C’est un chiffre qui résume à lui seul un gâchis économique monumental : seulement 18 % des femmes participent au marché du travail dans la région MENA, contre 49 % en moyenne dans le monde. Ce déséquilibre criant, mis en lumière par le dernier rapport de la Banque mondiale, ne relève pas seulement d’une injustice sociale. Il constitue un obstacle structurel à la croissance économique.
Dans un monde où chaque dixième de point de croissance compte, la Banque mondiale estime que la réduction des écarts de genre en matière d’emploi pourrait augmenter le revenu par habitant de 50 % dans un pays typique de la région. Une projection qui donne le vertige. Pourtant, malgré les discours sur la parité et les réformes progressistes, la dynamique d’inclusion des femmes reste embryonnaire dans la majorité des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.
Le diagnostic est connu : barrières culturelles, législations restrictives, absence de garde d’enfants abordable, faibles perspectives de carrière, mobilité limitée... Le marché du travail féminin est pris au piège d’un cercle vicieux. Les femmes sont peu présentes car les opportunités sont rares, et les opportunités sont rares parce que les femmes sont absentes.
Or, le rapport met en avant un levier souvent négligé : l'effet d'entraînement des femmes dirigeantes. Dans la région MENA, les entreprises dirigées par des femmes embauchent en moyenne deux fois plus de femmes que celles dirigées par des hommes. Autrement dit, promouvoir l’entrepreneuriat féminin ne relève pas seulement d’un impératif moral, mais d’un choix stratégique pour activer une inclusion circulaire et durable.
Malgré quelques progrès — notamment en Arabie saoudite où des réformes ont permis une hausse notable de la participation féminine — la situation reste critique. En moyenne, moins de 3 % des entreprises sont dirigées par des femmes dans certains pays du Golfe, contre près de 19 % dans les pays à revenu élevé.
Le potentiel est immense, mais inexploité. Dans une région frappée par la faible productivité, l’atonie de l’investissement privé et l’instabilité politique, intégrer les femmes à l’économie représente une des rares marges de manœuvre encore disponibles. D’autant que les femmes diplômées sont de plus en plus nombreuses. Pourtant, faute d’un écosystème favorable, elles se heurtent au plafond de verre… parfois bien avant même d’entrer dans le bâtiment.
Pour que les femmes deviennent un moteur de croissance, encore faut-il :
des lois du travail équitables, des incitations fiscales pour les entreprises inclusives, des systèmes de garde d’enfants subventionnés, une politique active de soutien à l’entrepreneuriat féminin, et surtout, une reconnaissance économique du travail domestique non rémunéré, qui pèse encore massivement sur les femmes. En somme, ce que révèle le rapport, c’est que la question de l’emploi féminin n’est plus une affaire de morale ou de modernité, mais de stratégie économique. Le jour où les femmes de la région MENA auront leur juste place sur le marché du travail, c’est toute l’économie qui pourrait basculer dans une ère nouvelle.
Dans un monde où chaque dixième de point de croissance compte, la Banque mondiale estime que la réduction des écarts de genre en matière d’emploi pourrait augmenter le revenu par habitant de 50 % dans un pays typique de la région. Une projection qui donne le vertige. Pourtant, malgré les discours sur la parité et les réformes progressistes, la dynamique d’inclusion des femmes reste embryonnaire dans la majorité des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.
Le diagnostic est connu : barrières culturelles, législations restrictives, absence de garde d’enfants abordable, faibles perspectives de carrière, mobilité limitée... Le marché du travail féminin est pris au piège d’un cercle vicieux. Les femmes sont peu présentes car les opportunités sont rares, et les opportunités sont rares parce que les femmes sont absentes.
Or, le rapport met en avant un levier souvent négligé : l'effet d'entraînement des femmes dirigeantes. Dans la région MENA, les entreprises dirigées par des femmes embauchent en moyenne deux fois plus de femmes que celles dirigées par des hommes. Autrement dit, promouvoir l’entrepreneuriat féminin ne relève pas seulement d’un impératif moral, mais d’un choix stratégique pour activer une inclusion circulaire et durable.
