Les voeux de Mustapha Sehimi pour 2022


Des vœux pour la nouvelle année ? Oui bien sûr : il faut sacrifier à une bonne tradition. De quoi enjamber celle qui finit et se prépositionner en quelque sorte pour les douze mois à venir.



Par Mustapha Sehimi

A lire ou à écouter en podcast :  (4.01 Mo)

D’ordinaire, les bonnes résolutions ne manquent pas ; tout un chacun n’y échappe pas, à l’école, à l’université, dans le monde du travail aussi. C’est ainsi : l’on a besoin de croire, d’espérer si possible et peut-être même d’entretenir dès l’entame de la nouvelle année quelque rêve personnel, familial ou autre, professionnel le plus souvent. Est-on dupe pour autant ? Pas vraiment, mais que faire ? Faut-il donc évacuer les vœux de la vie personnelle et sociale ? Non ! Alors ?
 
Pas de « Plan B »

 

Pour la deuxième année, il faut bien faire ce constat : la pandémie Covid-19 est là ; elle s’est installée ; elle est devenue structurelle, « structurante » même comme diraient nos technocrates. Il nous faut donc vivre avec ; on s’y fait d’ailleurs, avec pas mal de résignation mais aussi de résilience. Tout le monde n’est pas logé à cette même enseigne : tant s’en faut. La précarité dans le monde de l’informel s’est accentuée ; même dans l’autre secteur, formel celui-là, le tableau n’est guère réjouissant. La crise est sanitaire avec cette malédiction de variants qui se multiplient jusqu’à cet Omicron venu d’on ne sait où. Y en aura-t-il d’autres ? Il faut le redouter. Les citoyens n’en peuvent plus avec cette troisième vague qui aurait un pic au cours de la semaine du 17 janvier.  Ils font de la « résistance » à telle enseigne que le taux de couverture en troisième dose, pour les 12 ans et plus, approche désormais les 10%. L’état d’urgence a été prorogé jusqu’au 31 janvier - pas de quoi remonter le moral des troupes, si l’on ose dire. Mais que faire d’autre ? Il n’y a pas de « Plan B » en la matière.
 

La vie sociale continuera son cheminement, vaille que vaille. Les prévisions de taux de croissance de 3% pour 2022 restent bien modestes après les 7% de 2021. La machine économique a cependant repris mais ni la demande intérieure ni les perspectives et les opportunités offertes dans nos marchés traditionnels – européens surtout – ne donnent du baume au cœur. Le gouvernement Akhannouch commence sa mandature dans des conditions peu favorables. Il doit faire face, « coûte que coûte » et mobiliser ainsi d’importantes allocations de ressources ; il est vrai que les besoins de financement pour boucler le budget sont de l’ordre de 58 milliards de DH, avec à la clé un déficit budgétaire de 6% par rapport au PIB. Préoccupant…
 

Des vœux, alors ? Celui-ci d’abord : que les efforts et les restrictions soient également supportés. Déjà, en temps ordinaire, l’équité n’était pas vraiment la norme. Va-t-on continuer dans cette même voie ? Difficile à faire valider. D’où la nécessité de prendre des mesures concrètes de nature à entrainer l’adhésion des citoyens. Lesquelles ? La lutte contre la corruption qui relève – encore ? – du discours gouvernemental et de postures d’affichage et même d’enfumage. La réforme fiscale aussi alors que les IIIèmes assises de mai 2019 n’ont pas enregistré une véritable implémentation. L’application des premières mesures éligibles à la protection sociale, notamment au profit des onze millions de personnes devant à terme en être les bénéficiaires. La crise actuelle est subie : elle est bien contraignante avec toutes les hypothèques qu’elle fait peser. Il reste à définir une séquence ouvrant et libérant de nouvelles opportunités et à faire autre chose : une gouvernance publique efficiente.
 

L’insatisfaction ne doit pas prévaloir ; l’inquiétude non plus, encore moins un climat anxiogène. Jetons un regard sur l’environnement régional et même international. Le Maroc est dans la « botte » : celle du top ten pour la sagacité et la hardiesse de son action. Alors, meilleurs vœux à tous !


Rédigé par Mustapha Sehimi sur https://quid.ma



Jeudi 30 Décembre 2021

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