Sahara : entre les ombres du doute et la clarté de l’espoir
Il est des moments en diplomatie où l’histoire semble hésiter sur son pas, où chaque geste, chaque mot, peut précipiter une bascule ou, au contraire, reconduire le statu quo. Le dossier du Sahara marocain est à l’une de ces étapes décisives. Après des décennies de palabres, d’impasses et de résolutions répétitives, une fenêtre s’entrouvre : la perspective de voir les Nations unies réorienter leur mission de terrain, de la MINURSO à une hypothétique MANSASO, centrée non plus sur un référendum impossible, mais sur un processus d’autonomie sous souveraineté marocaine.
Ce n’est pas la première fois qu’un vent nouveau souffle sur ce dossier. Mais il est rare que ce souffle prenne la forme d’un alignement clair entre Washington, Paris et Londres, trois capitales capables de peser réellement dans l’équation onusienne. Et c’est là que se dessine la promesse d’un changement durable. Pourtant, en diplomatie, l’ivresse des certitudes est la pire ennemie de la lucidité. L’expérience m’enseigne qu’il faut manier l’espoir comme une lampe fragile, dont la flamme éclaire mais peut vaciller au premier courant d’air.
Ce n’est pas la première fois qu’un vent nouveau souffle sur ce dossier. Mais il est rare que ce souffle prenne la forme d’un alignement clair entre Washington, Paris et Londres, trois capitales capables de peser réellement dans l’équation onusienne. Et c’est là que se dessine la promesse d’un changement durable. Pourtant, en diplomatie, l’ivresse des certitudes est la pire ennemie de la lucidité. L’expérience m’enseigne qu’il faut manier l’espoir comme une lampe fragile, dont la flamme éclaire mais peut vaciller au premier courant d’air.
L’illusion d’hier : le référendum fantôme et introuvable
Lorsque la MINURSO fut créée en 1991, l’idée paraissait simple : surveiller un cessez-le-feu, préparer un référendum d’autodétermination, et clore un conflit hérité de la guerre froide. Trente-quatre ans plus tard, le constat est implacable : l’ONU a veillé à la paix relative, mais n’a jamais été en mesure d’organiser le scrutin promis. Les divergences sur l’éligibilité des électeurs, les manipulations politiques et l’incapacité à imposer un compromis ont condamné le projet à l’inanité.
Le référendum est devenu un fantôme bureaucratique : jamais enterré officiellement, toujours invoqué par Alger et le Polisario comme un mantra, mais depuis longtemps vidé de toute substance pratique. Pourtant, il figure encore dans le mandat officiel de la MINURSO, tel un vestige anachronique d’une époque révolue.
Le référendum est devenu un fantôme bureaucratique : jamais enterré officiellement, toujours invoqué par Alger et le Polisario comme un mantra, mais depuis longtemps vidé de toute substance pratique. Pourtant, il figure encore dans le mandat officiel de la MINURSO, tel un vestige anachronique d’une époque révolue.
L’opportunité d’aujourd’hui : un réalignement inédit
Ce qui change en 2025, c’est l’émergence d’une volonté politique concertée pour clore définitivement ce chapitre. Les États-Unis, sous l’administration Trump II, ne se contentent plus de réaffirmer la reconnaissance de 2020 : ils s’engagent dans une stratégie active, mobilisant diplomates, militaires et parlementaires. La France, malgré ses hésitations passées, apparaît cette fois déterminée à accompagner la manœuvre. Et le Royaume-Uni, libéré de certaines ambiguïtés post-Brexit, apporte un soutien discret mais ferme.
Dans ce contexte, le projet de MANSASO n’est pas un simple changement d’acronyme. Il incarne une bascule conceptuelle : sortir du paradigme du référendum pour entrer dans celui de la négociation sur l’autonomie. C’est un choix qui reflète les réalités du terrain : un Sahara tranquillement en développement sous souvrainté marocaine, en plein essor économique, et un Polisario relégué à Tindouf, coupé des dynamiques régionales.
