Charges en hausse, ressources incertaines : une impasse budgétaire en vue pour le PLF 2025
Le Projet de Loi de Finances (PLF) 2025, présenté comme le moteur de la relance économique marocaine, s’avère être, à bien des égards, une tentative audacieuse mais dangereuse de gonfler l’économie par une augmentation inconsidérée des charges et un recours excessif à l’emprunt. Derrière les promesses de développement, de relance et de soutien social, ce projet soulève de graves interrogations sur la viabilité de ses hypothèses et l’impact à long terme sur les finances publiques et les générations futures.
L'augmentation de 13 % des charges de l'État, qui atteint 721,3 milliards de dirhams (MMDH) en 2025, semble à première vue justifiée par les besoins de financement des réformes économiques et sociales. Pourtant, cette hausse massive suscite de vives préoccupations concernant l'endettement croissant de l’État et sa capacité à faire face à des obligations financières toujours plus lourdes.
Le PLF 2025 table sur une augmentation des dépenses de fonctionnement de près de 14,87 %. En particulier, les dépenses liées au personnel augmentent de 11,54 %, atteignant 180,3 MMDH. Le gouvernement veut ainsi améliorer les conditions salariales dans certains secteurs clés. Cependant, cette stratégie s’apparente davantage à une surenchère salariale déconnectée de réelles réformes structurelles de ces secteurs. L’augmentation des charges communes de 38,17 %, par exemple, ne semble pas être justifiée par des gains d’efficacité, mais par une mauvaise gestion et une centralisation excessive.
Il est impératif de rappeler que cette hausse des charges n’est pas soutenable dans un contexte où les ressources fiscales du pays peinent à croître au même rythme que ses dépenses. Si ces tendances persistent, le risque d'une impasse budgétaire devient inévitable, forçant le gouvernement à intensifier les emprunts, creusant ainsi davantage le déficit public.
Bien que le gouvernement se félicite d’une augmentation de 14,4 % des ressources de l’État, qui atteindront 657,8 MMDH en 2025, cette hausse n’est pas aussi prometteuse qu’elle en a l’air. En effet, elle repose en grande partie sur une augmentation des recettes fiscales, notamment les impôts directs (IR, IS) et indirects (TVA, TIC).
Or, cette dépendance accrue à la fiscalité est risquée dans un contexte où la consommation intérieure est déjà affaibli par la hausse des prix, et où le secteur informel continue de représenter une part importante de l'économie. La capacité du gouvernement à collecter ces impôts, malgré les efforts pour lutter contre la fraude fiscale, est donc limitée. Par ailleurs, l’augmentation des impôts risque de peser encore davantage sur les classes moyennes et les petites entreprises, freinant la consommation et l’investissement.
Les emprunts à moyen et long terme, prévus à hauteur de 125 MMDH, ne sont pas non plus une solution durable. Le Maroc s'engage ainsi dans une spirale d'endettement, sans garantie de rentabilité immédiate des projets financés, comme les infrastructures et les programmes sociaux. L’accumulation de la dette est non seulement un lourd fardeau pour les générations futures, mais elle expose aussi le pays à des conséquences graves en cas de dégradation des conditions économiques internationales.
L’augmentation de 8,82 % des dépenses d’investissement, atteignant 128,5 MMDH, est présentée comme le moteur de la croissance économique. Cependant, cette approche est à nuancer. La majorité de ces investissements concerne des projets d'infrastructures de long terme, dont l’impact sur la croissance à court terme est limité.
Les crédits de report, qui s’élèvent à 12 MMDH, traduisent une mauvaise gestion des budgets alloués aux projets en cours, car il s’agit de sommes non dépensées en 2024. Cela indique une incapacité chronique à dépenser efficacement les fonds publics, notamment dans des secteurs comme l’éducation et la santé, qui continuent pourtant de souffrir de sous-investissements.
Le gouvernement ambitionne également d’engager 71 MMDH pour les projets futurs, mais cet optimisme est tempéré par les retards habituels dans la mise en œuvre des grands projets publics. Les résultats concrets de ces investissements se feront attendre, alors que les obligations de remboursement de la dette s’accumulent rapidement, est-ce un soucis de priorisation?
Avec un service de la dette atteignant 62,1 MMDH, dont 45,1 MMDH uniquement pour les intérêts et commissions, le Maroc consacre une part croissante de ses ressources au financement et à la gestion de son endettement. Cette situation, loin d’être gérable comme le prétend le gouvernement, peut rapidement devenir un frein à la relance économique.
Alors que la dette publique marocaine continue de croître, le PLF 2025 ne propose aucune mesure concrète pour inverser cette tendance. Le simple fait de maintenir une discipline budgétaire en augmentant les recettes fiscales ne suffit pas à contenir cette hausse alarmante de l'endettement. Une réforme fiscale profonde et une réduction drastique des dépenses non essentielles sont indispensables pour soulager le budget de l’État.
