Le Polisario lâché par l'extrême gauche espagnole


Rédigé par Jamal HAJJAM le Mardi 31 Octobre 2023

Les socialistes espagnols conduits par le Premier ministre sortant, Pedro Sanchez, ont scellé, mardi 24 octobre au terme de longues tractations, un accord de coalition avec la formation de gauche radicale Sumar, conduite par sa cheffe de file Yolanda Diaz, ministre du Travail en exercice. Cet accord constitue une étape indispensable pour la reconduction au pouvoir de Pedro Sanchez, sous condition toutefois de faire rallier les indépendantistes Catalans pour pouvoir enfin dégager une nette majorité gouvernementale.



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Par Jamal Hajjam

Les socialistes espagnols conduits par le Premier ministre sortant, Pedro Sanchez, ont scellé, mardi 24 octobre au terme de longues tractations, un accord de coalition avec la formation de gauche radicale Sumar, conduite par sa cheffe de file Yolanda Diaz, ministre du Travail en exercice. Cet accord constitue une étape  indispensable pour la reconduction au pouvoir de Pedro Sanchez, sous condition toutefois de faire rallier  les indépendantistes Catalans pour pouvoir enfin dégager une nette majorité gouvernementale.

L’accord de coalition qualifié par Sanchez de "programmatique”, qui doit servir de cadre à la prochaine législature -le document de 48 pages contient quelque 230 mesures- brille dans sa section réservée à la politique étrangère par l’absence de toute mention de la question du Sahara marocain, dit occidental, au grand dam du Polisario, classiquement protégé et défendu par les différentes composantes de la formation d’extrême gauche Sumar.

Cette dernière n’a tout simplement pas exigé un changement de position de l'Espagne dans l’affaire du Sahara et c’est en soi une évolution de taille, doublée d’un réalisme évident.

C’est surtout un véritable revers pour le mouvement séparatiste du polisario qui se voit de plus en plus abandonné par ses soutiens autrefois inconditionnels et qui constate, à chaque fois avec beaucoup d’amertume, qu’il est “sacrifié” sur l’autel du pragmatisme et de la réalpolitique. 

Une “trahison !” s’est écrié le front séparatiste par la voix de son représentant en Espagne qui s’en est pris violemment dans un communiqué à la coalition Sumar pour avoir “abandonnée la cause sahraouie”. Le Polisario qualifie l’attitude de Sumar “d’abandon” et “d’incohérence manifeste” par rapport au programme avec lequel la formation radicale espagnole s’était présentée aux élections générales en juillet dernier.

Il est vrai que dans son élan électoraliste et afin de rassurer ses électeurs traditionnellement pro-polisario,  Yolanda Diaz avait promi, en cas de maintien de sa formation au pouvoir, de tout mettre en oeuvre pour “renverser” la position de l’Espagne au sujet du Sahara. Autrement dit, pour faire révoquer le soutien clair et sans équivoque de l’Espagne officielle au plan d’autonomie marocain.

Elle avait aussi promi la défense par le gouvernement espagnol du “droit à l’autodétermination” des polisariens. Une simple promesse électoraliste dépourvue d’assise sérieuse, qui a vite fait de passer à la trappe, la position de l’Espagne étant de l’ordre du stratégique qui ne peut être soumise aux calculs politiciens. 

 

Naîf et habitué à être défendu par des formations politiques de gauche qui n’ont pas encore mis la main dans la patte de la gestion des affaires et intérêts de leur pays, le Polisario est vite passé de la position de “protégé” à celle de boulet dont il faut se débarasser. Désorienté, il va jusqu’à accuser Sumar de “complicité” dans le changement majeur de la politique espagnole au Sahara et de “ ralliement aux positions marocaines”. 

Voilà qui scelle en tout cas l’isolement de plus en plus profond du polisario dans une Espagne autrefois propice à ses thèses, mais aujourd’hui plus pragmatique et surtout plus soucieuse de ses propres intérêts stratégiques. 

A rappeler au volet de la dynamique politique en cours en Espagne, que les socialistes sont arrivés en deuxième position lors des législatives du 23 juillet derrière le PP d’Alberto Nunez Feijoo. Mais ce dernier, sans majorité absolue, n’a pas réussi à former une coalition, ouvrant la voie à la formation d’un nouveau gouvernement de gauche.

La reconduction au pouvoir de Pedro Sanchez reste toutefois conditionnée à l’appui de plusieurs partis indépendantistes, avec en tête les deux partis séparatistes Catalans, Junts per Catalunya (JxCat) et la Gauche républicaine de Catalogne (ERC). Quant à Bildu, considéré comme l’héritier de la vitrine politique de l’organisation basque armée ETA, ce parti a déjà fait savoir qu’il voterait pour Sanchez afin de faire barrage à la droite.

Rédigé par Jamal Hajjam



 




Mardi 31 Octobre 2023
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