Responsabiliser dès maintenant, pas demain
Et si nous avions tout faux ? Si la vraie révolution éducative ne passait ni par le digital à outrance, ni par les tableaux interactifs dernier cri, mais par… le retour au bon sens ?
Dans un monde où l’intelligence artificielle réécrit les règles du travail plus vite que les programmes scolaires ne s’adaptent, une idée refait surface avec une force surprenante : apprendre à être responsable, ici et maintenant. Pas demain, pas après le diplôme. Maintenant. Voilà le socle oublié d’une école réellement connectée au monde réel.
On croyait que l’école devait transmettre des savoirs. Puis on a cru qu’elle devait former à des compétences. Aujourd’hui, les entreprises — même les plus technologiques — nous ramènent à une vérité première : ce qu’elles recherchent, ce n’est plus seulement un cerveau bien rempli, mais un esprit capable de discernement, de courage, et de prise d’initiative.
Car ce qu’elles attendent — et qu’aucun logiciel ne remplace encore — c’est une qualité humaine rare : le jugement. Elles veulent des personnes capables d’assumer, d’arbitrer, de décider. En d’autres mots : de répondre de leurs actes.
Et ce n’est pas dans une salle de classe théorique qu’on apprend à gérer une crise ou à faire un choix difficile sous pression.
Prenez deux étudiants envoyés pour un simple stage en centre de vacances. Affectés d’abord à la plonge, ils finissent deux semaines plus tard à la tête de tout le village. Soixante personnes à gérer, des dizaines de nationalités, des responsabilités opérationnelles réelles. Ils auraient pu flancher. Ils ont tenu bon. Mieux : ils ont grandi.
Ce genre d’expérience ne s’improvise pas. Elle révèle une autre manière de transmettre : ne plus dire “tu seras responsable plus tard”, mais “tu es responsable maintenant. Et je suis là pour t’aider à comprendre ce que tu en retires.”
L’école du bon sens, c’est cela : apprendre en faisant, en vivant, en assumant. Ce n’est pas une pédagogie de l’abandon, mais de l’accompagnement actif, exigeant, où chaque erreur est un tremplin, pas une sanction.
Un bon ingénieur ne récite pas, il agit : Dans cette vision, un bon ingénieur, un bon manager, un bon citoyen même, n’est pas celui qui connaît toutes les réponses. C’est celui qui affronte des questions qu’il n’a jamais vues. Celui qui comprend que ses décisions ont un impact sur les autres. Celui qui sait passer la balle quand il faut, et prendre les devants quand personne d’autre ne le fait.
C’est un profil rare, que seule une éducation fondée sur la responsabilité réelle permet de former.
Et au Maroc ? Une pédagogie encore trop verticale : Dans notre système éducatif marocain, cette pédagogie du bon sens est encore trop marginale. Le “savoir savant” continue de dominer, les élèves restent dans des rôles passifs, en attente d’un savoir figé, déconnecté de leurs vies. Or, former des jeunes capables de s’adapter, c’est leur donner le droit à l’erreur encadrée, l’opportunité d’oser, la capacité à tirer des leçons de leurs actes.
Ne confondons pas “laisser-faire” et responsabilisation. La vraie école du bon sens, c’est celle qui dit : “Fais, mais je suis là si tu tombes.”
Dans un monde où l’intelligence artificielle réécrit les règles du travail plus vite que les programmes scolaires ne s’adaptent, une idée refait surface avec une force surprenante : apprendre à être responsable, ici et maintenant. Pas demain, pas après le diplôme. Maintenant. Voilà le socle oublié d’une école réellement connectée au monde réel.
On croyait que l’école devait transmettre des savoirs. Puis on a cru qu’elle devait former à des compétences. Aujourd’hui, les entreprises — même les plus technologiques — nous ramènent à une vérité première : ce qu’elles recherchent, ce n’est plus seulement un cerveau bien rempli, mais un esprit capable de discernement, de courage, et de prise d’initiative.
Car ce qu’elles attendent — et qu’aucun logiciel ne remplace encore — c’est une qualité humaine rare : le jugement. Elles veulent des personnes capables d’assumer, d’arbitrer, de décider. En d’autres mots : de répondre de leurs actes.
Et ce n’est pas dans une salle de classe théorique qu’on apprend à gérer une crise ou à faire un choix difficile sous pression.
Prenez deux étudiants envoyés pour un simple stage en centre de vacances. Affectés d’abord à la plonge, ils finissent deux semaines plus tard à la tête de tout le village. Soixante personnes à gérer, des dizaines de nationalités, des responsabilités opérationnelles réelles. Ils auraient pu flancher. Ils ont tenu bon. Mieux : ils ont grandi.
Ce genre d’expérience ne s’improvise pas. Elle révèle une autre manière de transmettre : ne plus dire “tu seras responsable plus tard”, mais “tu es responsable maintenant. Et je suis là pour t’aider à comprendre ce que tu en retires.”
L’école du bon sens, c’est cela : apprendre en faisant, en vivant, en assumant. Ce n’est pas une pédagogie de l’abandon, mais de l’accompagnement actif, exigeant, où chaque erreur est un tremplin, pas une sanction.
Un bon ingénieur ne récite pas, il agit : Dans cette vision, un bon ingénieur, un bon manager, un bon citoyen même, n’est pas celui qui connaît toutes les réponses. C’est celui qui affronte des questions qu’il n’a jamais vues. Celui qui comprend que ses décisions ont un impact sur les autres. Celui qui sait passer la balle quand il faut, et prendre les devants quand personne d’autre ne le fait.
C’est un profil rare, que seule une éducation fondée sur la responsabilité réelle permet de former.
Et au Maroc ? Une pédagogie encore trop verticale : Dans notre système éducatif marocain, cette pédagogie du bon sens est encore trop marginale. Le “savoir savant” continue de dominer, les élèves restent dans des rôles passifs, en attente d’un savoir figé, déconnecté de leurs vies. Or, former des jeunes capables de s’adapter, c’est leur donner le droit à l’erreur encadrée, l’opportunité d’oser, la capacité à tirer des leçons de leurs actes.
Ne confondons pas “laisser-faire” et responsabilisation. La vraie école du bon sens, c’est celle qui dit : “Fais, mais je suis là si tu tombes.”
Et si c’était un luxe réservé à une élite ?
Bien sûr, on pourrait objecter que cette pédagogie de la responsabilité ne s’adresse qu’à une minorité déjà privilégiée. Que pour apprendre à gérer un centre de vacances, encore faut-il avoir un stage à portée de main, un tuteur bienveillant, un filet de sécurité. Dans un système où l’encadrement est souvent débordé, les enseignants mal formés à l’expérientiel, et les élèves pressurés par des examens, peut-on vraiment généraliser cette approche ? Peut-être, justement, que l’école du bon sens devrait commencer par le système éducatif lui-même : qu’il se responsabilise avant de responsabiliser.
Adnane Benchakroun
Adnane Benchakroun