Le PLF 2025 prévoit un besoin résiduel de financement de 63,5 MMDH. Ce chiffre est d’autant plus préoccupant que le gouvernement semble sous-estimer les coûts réels des projets engagés, tout en surestimant les revenus futurs. Le recours aux emprunts pour combler ce besoin est non seulement risqué mais également révélateur d’une gestion financière qui pourrait être à la fois insoutenable et inefficiente.
Le gouvernement défend une vision où l'emprunt servirait à financer des projets « structurants ». Pourtant, certains observateurs n'y voit qu’un terme évasif pour justifier l’endettement massif, sans réelle considération des bénéfices économiques tangibles à court terme. Le modèle actuel favorise un endettement croissant sans plan concret pour sortir de cette spirale.
En l’absence de véritables mesures de justice fiscale, la politique budgétaire actuelle ne pourra que creuser les inégalités sociales. L’augmentation des recettes fiscales ne peut être une solution durable si elle se fait au détriment des citoyens les plus vulnérables.
In fine, le PLF 2025, présenté comme un instrument de relance et de modernisation, est en réalité un projet profondément déséquilibré qui pourrait exposer le Maroc à des risques financiers importants. La hausse des charges et des emprunts, loin de stimuler une croissance durable, risque de conduire le pays vers une impasse budgétaire. Une réforme structurelle des finances publiques, associée à une gestion rigoureuse des investissements, est indispensable pour assurer un avenir économique stable et prospère.
L'augmentation de 13 % des charges de l'État, qui atteint 721,3 milliards de dirhams (MMDH) en 2025, semble à première vue justifiée par les besoins de financement des réformes économiques et sociales. Pourtant, cette hausse massive suscite de vives préoccupations concernant l'endettement croissant de l’État et sa capacité à faire face à des obligations financières toujours plus lourdes.
Le PLF 2025 table sur une augmentation des dépenses de fonctionnement de près de 14,87 %. En particulier, les dépenses liées au personnel augmentent de 11,54 %, atteignant 180,3 MMDH. Le gouvernement veut ainsi améliorer les conditions salariales dans certains secteurs clés. Cependant, cette stratégie s’apparente davantage à une surenchère salariale déconnectée de réelles réformes structurelles de ces secteurs. L’augmentation des charges communes de 38,17 %, par exemple, ne semble pas être justifiée par des gains d’efficacité, mais par une mauvaise gestion et une centralisation excessive.
Il est impératif de rappeler que cette hausse des charges n’est pas soutenable dans un contexte où les ressources fiscales du pays peinent à croître au même rythme que ses dépenses. Si ces tendances persistent, le risque d'une impasse budgétaire devient inévitable, forçant le gouvernement à intensifier les emprunts, creusant ainsi davantage le déficit public.
Bien que le gouvernement se félicite d’une augmentation de 14,4 % des ressources de l’État, qui atteindront 657,8 MMDH en 2025, cette hausse n’est pas aussi prometteuse qu’elle en a l’air. En effet, elle repose en grande partie sur une augmentation des recettes fiscales, notamment les impôts directs (IR, IS) et indirects (TVA, TIC).
Or, cette dépendance accrue à la fiscalité est risquée dans un contexte où la consommation intérieure est déjà affaibli par la hausse des prix, et où le secteur informel continue de représenter une part importante de l'économie. La capacité du gouvernement à collecter ces impôts, malgré les efforts pour lutter contre la fraude fiscale, est donc limitée. Par ailleurs, l’augmentation des impôts risque de peser encore davantage sur les classes moyennes et les petites entreprises, freinant la consommation et l’investissement.
Les emprunts à moyen et long terme, prévus à hauteur de 125 MMDH, ne sont pas non plus une solution durable. Le Maroc s'engage ainsi dans une spirale d'endettement, sans garantie de rentabilité immédiate des projets financés, comme les infrastructures et les programmes sociaux. L’accumulation de la dette est non seulement un lourd fardeau pour les générations futures, mais elle expose aussi le pays à des conséquences graves en cas de dégradation des conditions économiques internationales.
L’augmentation de 8,82 % des dépenses d’investissement, atteignant 128,5 MMDH, est présentée comme le moteur de la croissance économique. Cependant, cette approche est à nuancer. La majorité de ces investissements concerne des projets d'infrastructures de long terme, dont l’impact sur la croissance à court terme est limité.
Les crédits de report, qui s’élèvent à 12 MMDH, traduisent une mauvaise gestion des budgets alloués aux projets en cours, car il s’agit de sommes non dépensées en 2024. Cela indique une incapacité chronique à dépenser efficacement les fonds publics, notamment dans des secteurs comme l’éducation et la santé, qui continuent pourtant de souffrir de sous-investissements.
