Le pain marocain : entre plaisir quotidien et doutes modernes
Indissociable des repas familiaux, le pain marocain accompagne tout : des tajines mijotés aux petits-déjeuners à l’huile d’olive. Khobz cuit au ferran, msemen du dimanche, batbout farci… il symbolise à la fois convivialité et enracinement.
Mais à l’heure des régimes faibles en glucides, il devient suspect : "trop de pain, c’est mauvais pour la ligne !" entend-on souvent. Faut-il s’en priver pour autant ? Pas forcément. À condition de mieux comprendre ce qu’on met dans notre assiette.
Les glucides, amis ou ennemis ?
Les glucides sont avant tout la principale source d’énergie du corps. Le cerveau, les muscles, l’ensemble de nos fonctions vitales en dépendent.
Il existe cependant deux grandes familles :
Les glucides simples (sucre blanc, produits ultra-transformés) qui provoquent des pics de glycémie.
Les glucides complexes, plus lents à digérer, présents dans les céréales, les légumineuses, et… le pain traditionnel quand il est bien fait.
Autrement dit, tous les glucides ne se valent pas. Ce qui importe, c’est leur nature, leur qualité et la façon dont on les consomme.
Zoom sur nos pains marocains : que contiennent-ils vraiment ?
Fait maison, à base de blé dur ou d’orge, il peut offrir une belle richesse en fibres et un indice glycémique plus modéré.
Mais sa version industrielle, souvent à base de farine blanche raffinée, perd ses bienfaits nutritifs et favorise les fringales rapides.
Msemen / Rghaif (مسمن / رغايف) : l’énergie feuilletée
Entre croustillant et fondant, il combine farines, semoule, huile, et parfois beurre. Riche, savoureux, mais dense en calories. À consommer avec plaisir… et modération.
Batbout / Mkhamer (بطبوط / مخامر) : la tendresse trompeuse
Moelleux et léger en apparence, il reste néanmoins un pain riche en glucides, souvent consommé farci, ce qui peut en doubler la charge calorique.
Faut-il vraiment craindre le pain marocain ?
Non, à condition d’adopter une approche équilibrée et consciente. Le problème n’est pas le pain lui-même, mais :
sa quantité,
sa qualité (type de farine, fabrication),
et ce qui l’accompagne.
Un quart de khobz avec légumes, huile d’olive et protéines n’a rien à voir avec un pain blanc consommé à la hâte, sans vraie faim.
Et notre mode de vie compte aussi : un corps actif gère mieux les glucides qu’un corps sédentaire.
Comment concilier tradition et nutrition ?
Voici quelques gestes simples pour savourer le pain marocain sans culpabilité :
Préférez les farines complètes ou semi-complètes, riches en fibres et rassasiantes.
Évitez les pains industriels aux additifs multiples.
Servez des portions adaptées : un petit morceau suffit souvent à accompagner un repas.
Equilibrez l’assiette : légumes, protéines, bon gras… le pain ne doit pas être l’unique star du repas.
Prenez le temps de manger : la mastication et la pleine conscience aident à réguler les quantités naturellement.
Cuisinez vous-même : en faisant votre pain, vous maîtrisez tout – des ingrédients aux cuissons, tout en renouant avec la tradition.
Le pain marocain : un héritage à honorer, pas à diaboliser
Le khobz, le msemen, le batbout… sont bien plus que des glucides. Ils portent une mémoire, une culture, une chaleur. Ce n’est pas leur nature qu’il faut remettre en question, mais notre manière de les intégrer à une alimentation moderne et consciente.
Alors, et si la clé n’était pas de supprimer, mais de mieux savourer ?