La diplomatie marocaine, un exemple de confiance affirmée, témoigne d’une résolution affichée sans complexe devant toute épreuve.
À l’ONU, par exemple, la proposition marocaine d’autonomie dans le dossier du Sahara est devenue une référence normative, acceptée par la quasi-totalité des partenaires internationaux. Ce succès diplomatique illustre parfaitement la maxime. Convaincu de sa justesse, le Maroc n’a pas eu besoin de recourir à des démonstrations excessives pour imposer sa position.
Le pragmatisme, la patience, l'endurance et la détermination sont les maîtres mots dans ce dossier. Aujourd’hui, le ministre Bourita ou encore Omar Hilal, ambassadeur du Royaume auprès de l'ONU, sont même perçus comme des stars et sont sollicités en tant que tels à chaque apparition publique, tellement ils sont convaincants et crédibles. Mais est-ce le cas pour tous les domaines et secteurs ?
Au-delà de la question du Sahara Marocain, le Royaume déploie une diplomatie économique et parlementaire active, tissant un réseau d’alliances solides en Afrique, en Europe, au Moyen-Orient, et progressivement en Amérique latine et en Asie.
Mais au-delà, le Maroc endure un paradoxe étonnant. Son défi intérieur le plus urgent est de reconquérir, peut-être même de construire, la confiance de sa jeunesse. Une confiance en elle même avant tout et celle en le pays aussi.
Cette confiance affichée à l’extérieur et perçue positivement en interne, contraste avec l’impatience et le scepticisme d’une partie de la jeunesse marocaine vis-à-vis d'autres aspects de la vie. Face aux défis socio-économiques tels que le chômage, la précarité et la lenteur des réformes, telles qu’elles sont perçues, de nombreux jeunes expriment un profond doute quant à leur avenir.
A côté de la faiblesse endémique de la communication, de la pauvreté de l'argumentaire, de l'apathie des médias officiels, du superflu de bons nombre parmi les autres, les jeunes subissent souvent aussi un discours nihiliste relayé par certaines voix médiatiques ou réseaux sociaux, qui mine leur confiance et alimente leur désengagement et leur fatalisme.
Ce paradoxe d'un État sûr de lui-même sur la scène mondiale mais qui doit sans cesse convaincre en interne est au cœur de la situation. Malgré les efforts gouvernementaux pour améliorer l’emploi et les services publics, des manifestations individuelles ou collectives récurrentes reflètent ce malaise. le déficit en confiance civique et chronique.
Comment le Maroc peut-il alors raviver la foi commune et faire évoluer ce paradigme?
L'allégement de certaines règlementations en matière de fiscalité, de change, de commerce électronique, de fonctionnement des entreprises et de monnaies numériques ouvriraient sans doute quelques horizons pour cette jeunesse connectée, avide de réussite.
Cela augmenterait sans doute aucun ce capital confiance tant recherché, aujourd'hui crucial. Pourquoi ne pas prendre de suite les mesures que l'on va fatalement prendre dans dix ans ? Alors, il sera trop tard. Les jeunes marocains veulent entreprendre et vivre au rythme du monde.
La maxime « Celui qui croit en lui-même n’a pas besoin de convaincre les autres » deviendrait ainsi un appel à réinventer le lien entre l’État et la jeunesse: créer une énergie collective de confiance, non seulement manifestée à l’extérieur, mais aussi vécue et ressentie à l’intérieur, afin de bâtir un avenir partagé.
C'est ce qui semble aujourd'hui entamé.
La possibilité pour les jeunes de se représenter aux élections sans appartenance à un parti, ainsi que le soutien financier promis aux jeunes non partisans, sont autant de coups de fouet à la léthargie qui s'était durablement installée dans la vie politique marocaine.
La messe est dite : ou les partis politiques s’ouvre à la jeunesse, ou ils sont condamnés à n’occuper que des strapontins. Si les jeunes s'engagent, alors ils participeront aux changement dont il rêve et l'imposeront. Leur niveau de confiance ne s'en trouvera qu'augmenté.
Maintenant, attendons les débats au parlement qui fixera tout cela. C’est un critère important: pour une fois, on aura une loi adoptée avec environ neuf mois d’avance avant les élections. Pourvu que personne ne mette de bâton dans la roue.
Ce n’est qu’ainsi que la confiance sera construite, comme un socle transparent, inclusif, participatif, et pérenne.
PAR AZIZ DAOUDA/BLUWR.COM