Le gouvernement ambitionne également d’engager 71 MMDH pour les projets futurs, mais cet optimisme est tempéré par les retards habituels dans la mise en œuvre des grands projets publics. Les résultats concrets de ces investissements se feront attendre, alors que les obligations de remboursement de la dette s’accumulent rapidement, est-ce un soucis de priorisation?
Avec un service de la dette atteignant 62,1 MMDH, dont 45,1 MMDH uniquement pour les intérêts et commissions, le Maroc consacre une part croissante de ses ressources au financement et à la gestion de son endettement. Cette situation, loin d’être gérable comme le prétend le gouvernement, peut rapidement devenir un frein à la relance économique.
Alors que la dette publique marocaine continue de croître, le PLF 2025 ne propose aucune mesure concrète pour inverser cette tendance. Le simple fait de maintenir une discipline budgétaire en augmentant les recettes fiscales ne suffit pas à contenir cette hausse alarmante de l'endettement. Une réforme fiscale profonde et une réduction drastique des dépenses non essentielles sont indispensables pour soulager le budget de l’État.
Le PLF 2025 prévoit un besoin résiduel de financement de 63,5 MMDH. Ce chiffre est d’autant plus préoccupant que le gouvernement semble sous-estimer les coûts réels des projets engagés, tout en surestimant les revenus futurs. Le recours aux emprunts pour combler ce besoin est non seulement risqué mais également révélateur d’une gestion financière qui pourrait être à la fois insoutenable et inefficiente.
Le gouvernement défend une vision où l'emprunt servirait à financer des projets « structurants ». Pourtant, certains observateurs n'y voit qu’un terme évasif pour justifier l’endettement massif, sans réelle considération des bénéfices économiques tangibles à court terme. Le modèle actuel favorise un endettement croissant sans plan concret pour sortir de cette spirale.
Par ailleurs, le PLF 2025 ne propose aucune réforme fiscale majeure pour garantir une redistribution plus équitable des richesses. Les contribuables des classes moyennes et inférieures sont encore et toujours ceux qui supportent le poids de la fiscalité, alors que les grandes entreprises bénéficient de nombreuses exonérations fiscales, notamment dans les zones franches.
En l’absence de véritables mesures de justice fiscale, la politique budgétaire actuelle ne pourra que creuser les inégalités sociales. L’augmentation des recettes fiscales ne peut être une solution durable si elle se fait au détriment des citoyens les plus vulnérables.
In fine, le PLF 2025, présenté comme un instrument de relance et de modernisation, est en réalité un projet profondément déséquilibré qui pourrait exposer le Maroc à des risques financiers importants. La hausse des charges et des emprunts, loin de stimuler une croissance durable, risque de conduire le pays vers une impasse budgétaire. Une réforme structurelle des finances publiques, associée à une gestion rigoureuse des investissements, est indispensable pour assurer un avenir économique stable et prospère.
Si j"étais parlementaire de l'opposition, j'aurai posé ces 5 questions à Madame la Ministre des finances
Monsieur le Ministre, face à l'augmentation de 13 % des charges de l'État et au recours massif aux emprunts, comment justifiez-vous cette stratégie d’endettement croissant sans garantie de rentabilité immédiate des projets financés, sachant que cela pourrait compromettre l'avenir économique du Maroc et grever les générations futures ? Le PLF 2025 prévoit une hausse significative des dépenses de fonctionnement, notamment des dépenses liées au personnel, sans véritables réformes structurelles. Ne pensez-vous pas que cette augmentation, déconnectée de gains d'efficacité, pourrait conduire à une impasse budgétaire en accroissant la pression sur les finances publiques déjà fragiles ? L'augmentation des recettes fiscales repose en grande partie sur des impôts directs et indirects, ce qui risque d'alourdir la charge des classes moyennes et des petites entreprises. Ne craignez-vous pas que cette stratégie freine la consommation et l'investissement, compromettant ainsi la relance économique que vous souhaitez stimuler ? Avec un service de la dette atteignant 62,1 MMDH, dont 45,1 MMDH en intérêts et commissions, comment le gouvernement prévoit-il d'éviter que cette gestion de la dette ne devienne un obstacle majeur à la croissance économique, surtout en cas de dégradation des conditions économiques internationales ? Malgré l'augmentation des recettes de l'État, le secteur informel demeure une part importante de l’économie. Quelles mesures concrètes le gouvernement envisage-t-il pour élargir l’assiette fiscale, lutter contre l’évasion et la fraude fiscale, et éviter une trop grande dépendance aux impôts sur les classes moyennes et les petites entreprises ?