Le Maroc mise sur le dessalement : 1,7 milliard m³ visés à l’horizon 2030


Rédigé par Lycha Jaimssy MBELE le Vendredi 5 Décembre 2025

Après sept années d’aridité persistante, le Royaume engage un tournant stratégique : recourir massivement à l’eau de mer pour sécuriser l’approvisionnement en eau potable, irriguer l’agriculture et soutenir l’industrie. L’objectif est ambitieux : produire 1,7 milliard de m³ d’eau dessalée par an d’ici 2030, assurant potentiellement 60 % des besoins en eau potable.



Le plan dévoilé par le ministre de l’Équipement et de l’Eau prévoit un triptyque : expansion du parc existant, lancement de nouvelles usines, et recours systématique aux énergies renouvelables pour alimenter le procédé de dessalement. À ce jour, le Maroc opère 17 usines produisant environ 345–350 millions m³/an, et quatre nouvelles sont en cours de construction, pour une capacité supplémentaire estimée à 540–567 millions m³ d’ici 2027. 
 

Un projet d’envergure est prévu près de Tiznit : pour un investissement annoncé d’environ 10 milliards de dirhams, l’usine devra produire 350 millions de m³/an, afin d’alimenter les zones urbaines et agricoles du sud du pays. 
 

L’eau dessalée, décrite comme un « filet de sécurité », apparaît comme la réponse la plus crédible face à l’épuisement des nappes phréatiques, à l’incertitude des précipitations et à la pression du secteur agricole qui représente près de 12 % du PIB national. 
 

Mais au-delà des chiffres, ce plan comporte des défis majeurs. Le coût du dessalement reste élevé tant en investissement initial qu’en énergie consommée. C’est pourquoi le Maroc mise sur les énergies renouvelables pour alimenter les usines et limiter l’empreinte carbone, tout en contrôlant les coûts à long terme. 
 

La logique est claire : sécuriser l’accès à l’eau potable pour les populations, mais aussi préserver la productivité agricole, soutenir les exportations de produits frais, et garantir la stabilité sociale. Dans les zones rurales, cela pourrait limiter les migrations forcées liées à la sécheresse, atténuer les tensions sur l’eau et renforcer la résilience des communautés.
 

Pour autant, ce pari doit être mené avec rigueur. La réussite dépend de la mise en œuvre effective des projets, du respect des délais, de la qualité des installations, et de la gestion des impacts environnementaux notamment le traitement des saumures rejetées en mer, la consommation énergétique, et la répartition équitable de l’eau sur l’ensemble du territoire.

Le dessalement peut être la clé d’une sécurité hydrique durable pour le Maroc, à condition que la vision annoncée ne reste pas un simple plan. Entre ambition et réalité, le Royaume doit maintenant concrétiser. Si les usines voient le jour, si les énergies renouvelables soutiennent le processus, et si la gouvernance suit, cette stratégie pourrait transformer la sécheresse en opportunité pour l’eau, pour l’agriculture, et pour l’avenir du pays.





Vendredi 5 Décembre 2025
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