Le retour des allergies : pourquoi nos corps réagissent-ils à tout ?


Eczéma, asthme, intolérances alimentaires, rhinites chroniques… Autrefois considérées comme des troubles rares, les allergies sont aujourd’hui devenues un phénomène quasi banal. En ville comme à la campagne, de plus en plus de Marocains se plaignent de démangeaisons, d’irritations, de difficultés respiratoires ou de réactions alimentaires inexpliquées.
Mais que se passe-t-il vraiment dans nos corps pour qu’ils deviennent si sensibles ? Et surtout, pourquoi cette hausse spectaculaire touche-t-elle particulièrement les jeunes générations ?



Un phénomène en forte hausse au Maroc comme ailleurs

Les chiffres internationaux parlent d’eux-mêmes : selon l’OMS, les allergies concernent aujourd’hui près de 30 % de la population mondiale. Et au Maroc, les allergologues tirent eux aussi la sonnette d’alarme. Dans les grandes villes comme Casablanca, Rabat ou Marrakech, les consultations pour allergies respiratoires ou cutanées explosent.
 

Les causes sont multiples. D’abord, l’urbanisation rapide : la pollution atmosphérique, la poussière, les produits chimiques ménagers et les matériaux synthétiques irritent les voies respiratoires et la peau. Ensuite, l’alimentation moderne, souvent ultra-transformée, riche en additifs, en sucre et en graisses industrielles, fragilise le microbiote intestinal, véritable bouclier immunitaire.
 

À cela s’ajoute un facteur étonnant : le mode de vie “trop propre”. En étant moins exposés aux microbes naturels pendant l’enfance (à cause d’une hygiène excessive, du recul de la vie rurale, de la stérilisation systématique), notre système immunitaire devient paresseux… et réagit de manière disproportionnée à des substances pourtant inoffensives comme le pollen ou la poussière.


Un corps sous tension : quand le stress amplifie tout

Si les allergies sont avant tout une réponse immunitaire, elles ne se limitent pas au corps : le mental joue un rôle essentiel. De nombreuses études récentes montrent que le stress chronique peut aggraver, voire déclencher, des réactions allergiques. Notre organisme, déjà saturé par les polluants et la fatigue, devient alors hypersensible. Une peau stressée réagit plus vite, un système respiratoire tendu s’irrite plus facilement.
 

Au Maroc, cette réalité se fait sentir chez les jeunes actifs : vie urbaine, pression professionnelle, anxiété environnementale, manque de sommeil… Autant de facteurs qui créent un terrain propice à l’inflammation chronique. Ce n’est pas un hasard si les dermatologues remarquent une hausse des cas d’eczéma et d’urticaire chez les 20–35 ans.
 

Le problème, c’est que les allergies ne se contentent pas d’un seul symptôme. Elles peuvent altérer la qualité du sommeil, affecter la concentration et impacter la vie sociale. On se met à éviter certains aliments, certains lieux, voire certains parfums. Une spirale discrète mais bien réelle.


La pollution et le climat : des ennemis invisibles

Autre facteur aggravant : le changement climatique. Avec la hausse des températures, les saisons polliniques s’allongent, les plantes produisent plus de pollen, et celui-ci devient plus allergène. Résultat : des rhinites qui commencent plus tôt et durent plus longtemps. Dans les villes marocaines très exposées à la pollution automobile, comme Casablanca ou Tanger, le mélange pollen + particules fines crée un cocktail explosif pour les voies respiratoires.
 

La qualité de l’air intérieur n’est pas meilleure : bougies parfumées, encens, produits d’entretien chimiques, climatisation mal nettoyée… Autant d’irritants qui entretiennent les symptômes. Et paradoxalement, beaucoup de personnes passent plus de 80 % de leur temps à l’intérieur, exposées à ces sources invisibles.


Que faire ? Vers une nouvelle approche du soin

Face à ce constat, les médecins plaident pour une vision globale des allergies. Plutôt que de simplement traiter les symptômes (antihistaminiques, crèmes, inhalateurs), il faut comprendre les causes profondes : mode de vie, environnement, alimentation, stress.
 

Une meilleure qualité de l’air, un retour à une alimentation naturelle, une exposition mesurée à la nature (balades, contact avec les animaux, produits frais non transformés) pourraient aider le corps à retrouver son équilibre. Le microbiote intestinal, notamment, mérite toute notre attention : il s’agit du centre névralgique de notre immunité. Manger des aliments fermentés comme le khliî naturel, le leben, ou les légumes vinaigrés traditionnels peut aider à renforcer cette barrière protectrice.
 

Et surtout, il faut cesser de banaliser les allergies. Car derrière une “simple” irritation se cache parfois un signal d’alarme du corps. Apprendre à écouter ces signaux, à ralentir et à assainir nos environnements, c’est aussi une forme de prévention. Une manière de protéger cette sensibilité qui, au fond, n’est peut-être qu’une façon pour notre corps de dire : “J’ai besoin d’air.”


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Jeudi 16 Octobre 2025



Rédigé par Salma Chmanti Houari le Jeudi 16 Octobre 2025
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