Malgré quelques progrès — notamment en Arabie saoudite où des réformes ont permis une hausse notable de la participation féminine — la situation reste critique. En moyenne, moins de 3 % des entreprises sont dirigées par des femmes dans certains pays du Golfe, contre près de 19 % dans les pays à revenu élevé.
Le potentiel est immense, mais inexploité. Dans une région frappée par la faible productivité, l’atonie de l’investissement privé et l’instabilité politique, intégrer les femmes à l’économie représente une des rares marges de manœuvre encore disponibles. D’autant que les femmes diplômées sont de plus en plus nombreuses. Pourtant, faute d’un écosystème favorable, elles se heurtent au plafond de verre… parfois bien avant même d’entrer dans le bâtiment.
Pour que les femmes deviennent un moteur de croissance, encore faut-il :
des lois du travail équitables, des incitations fiscales pour les entreprises inclusives, des systèmes de garde d’enfants subventionnés, une politique active de soutien à l’entrepreneuriat féminin, et surtout, une reconnaissance économique du travail domestique non rémunéré, qui pèse encore massivement sur les femmes. En somme, ce que révèle le rapport, c’est que la question de l’emploi féminin n’est plus une affaire de morale ou de modernité, mais de stratégie économique. Le jour où les femmes de la région MENA auront leur juste place sur le marché du travail, c’est toute l’économie qui pourrait basculer dans une ère nouvelle.
Et si cette focalisation sur les femmes comme levier magique de croissance masquait une autre réalité, plus dérangeante ?
Et si le marché du travail féminin, tel qu’il est actuellement envisagé, n’était pas adapté aux aspirations réelles de millions de femmes ?
Dans de nombreuses sociétés MENA, les femmes jouent un rôle central dans le tissu familial, l’éducation des enfants, le maintien de la solidarité intergénérationnelle. Ce rôle, certes non rémunéré, n’est pas pour autant inutile. Il est même fondamental à la stabilité sociale. En voulant à tout prix “intégrer” les femmes à un marché du travail souvent précaire, concurrentiel et peu protecteur, ne risque-t-on pas de transférer sur leurs épaules une double peine : salariées le jour, mères et soignantes la nuit ?
Par ailleurs, l’idée d’un capital humain féminin inexploité est-elle toujours valide si les postes proposés sont peu qualifiés, mal payés, ou stériles en termes de développement personnel ? On peut vouloir plus de femmes dans le monde de l’entreprise… à condition que ce monde en vaille la peine.
Enfin, la croissance économique ne peut être une fin en soi. Multiplier les travailleurs pour stimuler le PIB sans transformer le sens du travail ou les finalités de l’économie, c’est peut-être se tromper d’objectif. Et si la véritable révolution passait, non par l’alignement des femmes sur un modèle masculin de carrière, mais par une redéfinition des priorités économiques — plus humaines, plus inclusives, plus lentes aussi ?
Dans de nombreuses sociétés MENA, les femmes jouent un rôle central dans le tissu familial, l’éducation des enfants, le maintien de la solidarité intergénérationnelle. Ce rôle, certes non rémunéré, n’est pas pour autant inutile. Il est même fondamental à la stabilité sociale. En voulant à tout prix “intégrer” les femmes à un marché du travail souvent précaire, concurrentiel et peu protecteur, ne risque-t-on pas de transférer sur leurs épaules une double peine : salariées le jour, mères et soignantes la nuit ?
Par ailleurs, l’idée d’un capital humain féminin inexploité est-elle toujours valide si les postes proposés sont peu qualifiés, mal payés, ou stériles en termes de développement personnel ? On peut vouloir plus de femmes dans le monde de l’entreprise… à condition que ce monde en vaille la peine.
Enfin, la croissance économique ne peut être une fin en soi. Multiplier les travailleurs pour stimuler le PIB sans transformer le sens du travail ou les finalités de l’économie, c’est peut-être se tromper d’objectif. Et si la véritable révolution passait, non par l’alignement des femmes sur un modèle masculin de carrière, mais par une redéfinition des priorités économiques — plus humaines, plus inclusives, plus lentes aussi ?