Les 7 robots qui ont transformé l’histoire de la robotique (Partie 1)


Rédigé par Aya Azaddou le Mardi 4 Octobre 2022

Il s’appellent Unimate, Shakey, Wabot, Kismet, Sojourner, BigDog ou encore Ameca. Chacun à sa manière a marqué l’histoire de la robotique. Quand la réalité dépasse la science-fiction.



Le terme « robot » a été utilisé pour la première fois en 1920 : l’écrivain Karel Čapek l’a fait entrer dans l’histoire en le plaçant dans une de ses pièces de théâtre de science-fiction. « R. U. R. » (Rossumovi univerzální roboti), évoque les « robots universels de Rossum ». C’est en réalité son frère Josef qui a imaginé ce terme en le faisant dériver du mot tchèque robota, qui signifie « travail » ou « serf ». La pièce de théâtre raconte l’histoire d’une usine dans laquelle des milliers d’humanoïdes synthétiques ont remplacé les ouvriers. Ils travaillent si bon marché et sans relâche qu’ils ont réduit de 80 % les coûts de production de la fabrication de tissus.

À peine apparu, le mot charriait déjà son lot de peurs existentielles – fondées ou non –, comme celle du robot qui remplacera un jour l’être humain. Cent ans plus tard, quels robots sont entrés dans l’histoire ? Retour sur ces machines iconiques qui ont marqué les esprits ou la science… à défaut de prendre le pouvoir.


Unimate, le premier robot industriel

Une fois l’imaginaire du robot posé par R.U.R., il faut attendre les années 1950 pour voir apparaître une première machine mécanique véritablement opérationnelle. Prénommé Unimate (pour « Universal Automation », automatisation universelle), il s’agissait d’un bras robotique à visée industrielle. Un bras mécanique articulé de 1,5 tonne imaginé par l’Américain George Devol et Joseph Engelberger. Ce dernier, ingénieur et fan de l’écrivain de science-fiction Isaac Asimov, est considéré comme le père de la robotique moderne.

Grâce à lui, Unimate passe du statut de prototype à celui de premier robot industriel en 1961. Après un premier test sur une ligne de production de la General Motors, 66 robots sont commandés et utilisés par le fabricant automobile. Leur job ? Attraper des pièces métalliques à très haute température et les déplacer vers des bains de refroidissement. D’autres constructeurs – comme Chrysler, Ford Motor, BMW, Volvo, Mercedes Benz, Fiat et même Renault – adopteront eux aussi le robot de la firme Unimation.

Cette création devient tellement populaire que le robot est régulièrement invité à la télévision. Joseph Engelberger s’est assuré qu’il faisait le show pour le grand public. C’est ainsi qu’on a vu l’Unimate frapper dans une balle de golf pour la faire tomber dans une tasse ou encore se muer en chef d’orchestre du Tonight Show Band. L’aura de l’Unimate dépasse même les frontières, au point que la licence est accordée en 1966 au Finlandais Nokia pour la Scandinavie et l’Europe de l’Est puis, en 1969, au Japonais Kawasaki. Celui-ci finira par détrôner Unimation avec ses propres créations robotiques dans les années 1980.

Décédé en 2015, Joseph Engelberger n’aimait pas qu’on dise que les robots allaient voler tous les emplois. Au contraire : « Les robots enlèvent des emplois inhumains que nous attribuons aux gens », rétorquait-il.

©Université de Limerick

Shakey, le premier robot autonome

En 1972, le Centre d’intelligence artificielle du Stanford Research Institute (SRI) en Californie imagine le premier robot véritablement autonome. Nommé Shakey – car il oscillait quand il se déplaçait –, il était capable de décomposer des commandes simples en une séquence spécifique d’actions nécessaires pour atteindre un objectif en faisant preuve d’une certaine logique. Ce qui a fait de Shakey un robot vraiment unique qui a marqué les esprits est qu’il était capable de concevoir un plan pour atteindre son objectif. Il pouvait analyser son environnement, puis définir les différentes étapes : se déplacer tout droit, puis à droite. Puis monter sur la rampe. Puis avancer jusqu’au mur et appuyer sur l’interrupteur pour éteindre la lumière, par exemple.

Jusqu’à présent, les robots effectuaient chaque tâche l’une après l’autre et sur instruction. Cette capacité de planification a changé la donne pour les futurs robots. Et, malgré ses fonctions encore limitées, Shakey a été qualifié de « première personne électronique ». Aujourd’hui, on se souvient surtout de lui comme la première machine à allier robotique et intelligence artificielle.

WABOT, le premier robot anthropomorphe

Après les États-Unis, direction le Japon. Conçu en 1973 par l’université de Waseda (Tokyo), WABOT-1 est le tout premier robot anthropomorphe à marche bipède. Son nom est la contraction de Waseda (Wa) et Robot (Bot). Il était capable de contrôler ses membres, possédait un système de vision et était capable de communiquer. Parlant le japonais, il était aussi doté d’une capacité à mesurer une distance et à situer des objets à l’aide de capteurs externes. Avec ses capteurs tactiles, il pouvait se saisir d’un objet et se déplacer en actionnant ses membres inférieurs. On a estimé que le WABOT-1 avait la faculté mentale d’un enfant d’un an et demi.

Son successeur, le WABOT-2, a vu le jour en 1980. Les ingénieurs s’étaient lancé le défi de créer un robot artiste, capable de jouer d’un instrument de musique, en l’occurrence un piano. Il pouvait converser avec une personne, lire une partition musicale (grâce à sa caméra en guise de tête) et jouer des airs de difficulté moyenne sur un orgue électronique grâce à sa dextérité. Mais ce robot musicien était aussi doté d’une certaine intelligence, puisqu’il était capable d’accompagner une personne tout en l’écoutant chanter. Le WABOT-2 est considéré comme le tout premier « robot personnel » au monde.

©Université de Waseda

Rédigé par Florence Santrot, Repris par la Fondation Tamkine 
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Mardi 4 Octobre 2022
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