Les Lions de l’Atlas et nous : une relation passionnelle

Un peu toxique, avouons-le !


Rédigé par Salma Chmanti Houari le Mardi 30 Décembre 2025

Au Maroc, soutenir l’équipe nationale n’est pas un simple acte sportif. C’est une expérience émotionnelle intense, parfois magnifique, parfois… légèrement incontrôlable.

En pleine Coupe d’Afrique des Nations, cette relation entre les Lions de l’Atlas et leurs supporters ressemble de plus en plus à une histoire d’amour passionnelle, avec ses hauts vertigineux et ses bas très bruyants.



Prenons les faits récents.

Victoire nette 3-0 contre la Zambie : ambiance euphorique, fierté nationale activée, réseaux sociaux en feu, joueurs élevés au rang de héros. Le sélectionneur redevient soudainement un stratège de génie. Tout le monde s’aime, tout le monde croit au trophée.

Mais quelques jours plus tôt, après un match nul face au Mali, le ton était radicalement différent. Critiques en rafale, débats enflammés, remise en question du coach, des choix tactiques, parfois même des joueurs eux-mêmes.

Comme si, en l’espace de 90 minutes, l’amour s’était transformé en frustration collective. 

C’est là que notre relation avec l’équipe nationale devient… intéressante.

Gagner = “on est les meilleurs”. Ne pas gagner = “il faut tout changer”.

Ce qui frappe, c’est cette capacité incroyable à passer de l’adoration à l’exaspération en un clin d’œil. Quand les Lions gagnent, ils sont “les meilleurs d’Afrique”, quand ils font match nul, ils deviennent soudain “méconnaissables”. Entre les deux, très peu de nuance. 

Mais est-ce vraiment étonnant ?

Le football, au Maroc, est vécu au cœur, rarement à la raison. Chaque match est chargé d’attentes, de fierté, de projection. On ne regarde pas seulement une équipe jouer, on se projette dedans. On gagne avec elle, on souffre avec elle.

Et parfois, on exagère un peu. 

Le coach, ce héros… ou ce coupable idéal ?

Dans cette histoire, le sélectionneur occupe une place particulière. Quand ça gagne, il est visionnaire. Quand ça coince, il devient le premier responsable. Ses choix sont disséqués, ses compositions analysées, ses décisions jugées… souvent à chaud, parfois à l’émotion pure.
Mais là encore, rien de nouveau.

Le coach est souvent le miroir des émotions collectives. Il incarne les espoirs quand tout va bien, et absorbe les frustrations quand le résultat déçoit.

Ce qui est presque drôle, c’est que parfois, ce sont les mêmes personnes qui encensent… puis critiquent violemment, à quelques jours d’intervalle. 

​Une passion qui déborde (parfois trop)

- Est-ce toxique ? Peut-être un peu.
- Est-ce excessif ? Souvent.


Mais est-ce aussi la preuve d’un amour immense pour cette équipe ? Clairement.
Le public marocain est exigeant parce qu’il est passionné.

Il veut voir son équipe briller, dominer, aller au bout. Et quand les attentes sont très élevées, la patience se réduit.

Le paradoxe, c’est que cette pression vient aussi de l’attachement. On critique parce qu’on espère mieux. On s’énerve parce qu’on y croit. 

Au fond, une histoire très marocaine :

Cette relation amour-haine fait partie du folklore. Elle anime les cafés, les salons, les réseaux sociaux. Elle fait rire, elle fait débat, elle fait parfois grincer des dents, mais elle prouve une chose : les Lions de l’Atlas ne laissent personne indifférent.

Alors oui, on râle. Oui, on s’emballe. Oui, on dramatise parfois un match nul comme si tout était perdu.

Mais quand le coup de sifflet final annonce une victoire, tout est pardonné.

Et c’est peut-être ça, finalement, le vrai visage du supporter marocain : exigeant, passionné, un peu excessif… mais profondément fidèle.

Une relation intense, imparfaite, mais authentique. Comme toutes les grandes histoires d’amour.




Mardi 30 Décembre 2025
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