Les Marocains expulsés d'Algerie en 1975 réclament vérité et justice


Rédigé par le Lundi 17 Novembre 2025



Un demi-siècle après l’expulsion de centaines de milliers de Marocains d’Algérie, les victimes et leurs familles renouent leur appel au roi Mohammed VI. Leur association demande vérité sur les disparus, réhabilitation et indemnisation, et souhaite l’inscription officielle du dossier à l’agenda national et international pour tourner enfin la page dans la dignité.

Une correspondance au Palais Royal pour relancer le dossier

Le 18 décembre 1975, alors que le monde musulman célébrait l’Aïd al-Adha, des dizaines voire des centaines de milliers de Marocains établis légalement en Algérie ont été expulsés, souvent sans préavis. Cet épisode, que les victimes nomment “la marche noire”, a bouleversé des vies entières : familles séparées, biens laissés derrière, carrières interrompues, documents confisqués. Cinquante ans plus tard, la blessure demeure vive. Une association représentant les victimes a adressé ces jours-ci une correspondance à SM le Roi Mohammed VI pour raviver leurs revendications et replacer ce dossier humanitaire au cœur du débat public.

Leur priorité est triple: réhabilitation symbolique des victimes, révélation du sort des disparus et indemnisation des familles qui ont “tout perdu du jour au lendemain”. La lettre sollicite l’intervention de Sa Majesté pour que l’État marocain défende officiellement ce dossier sur la scène nationale et internationale. Pour les signataires, il s’agit d’inscrire la question à l’agenda diplomatique royal et de construire une démarche méthodique: recensement documenté, collecte de témoignages, archivage des preuves matérielles, et recherche de mécanismes de réparation adaptés.

Historiquement, des sources convergentes évoquent l’ordre d’expulsion donné à la fin de 1975, sur fond de tensions régionales. Des estimations, variées selon les rapports, font état de centaines de milliers de personnes concernées. Si des initiatives mémorielles et militantes ont jalonné les décennies, la reconnaissance formelle et des processus de réparation n’ont jamais véritablement abouti. Aujourd’hui, les familles appellent à un cadre clair : une commission vérité, un registre des biens spoliés, un dispositif d’indemnisation et, pour les cas les plus sensibles, la pleine élucidation du sort des disparus.

Au-delà de la justice individuelle, l’enjeu est aussi diplomatique. Porter ce dossier dans les enceintes régionales et internationales, document à l’appui, pourrait contribuer à établir un récit historique sourcé et à protéger des droits fondamentaux bafoués. Les victimes plaident également pour un accompagnement psychologique et social, et pour la sauvegarde de la mémoire via des archives publiques, des expositions et un programme éducatif. À l’approche du cinquantenaire, elles espèrent un tournant: transformer une mémoire douloureuse en politique publique de réparation, dans le respect du droit et de la dignité.





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Lundi 17 Novembre 2025
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