Et c’est là que réside toute la vérité d’une époque : les réseaux sociaux sont devenus le nouveau parlement d’une jeunesse en rupture.
Parce que dans la rue, les manifestations sont encadrées, dispersées, parfois réprimées. Dans les urnes, la confiance est brisée, l’abstention massive. Mais sur TikTok ou Discord, les voix s’élèvent sans filtre, les vidéos virales remplacent les tracts, les live streams font plus d’audience que n’importe quel meeting politique.
Les politiques, eux, continuent d’ignorer cette révolution silencieuse. Ils parlent encore comme si les jeunes prenaient leurs décisions devant un poste de télévision ou en écoutant un discours officiel. Grave erreur : les jeunes ne les écoutent plus. Ils scrollent, likent, commentent, partagent. Et en une heure, une idée qui naît dans une chambre étudiante à Fès ou Tanger peut devenir un mot d’ordre national.
Faut-il s’en réjouir ou s’en inquiéter ? D’un côté, c’est le signe d’une vitalité incroyable : une génération connectée, créative, capable de se fédérer en dehors des carcans traditionnels. De l’autre, c’est le constat d’un vide politique immense : si les réseaux sociaux sont devenus le seul espace où la jeunesse débat et agit, c’est parce que les institutions ont échoué à lui offrir un lieu de confiance.
Le Maroc vit un tournant. La Génération Z n’attend plus qu’on la représente : elle s’organise seule. Et si les dirigeants ne veulent pas écouter ce qui se dit sur TikTok ou Instagram, alors qu’ils se préparent à une nouvelle gifle : une jeunesse qui ne votera pas, mais qui saura descendre dans la rue, et faire trembler les certitudes à coups de stories et de hashtags.
Parce qu’aujourd’hui, le vrai pouvoir n’est plus sur les estrades politiques : il est dans la poche de chaque jeune, sur un écran de smartphone.