Les jeunes protestent, les politiciens pleurnichent


Rédigé par le Mardi 30 Septembre 2025

Il y a les festivals de musique, les festivals du rire… et désormais, le festival des larmes. Bienvenue dans la nouvelle discipline nationale : la pleurniche électorale… Après le marathon des promesses non tenues et le sprint des inaugurations de chantiers jamais finis, voilà qu’on nous invente l’épreuve du sanglot contrôlé…



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Par Mohammed Yassir Mouline

Les jeunes descendent dans la rue pour réclamer santé, éducation et dignité... En face, les politiciens sortent les mouchoirs, convaincus qu’une larme bien placée vaut mieux qu’un vrai programmeLes vidéos de Benkirane reniflant comme un enfant privé de dessert et de Ouzzine l’œil embué comme une star de télénovela ont envahi les réseaux…  Les militants se sont émus, les internautes se sont marrés... Certains ont crié au cœur sensible, d’autres au crocodile bien nourri… Et au milieu, la Génération Z, qui descend dans la rue non pas pour pleurer mais pour hurler son ras-le-bol : chômage, éducation en ruine, santé en coma artificiel…
 
Face à cela, nos pleureurs professionnels répondent par… des torrents de larmes… Il fallait oser, substituer au programme électoral une boîte de mouchoirs…  La scène surréaliste est

Là où les jeunes demandent des solutions, on leur propose des sanglots…  Là où ils réclament du concret, on leur livre des émotions en kit…  Comme si les diplômes trouvaient du travail grâce à un jet de larme bien filmé… Certains y ont vu la preuve d’une empathie sincère…  Mais la majorité n’a retenu qu’une chose : la grande messe des larmes électorales avait commencé
 
Maysa Salama Naji, candidate fraîchement déclarée, a résumé le tout avec une ironie mordante : « Puisque c’est ça, je vais moi aussi commencer à pleurer »… Une excellente idée,  les meetings ressembleront bientôt à un concours de casting pour la meilleure performance dramatique

Catégories :

Larmes de crocodile (spécialité locale, très prisée en période électorale)
Sanglots sponsorisés (avec logo du parti sur le mouchoir)
Pleureurs intermittents (qui cessent de pleurer une fois élus, comme par magie)…
 
Les défenseurs des politiciens jurent que c’est sincère : “C’est l’expression d’une douleur sociale, un sens aigu des responsabilités !”. On leur répond : très bien, mais où est le plan d’action, la réforme solide, le projet qui change la vie des jeunes ? Pleurer ne remplit pas un frigo, ne soigne pas un malade, ne crée pas un emploi.
 
D’ailleurs, petite observation scientifique,  les larmes de nos élus ont une durée de vie limitée…  Elles coulent abondamment avant les élections… et s’évaporent aussitôt le siège parlementaire ou ministériel réchauffé…  Comme quoi, les glandes lacrymales ont un sens aigu du calendrier électoral…
 
Bref, pendant que la jeunesse manifeste et que le pays réclame du sérieux, nos politiciens eux, perfectionnent leur art dramatique…  Ils ne gouvernent plus, ils jouent la comédie… Et la prochaine fois qu’ils se mettront à pleurnicher, qu’ils sachent qu’on ne les croit plus… leurs larmes, ce ne sont pas des preuves d’amour pour le peuple, juste des effets spéciaux de campagne.




Mohammed Yassir Mouline: Journaliste caricaturiste professionnel... 34 ans d'expérience à… En savoir plus sur cet auteur
Mardi 30 Septembre 2025
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