Le chemin pour Damas passe par Ryad


Rédigé par le Vendredi 5 Mai 2023

Plusieurs pays arabes veulent voir la Syrie réintégrer la Ligue arabe et prendre part au 32ème sommet prévu à Ryad, le 19 mai. Rabat veut d’abord voir Damas couper ses liens avec le polisario.



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Suspendue de la Ligue arabe depuis 2011, suite au déclenchement du conflit interne qui a déchiré la Syrie, Damas peut désormais compter sur Ryad pour espérer être réadmise à l’organisation panarabe.

Cette évolution de la position de l’Arabie saoudite concernant la question syrienne découle de l’accord entre cette dernière et l’Iran pour le rétablissement de leurs relations diplomatiques, conclu sous l’égide de la Chine, le 10 mars 2023.

Pour les autorités saoudiennes, comme pour tous les observateurs du conflit syrien, non seulement la rébellion a manifestement échoué à renverser le régime de Bachar Al Assad, mais ce sont les Etats-Unis qui ont grandement perdu de leur influence au Moyen Orient.

Les intérêts géopolitiques en jeu

S’inscrivant dans la conception géopolitique de la tsarine Catherine II, qui avait déclaré que « Damas détient la clé de la maison Russie », le président Poutine a apporté un soutien militaire décisif au régime de Bachar Al Assad, l’intervention de l’armée russe dans le conflit syrien, en 2015, ayant sonné le glas des ambitions occidentales de tomber le président syrien.

La Chine, pour sa part, poursuit ses propres dessins en Asie occidentale. Comme l’antique Route de la soie, qui reliait la Chine à la Méditerranée en passant par la Syrie, l’actuel projet stratégique de Pékin baptisé « La ceinture et la route », nécessite la réhabilitation du régime syrien pour pouvoir étendre la nouvelle Route de la soie.

Décrédibilisés suite à leurs échecs militaires en Irak et en Afghanistan, le déclin de leur puissance dévoilé par l’actuelle guerre en Ukraine, les Etats-Unis ne peuvent que constater les dégâts.

La présence de troupes américaines au Nord-est de la Syrie, sans mandat de l’Onu mais s’appuyant sur les forces paramilitaires sécessionnistes kurdes, est, désormais, menacée. Damas, avec le soutien de Moscou, veut rétablir son autorité sur l’ensemble du territoire syrien.

Encombrants réfugiés syriens

La Turquie, qui ne n’apprécie pas, non plus, la protection accordée par les soldats américains aux combattants kurdes, considérés comme des terroristes et installés à ses frontières, ne verrait pas d’un mauvais œil la reprise du contrôle du Nord-est de la Syrie par le régime de Bachar.

Il est même question de négociation entre Ankara et Damas, par l’intermédiaire de Moscou, dans le but de rétablir les relations entre les deux pays. Pragmatique, le président turc Erdogan, qui ne jurait que par la chute du régime de Bachar Al Assad, serait prêt à tourner la page afin de pouvoir se débarrasser des quelques 3 millions de réfugiés syriens installés dans son pays.

Le rapatriement des réfugiés syriens est même un sujet important de la campagne pour l’élection présidentielle du 14 mai en Turquie.

Ce n’est d’ailleurs pas le seul pays de la région qui veut voir les réfugiés syriens rentrer chez eux. Les autorités libanaises adoptent des mesures de plus en plus sévères à l’encontre des 1,5 millions de Syriens présents sur leur territoire, dans le but avoué de les pousser à partir.

Absence d’unanimité

Les motivations des pays arabes soutenant le retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe ne sont pas partagées par tous les membres de l’organisation panarabe. Le Koweït, le Qatar et le Yémen estiment ce retour précoce et le lie à une solution politique au conflit syrien. L’Egypte et le Maroc ont également présenté leurs réserves.

Rabat a ses propres considérations concernant la réhabilitation du régime de Bachar Al Assad, qui diffèrent de celles de Ryad, malgré les excellentes relations entre les deux royaumes.

Pour le Maroc, la rupture de tout lien entre le régime de Damas et les miliciens du polisario est un préalable à son approbation du retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe.

Au vu des multiples et différents intérêts des pays de la région, ainsi que de la Russie et la Chine, à réintégrer la Syrie dans le concert des nations arabes, cette démarche va finir par aboutir. Mais dans quelles conditions ?

Alger court-circuitée

Le retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe se fera de manière progressive, suivant les démarches réglementaires de l’organisation panarabe à ce sujet, a récemment déclaré son secrétaire général, Ahmed Aboul Gheit.

Après avoir déployé maints efforts pour tenter, en vain, d’inviter la Syrie à participer au 31ème sommet de la Ligue arabe, qui s’est déroulé début novembre 2022 à Alger, cette dernière s’est vue tout simplement écartée par Ryad des tractations diplomatiques visant la réadmission du régime de Damas sous le giron arabe.

Que le chemin de retour de Damas à la Ligue arabe passe par Ryad, en évitant Alger, est déjà un élément positif en faveur du Maroc.




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Vendredi 5 Mai 2023
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