Le Zona : quand un virus endormi se réveille et transforme le corps en champ de bataille


Le zona est l’une de ces maladies qui surprennent par leur brutalité. Violent, douloureux, souvent inquiétant, il apparaît comme une attaque soudaine. Pourtant, il s’agit en réalité d’une histoire ancienne, un retour du passé.

Car le zona est la conséquence directe d’une infection que la grande majorité d’entre nous a contractée dans l’enfance : la varicelle.



Lorsque l’on contracte la varicelle, le virus varicelle-zona (VZV) envahit le corps, se propage via la peau, provoque les vésicules caractéristiques, puis disparaît… du moins en apparence.

Car le VZV n’est pas éliminé : il s’installe discrètement dans les ganglions nerveux, le long de la moelle épinière ou du trijumeau. Il ne bouge plus, ne se multiplie plus, ne s’exprime plus. Il entre dans une forme de sommeil viral qu’on appelle la latence.

Ce stade peut durer 20, 40, 60 ans. Puis un jour, le virus s’éveille. Pourquoi maintenant ? Pourquoi cette personne et pas une autre ?

C’est là que la science devient fascinante. La réactivation du VZV est intimement liée à l’état du système immunitaire cellulaire; celui qui empêche les virus dormants de reprendre vie. Avec l’âge, cette immunité diminue naturellement.

Le stress chronique l’affaiblit. La fatigue prolongée, les traumatismes, les maladies comme le VIH, certains traitements immunosuppresseurs ou même des infections sévères peuvent réduire cette surveillance immunitaire.

Dès que la défense baisse, le virus retrouve l’occasion de se multiplier.

Le zona se manifeste d’abord par des douleurs mystérieuses :

Brûlures, démangeaisons profondes, picotements, comme une ligne en feu sous la peau. Ces douleurs suivent toujours un trajet précis : celui d’un nerf. Quelques jours plus tard, des vésicules apparaissent, groupées et alignées sur ce même trajet nerveux, souvent sur le torse, parfois sur le visage ou le cou.

Cette localisation unilatérale, jamais des deux côtés, est l’une des signatures absolues du zona. Le problème majeur n’est pas seulement l’éruption : c’est la douleur nerveuse. Le virus, en se réactivant, provoque une inflammation du nerf, ce qui perturbe la transmission des signaux.

Tout devient exagéré : le frottement d’un vêtement peut devenir insupportable, la peau peut brûler au simple toucher.

Cette douleur peut persister même lorsque les lésions cutanées ont disparu : on parle alors de névralgie post-zostérienne. C’est l’une des douleurs chroniques les plus redoutées.

Mais le zona est également révélateur d’un état global de santé.

Les études des dix dernières années ont démontré un lien entre la réactivation du VZV et un stress oxydatif élevé, un manque de sommeil chronique, un déséquilibre du microbiote ou encore certaines périodes hormonales fragilisantes.

Le zona, en quelque sorte, est un miroir : il montre que le corps est sous pression. Heureusement, les traitements actuels sont efficaces mais seulement s’ils sont administrés rapidement. Les antiviraux (aciclovir, valaciclovir, famciclovir) doivent être pris dans les 72 heures suivant l’apparition des premières vésicules.

Cette fenêtre est cruciale : elle réduit la durée de la maladie, la sévérité de la douleur et le risque de complications nerveuses. Plus on agit tôt, plus le virus est bloqué avant de causer des dégâts.

La gestion de la douleur est également essentielle. Des antalgiques classiques, des traitements spécifiques pour les douleurs neuropathiques (comme la gabapentine), et parfois des crèmes anesthésiantes ou des patchs de capsaïcine sont utilisés.

Chez certains patients, surtout âgés, les douleurs peuvent persister plusieurs mois, ce qui justifie un suivi médical attentif.

La prévention est l’une des plus grandes avancées de ces dernières années.

Le vaccin contre le zona, aujourd’hui recommandé aux personnes de plus de 50 ans, stimule la mémoire immunitaire et permet au corps de garder sa surveillance active. Les études montrent une réduction significative des formes sévères et des douleurs chroniques. Le zona n’est donc pas qu’une maladie de peau. 

C’est une maladie du système nerveux, liée à un virus opportuniste qui attend simplement que la vigilance baisse. C’est aussi un indicateur de la santé immunitaire globale.

Le comprendre, c’est mieux le prévenir et c’est aussi apprendre à respecter les signaux que le corps tente d’envoyer.

Jeudi 11 Décembre 2025



Rédigé par Salma Chmanti Houari le Jeudi 11 Décembre 2025
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