Le Soft Power marocain à l’épreuve du Mondial 2030


Rédigé par le Mercredi 28 Mai 2025

Le Maroc a bien compris que les enjeux internationaux ne se jouent pas uniquement dans les couloirs des ministères ou au sein des grandes institutions, mais également sur le terrain de l’image. C’est dans cette optique que le Royaume cherche à renforcer son soft power, en misant notamment sur l’organisation de la Coupe du Monde de football en 2030, selon une analyse de l’Institut espagnol El Cano.



L’étude revient sur les fondements de la stratégie marocaine en matière d’influence douce, et souligne le rôle central que pourrait jouer cet événement sportif mondial pour promouvoir une image positive du pays à l’international.

La tenue de cette compétition, l’une des plus médiatisées au monde, permettra au Maroc de se positionner comme une destination touristique de premier plan, un acteur clé dans l’organisation de grands événements, un pays économiquement ouvert et promoteur d’un islam modéré et tolérant.

Les autorités marocaines, pleinement mobilisées sur les plans institutionnel et diplomatique, ont rapidement saisi l’importance de diversifier leurs outils d’influence. Ainsi, sport et culture apparaissent comme des leviers stratégiques pour soigner l’image du Royaume.

Selon l’analyse, la stratégie de soft power marocaine s’articule autour de plusieurs axes : renforcer sa position sur la scène régionale et continentale en matière de tourisme, avec un objectif de 26 millions de visiteurs à l’horizon 2030 contre 17,4 millions en 2024 ; valoriser les réformes sociétales, comme celles du Code de la famille en 2004 et 2024, pour mettre en avant la défense des droits des femmes ; et promouvoir un modèle religieux tolérant.

L’Institut rappelle que la candidature marocaine pour accueillir la Coupe du Monde n’est pas nouvelle : c’est le fruit d’un long engagement, marqué par cinq tentatives au cours des trente dernières années. L’obtention de la co-organisation du Mondial 2030 avec l’Espagne et le Portugal est donc perçue comme une récompense de cette persévérance.

Ce projet a également suscité un engouement populaire inédit, créant une réelle communion entre les citoyens et les institutions. Il incarne l’ambition du Maroc de faire ses débuts internationaux en tant que pays capable d’organiser un événement d’envergure avec sérieux et professionnalisme.

Sur le plan logistique, le pays mobilisera six villes hôtes (Tanger, Rabat, Fès, Casablanca, Marrakech et Agadir), et investira 5,1 milliards de dollars pour préparer l’événement, dont 1,2 milliard alloués aux infrastructures.

Pour l’Institut El Cano, cet effort permettra au Maroc de projeter l’image d’une nation moderne, ambitieuse et fiable. L’organisation de grands événements sportifs est devenue l’un des moyens les plus visibles de mettre en œuvre une stratégie de soft power par l’influence et la séduction.

Enfin, cette dynamique devrait également renforcer la politique étrangère du Royaume, notamment en consolidant sa position sur des dossiers stratégiques comme celui du Sahara. L’analyse conclut que le Maroc combine intelligemment soft power et hard power pour servir ses intérêts, et que l’amélioration de sa perception internationale — comme pays moderne, tolérant et en pleine émergence — constitue l’un de ses objectifs majeurs à long terme.


Coupe du Monde, Maroc, Soft power, Strategie





Journaliste sportive et militante féministe, lauréate de l'ISIC. Dompteuse de mots, je jongle avec… En savoir plus sur cet auteur
Mercredi 28 Mai 2025
Dans la même rubrique :