Le Maroc et la Coupe du monde 2030 : enjeux et perspective


Rédigé par le Jeudi 12 Octobre 2023

Partagée entre six nations, incluant le Maroc, et trois continents, la proposition de la Coupe du Monde 2030 suscite des réactions critiques, bien que certains points méritent d'être débattus.



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Après la CAN, le Mondial. Pour le Maroc, les succès s'accumulent comme le fruit mûr de leur labeur acharné. Comme mentionné précédemment, il est essentiel d'inclure les réussites sportives dans cette quête incessante d'excellence et de dévouement.

Après ses performances exceptionnelles au Qatar, le Maroc a rejoint l'élite des nations ayant atteint les demi-finales d'une Coupe du Monde. Il est désormais impossible d'ignorer sa candidature. En outre, en plus de ses atouts spécifiques que nous ne détaillerons pas ici, l'alliance avec l'Espagne et le Portugal s'est avérée être une idée judicieuse, non seulement d'un point de vue marketing.

L'approbation de la FIFA pour cette candidature à trois pays repose sur la symbolique puissante de l'union entre le Nord et le Sud, mais surtout sur la cohérence qu'elle représente. Ces trois nations partagent une synchronicité temporelle remarquable (presque aucun décalage horaire), une proximité géographique (des distances très courtes à parcourir) et une harmonie climatique.

En comparaison, la Coupe du Monde 2026, prévue en Amérique (États-Unis, Canada, Mexique), malgré les apparences, ne démontre pas la même cohérence. Ces trois pays représentent chacun un continent distinct, avec des décalages horaires importants et parfois des variations climatiques significatives. De plus, il y a d'immenses distances à parcourir. Pour les équipes nationales et les supporters, il sera plus simple et plus pratique de voyager du Maroc à l'Espagne et au Portugal que du Mexique au Canada et aux États-Unis.

Il est important de rappeler ceci, car il y a actuellement des critiques concernant la décision prise pour le Mondial 2030. Mettons de côté les personnes jalouses habituelles (devinez qui?), ainsi que les pessimistes, et concentrons-nous sur les autres pour écouter leurs arguments (pour ceux qui en ont).

Ils évoquent le problème du décalage horaire. Cependant, cet argument ne s'applique pas au trio Maroc – Espagne – Portugal, mais plutôt aux trois pays d'Amérique du Sud (Argentine – Uruguay – Paraguay). Cela dit, il est à noter que ces trois nations d'Amérique du Sud ne sont prévues pour accueillir que trois matchs au total. Bien que les rencontres précises ne soient pas encore déterminées, il est probable que la FIFA choisira des matchs opposant des équipes américaines pour atténuer les effets du décalage horaire.

La FIFA justifie la tenue de ces trois matchs en Amérique du Sud en raison du centenaire de la Coupe du Monde en 2030. En effet, la toute première édition de la Coupe du Monde, en 1930, s'était déroulée en Uruguay. C'est pourquoi la décision a été prise d'accorder à ce pays, ainsi qu'à ses voisins, la possibilité d'accueillir un match du Mondial 2030 en commémoration de cet événement historique.

Un autre argument soulevé est celui de la fragmentation de l'identité de la Coupe du Monde, étant donné que l'édition 2030 sera partagée entre six pays et trois continents. Cet argument est valable, mais ouvre la voie à la discussion. En effet, en 2002, la Coupe du Monde s'était déjà déroulée entre deux pays (Corée – Japon). De plus, en 2008, l'Euro avait été attribué conjointement à la Suisse et à l'Autriche. Il est également à noter que le prochain Mondial, comme nous l'avons mentionné précédemment, se tiendra sur trois vastes pays.

Est-ce inévitable ? Autrement dit, les futures éditions de la Coupe du Monde seront-elles invariablement destinées à se dérouler dans plusieurs pays ? C'est une possibilité à considérer.

À partir de 2026, le nombre d'équipes en compétition passera de 32 à 48. Avec 12 groupes de 4 équipes et un tour de matchs éliminatoires supplémentaire (16ème de finale), cela représente un total impressionnant de 104 matchs à jouer. C'est une augmentation significative. Les équipes qui parviendront jusqu'à la finale, tout comme le Maroc au Qatar, devront donc disputer un match supplémentaire (8 au lieu de 7).

La rallonge ne concerne pas seulement les matchs, mais aussi le nombre de supporters, la durée des séjours, la sollicitation des réseaux routiers, des structures d’accueil, des dispositifs de sécurité, etc. Un seul pays sera-t-il en mesure de porter tout ce poids.

Les critiques semblent donc être en retard par rapport à une évolution majeure. Depuis l'arrivée de Gianni Infantino, la FIFA a clairement adopté la politique du "plus de matchs". Cela affecte non seulement la Coupe du Monde, mais également d'autres compétitions pour les équipes nationales et les clubs, en Europe et ailleurs. Le projet d'Infantino a toujours été axé sur l'idée d'augmenter le nombre de matchs, de diversifier les compétitions, et d'adopter une approche "inclusive" visant à impliquer davantage de nations dans l'organisation.

En conclusion, les raisons de se plaindre auraient dû se manifester au moment de l'élection du dirigeant actuel, plutôt qu'aujourd'hui.


Salma LABTAR




Journaliste sportive et militante féministe, lauréate de l'ISIC En savoir plus sur cet auteur
Jeudi 12 Octobre 2023
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