de 30 ans.

Aujourd’hui encore, la politique marocaine de la main tendue met une nouvelle fois l’Algérie face à ses responsabilités de faire prévaloir la sagesse pour rouvrir le dossier des relations bilatérales, en vue de solutions pérennes et d’un partenariat stable, profitable aux deux pays.

Dans ce cadre, l’un des principaux points de discorde demeure le Sahara marocain. Mohammed VI appelle ceux qui détiennent la décision en Algérie à cesser d’alimenter ce conflit artificiel, hérité de la guerre froide, et à rejoindre les efforts onusiens visant un règlement réaliste, sachant que depuis 2007, l’ONU reconnaît la pertinence et la crédibilité de l’initiative marocaine d’autonomie, qui garantit aux populations sahariennes une gestion autonome de leurs affaires dans le cadre de la souveraineté nationale.

Cette initiative bénéficie désormais du soutien de plus de 120 pays, dont les États-Unis, la France, le Royaume-Uni, membres permanents de sécurité de l’ONU du Conseil et la majorité des pays africains et européens. Elle allie les principes de démocratie, d’autodétermination et d’unité territoriale, et offre une sortie honorable pour toutes les parties.

​Relancer l’Union du Maghreb avec ses cinq États

Dans la perspective d’ouvrir une nouvelle page dans les relations avec l’Algérie, notre pays a fait, depuis l’indépendance, de la construction du Maghreb arabe l’une des priorités de sa politique étrangère. En février 1989, la ville de Marrakech a accueilli le sommet maghrébin des cinq États, qui a fondé l’Union du Maghreb arabe (UMA) sur la base de la création d’un espace unifié facilitant la circulation des personnes et des biens, instaurant l’intégration économique et permettant aux pays de la région d’assurer leur stabilité et de faire face aux défis communs.

Le dernier Discours du Trône a exprimé un attachement royal à la relance de cette Union, Sa Majesté déclarant : « Nous réaffirmons notre attachement à l’Union du Maghreb, convaincus qu’elle ne saurait exister sans l’engagement conjoint du Maroc et de l’Algérie, aux côtés des autres États frères. »

Cette détermination — qui affirme que le Maghreb doit se construire avec ses cinq États, ou ne pas être — intervient à la suite de tentatives de certains d’entraîner à nouveau la région dans une politique de blocs, en enterrant l’Union du Maghreb arabe et en la remplaçant par une « Union d’Afrique du Nord » ne réunissant que trois États.

L’attachement à l’UMA interpelle une fois encore les cinq pays pour mobiliser leurs capacités et sortir l’Union de l’état de stagnation dans lequel elle se trouve depuis plus de trente ans. Il convient de rappeler que Sa Majesté le Roi avait déjà exprimé, dans son discours marquant le retour du Maroc au sein de l’Union africaine (31 janvier 2017), son regret de voir la flamme de l’Union du Maghreb arabe s’éteindre, faute de foi en un destin commun. Il avait appelé à la sauver par l’action, en s’inspirant des groupements africains voisins, qui connaissent un développement notable à travers des projets d’intégration ambitieux et ouvrent un véritable espace garantissant la libre circulation des personnes, des biens et des capitaux.

L’espoir demeure que nos frères en Algérie répondent à la main tendue du Maroc en changeant d’approche à l’égard du Royaume, de son intégrité territoriale et de ses intérêts, afin d’ouvrir une nouvelle page et de bâtir des relations entre les deux pays sur la base de la parité et du service de leurs intérêts communs, tout en remettant en marche la dynamique de l’Union du Maghreb arabe dans l’intérêt de ses cinq États.



Jeudi 31 Juillet 2025

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