La voix de l’Europe n’intéresse plus personne


Rédigé par le Mardi 8 Juillet 2025



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Que ce soit à propos de la guerre en Ukraine ou de celle entre Israël et l’Iran, Washington traite seule et directement avec Moscou et Téhéran, les pays européens étant, de toute évidence, totalement hors-jeu.

Le président américain, Donald Trump, n’en a pas moins réussi à convaincre lesdits pays européens membres de l’Otan, à l’exception de l’Espagne, à hausser leurs dépenses militaires à hauteur de 5% de leurs Pib, lors du sommet de La Haye les 24 et 25 juin.

Les pays de l’Union Européenne avaient déjà pris la décision, début mars 2025, d’allouer 800 milliards d’euros à l’initiative « ReArme Europe ».

Cet effort financier va, évidemment, plus profiter à l’industrie militaire américaine qu’européenne, l’arsenal des pays de l’Otan étant constitué essentiellement de systèmes d’armement américains, une réalité qu’il ne serait pas possible de modifier à court et moyen termes.

Bien entendu, les pays européens, dont les économies sont actuellement loin d’être prospères, doivent trouver cet argent pour l’achat d’armes américaines, quelques 16.000 milliards de dollars sur une décennie, en coupant sur d’autres dépenses.

Le coût de la servitude volontaire

La Commission européenne a d’abord lorgné sur les 387 milliards d’euros consacrés politique agricole commune (PAC), dont la réforme aurait permis de réorienter les fonds consacrés à l’agriculture aux dépenses militaires. Les opérateurs du secteur agricole européen s’y sont fortement opposés et le projet est tombé à l’eau.

Les pays européens doivent, donc, chercher ailleurs les moyens pour contrer « la menace à long terme posée par la Russie à la sécurité euro-atlantique », selon les termes du communiqué du récent sommet de l’Otan.

De fait, maintenant que les Etats-Unis ont décidé d’arrêter les frais concernant la guerre en Ukraine, c’est aux pays européens de prendre en charge ce conflit d’ores et déjà remporté par la Russie.

BlackRock, la fameuse société américaine d’investissement qui cherchait des investisseurs pour alimenter le Fonds pour l’Ukraine, a également laissé tomber, les incertitudes pesant sur l’avenir de l’Ukraine ayant décidé les porteurs de capitaux de s’abstenir d’y participer.

La reconstruction de l’Ukraine va nécessiter quelques 500 milliards de dollars, selon le premier ministre ukrainien, Denys Chmyhal.

La France s’est dire prête à assurer la relève, en lançant un nouveau fonds, mais encore faut-il que ce pays endetté à hauteur de 110% de son Pib puisse convaincre qui que ce soit de miser sur une Ukraine perdante et probablement aussi démembrée de ces régions les mieux dotées en ressources naturelles.

Les entreprises allemandes, pour leur part, craignent qu’un éventuel rétablissement du service militaire obligatoire ne les prive d’une part de la main d’œuvre dont ils ont besoin pour fonctionner. Il est à noter que l’armée allemande peine à convaincre les jeunes allemands de rejoindre ses rangs.

« Le sale boulot »

Mais il est vrai que pour un pays dont le chancelier, Friedrich Merz, a déclaré que « Israël et l’Ukraine accomplissaient le sale boulot pour l’Allemagne et l’Europe », le sort de l’économie allemande, déjà en récession, ou le niveau de vie de la population, qui ne manquerait pas de baisser suite au détournement d’une partie des dépenses sociales vers l’acquisition d’armes, est totalement occulté par l’aveuglement idéologique.

Moins les pays européens pèseront sur les affaires de ce monde, comme ce fut le cas pendant quatre siècles, plus leurs dirigeants vont vociférer et se tortiller sur la scène publique internationale, dans le vain espoir de continuer à exister en tant qu’acteurs influents plutôt que de simples contributeurs à la puissance américaine, sans voix au chapitre.

Israël et l’Iran, pour leur part, ne font même pas semblant d’écouter les pays européens. Tel-Aviv et Téhéran s’adressent directement à Washington.

Il fut, une fois, la puissance européenne…    




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Mardi 8 Juillet 2025
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