Stabilité de la législation électorale
Pour l’Istiqlal, l’enjeu fondamental est clair : ne pas bouleverser le système électoral à chaque échéance. Le parti considère que le Maroc a accumulé une expérience démocratique précieuse et qu’il serait contre-productif de réécrire entièrement les règles à chaque scrutin. L’approche privilégiée est celle du « raffinement par accumulation » : consolider les acquis, corriger les insuffisances, et améliorer la transparence sans déstabiliser la confiance dans les institutions.
Moralisation de la vie politique
La moralisation occupe une place centrale dans le mémorandum du parti. L’Istiqlal plaide pour l’adoption d’un « pacte éthique » qui engagerait les formations à ne pas investir ou soutenir des candidats poursuivis pour corruption ou mauvaise gestion de fonds publics. Ce mécanisme vise à assainir la vie politique et à restaurer la crédibilité des élus. L’idée n’est pas nouvelle : le parti la défend depuis des années, mais elle devient aujourd’hui un impératif partagé par la majorité des acteurs politiques.
Lutte contre les dérives numériques
Avec la montée en puissance des réseaux sociaux dans les campagnes électorales, l’Istiqlal met en garde contre les manipulations numériques : comptes fictifs achetés à l’étranger, algorithmes détournés, ou encore recours à l’intelligence artificielle pour dénigrer des candidats.
Le parti appelle à un code de conduite commun entre formations, afin que les plateformes restent un espace de débat loyal et non une arène de désinformation et de chantage politique.
Le parti appelle à un code de conduite commun entre formations, afin que les plateformes restent un espace de débat loyal et non une arène de désinformation et de chantage politique.
Inclusion des femmes, des jeunes et de la diaspora
L’Istiqlal propose une ouverture accrue à la diversité des candidatures. Le parti suggère la création de circonscriptions locales réservées aux femmes, aux jeunes et aux Marocains du monde, tout en préservant le caractère national et transversal des élections législatives. Contrairement à la Chambre des conseillers, de nature corporatiste, la Chambre des représentants doit, selon le parti, rester un espace de représentation générale, mais avec un effort particulier pour favoriser l’accès de ces catégories à la vie politique.
Redéfinir la place de l’audiovisuel public
Autre point clé : la relation entre médias publics et partis. L’Istiqlal défend un rôle beaucoup plus actif de l’audiovisuel national dans l’animation du débat politique. Il s’agit d’organiser des débats contradictoires, de présenter et critiquer les programmes, et de traiter les grandes questions de société. L’objectif est double : offrir un espace crédible aux formations et contrer l’essor de discours populistes souvent amplifiés sur les réseaux sociaux.
Réguler la publicité électorale
Le parti insiste sur la nécessité de plafonner les dépenses publicitaires, en particulier dans le numérique. Selon lui, laisser les formations les plus riches saturer l’espace publicitaire constitue une menace pour l’équité démocratique. La régulation de l’affichage en ligne permettrait de garantir une concurrence saine et de réduire l’influence excessive de l’argent. Les chiffres en témoignent : lors des dernières élections, l’Istiqlal avait dépensé environ 29 000 dollars en six mois sur Facebook et Instagram, contre 270 000 dollars pour un autre parti.
Accessibilité et participation des personnes en situation de handicap
La participation inclusive est également au cœur des propositions. Le parti suggère l’introduction d’une section spécifique dans la loi électorale consacrée aux droits des personnes en situation de handicap. Cela comprend la mise à disposition d’interprètes en langue des signes, l’adaptation des bureaux de vote, la possibilité de se faire accompagner au moment du vote, ainsi que des incitations financières pour les partis présentant des candidats handicapés.
Le débat sur le quotient électoral
Concernant le quotient électoral, l’Istiqlal ne propose pas de retour en arrière. Le parti estime que la stabilité doit primer, mais appelle à une révision profonde des listes électorales, trop souvent obsolètes ou gonflées. Il propose une mise à jour systématique, incluant la radiation des doublons et des personnes décédées, ainsi que le transfert automatique des inscriptions lors des changements de résidence.
Refus de l’inscription automatique
Fidèle à sa lecture constitutionnelle, l’Istiqlal rejette l’idée d’un enregistrement automatique des électeurs. Pour le parti, s’inscrire est un acte volontaire et conscient, qui traduit la responsabilité citoyenne. Transformer cette démarche en formalité administrative viderait, selon lui, le vote de sa dimension d’engagement libre et éclairé.
Soutien public aux partis : plus de moyens, plus de transparence
Enfin, l’Istiqlal plaide pour une révision à la hausse du financement public. Les partis, qui assument une mission constitutionnelle d’encadrement et de formation des citoyens, doivent disposer de ressources adaptées.
Le parti propose aussi de relever le plafond des dons privés de 600 000 à 800 000 dirhams, tout en exigeant une transparence accrue dans l’usage des fonds, notamment dans les zones rurales où les justificatifs classiques de dépenses ne sont pas toujours adaptés.
Le parti propose aussi de relever le plafond des dons privés de 600 000 à 800 000 dirhams, tout en exigeant une transparence accrue dans l’usage des fonds, notamment dans les zones rurales où les justificatifs classiques de dépenses ne sont pas toujours adaptés.
Une réforme guidée par l’équilibre
Dans l’ensemble, les propositions de l’Istiqlal reflètent une volonté de concilier stabilité institutionnelle et adaptation aux défis contemporains. Loin d’un bouleversement radical, le parti mise sur une refonte progressive, combinant moralisation, inclusion et régulation des pratiques numériques et financières. Reste à savoir comment ces idées seront accueillies par les autres formations et intégrées dans le futur cadre législatif, à l’approche des prochaines échéances électorales.