Dans ce contexte, le projet de MANSASO n’est pas un simple changement d’acronyme. Il incarne une bascule conceptuelle : sortir du paradigme du référendum pour entrer dans celui de la négociation sur l’autonomie. C’est un choix qui reflète les réalités du terrain : un Sahara tranquillement en développement sous souvrainté marocaine, en plein essor économique, et un Polisario relégué à Tindouf, coupé des dynamiques régionales.
Le doute méthodique : diplomatie et réalités du pouvoir mondial
Pourtant, le diplomate que je suis pas ne peut s’empêcher de regarder cette évolution avec prudence. Car l’histoire du Sahara est jalonnée de moments où l’on a cru à la solution imminente.
Je doute, d’abord, de la capacité du Conseil de sécurité à franchir le Rubicon. J"espere me tromper. Les grandes puissances convergent, certes, mais la Russie et la Chine demeurent des variables. Leur abstention, condition nécessaire pour éviter le veto, ne va pas de soi. Moscou, empêtrée dans ses propres guerres d’influence, pourrait être tenté d’utiliser le dossier comme monnaie d’échange. Pékin, soucieuse de ses relations avec l’Algérie, hésitera à cautionner une sortie jugée trop favorable à l’Occident.
Je doute, ensuite, de la résilience du système algérien. Ici, mon doute est plus sérieux. L’armée, colonne vertébrale du pouvoir, a bâti depuis un demi-siècle une partie de sa légitimité interne sur l’hostilité au Maroc et la défense du « droit des Sahraouis ». Renoncer, même partiellement, reviendrait à ébranler cette architecture idéologique. Pour Alger, accepter l’autonomie, c’est reconnaître avoir mené un combat vain pendant cinquante ans, au prix d’immenses ressources diplomatiques et financières. C’est une humiliation que peu de régimes militaires sont prêts à assumer.
Je doute, enfin, de la capacité de l’ONU à se réformer. Transformer une mission existante, avec ses habitudes, ses fonctionnaires et ses routines budgétaires, est un exercice herculéen. L’inertie onusienne est une force redoutable, souvent sous-estimée.
Je doute, d’abord, de la capacité du Conseil de sécurité à franchir le Rubicon. J"espere me tromper. Les grandes puissances convergent, certes, mais la Russie et la Chine demeurent des variables. Leur abstention, condition nécessaire pour éviter le veto, ne va pas de soi. Moscou, empêtrée dans ses propres guerres d’influence, pourrait être tenté d’utiliser le dossier comme monnaie d’échange. Pékin, soucieuse de ses relations avec l’Algérie, hésitera à cautionner une sortie jugée trop favorable à l’Occident.
Je doute, ensuite, de la résilience du système algérien. Ici, mon doute est plus sérieux. L’armée, colonne vertébrale du pouvoir, a bâti depuis un demi-siècle une partie de sa légitimité interne sur l’hostilité au Maroc et la défense du « droit des Sahraouis ». Renoncer, même partiellement, reviendrait à ébranler cette architecture idéologique. Pour Alger, accepter l’autonomie, c’est reconnaître avoir mené un combat vain pendant cinquante ans, au prix d’immenses ressources diplomatiques et financières. C’est une humiliation que peu de régimes militaires sont prêts à assumer.
Je doute, enfin, de la capacité de l’ONU à se réformer. Transformer une mission existante, avec ses habitudes, ses fonctionnaires et ses routines budgétaires, est un exercice herculéen. L’inertie onusienne est une force redoutable, souvent sous-estimée.
L’espoir objectif : convergences, pressions et faits accomplis
Mais le doute, pour être salutaire, ne doit pas conduire au cynisme. Car il existe des raisons solides d’espérer une avancée réelle.
D’abord, la convergence transatlantique n’est pas un feu de paille. Elle s’inscrit dans une logique stratégique : stabiliser le flanc sud de la Méditerranée, réduire l’influence russe et chinoise en Afrique, et garantir des corridors sécurisés pour l’énergie et les minerais. Dans cette perspective, le Maroc est vu comme un partenaire fiable, quand l’Algérie apparaît isolée et imprévisible.
Ensuite, les pressions américaines sur Alger ne sont pas symboliques. La menace de voir le Polisario classé comme organisation terroriste serait un séisme diplomatique. Elle priverait le mouvement de son vernis de légitimité et placerait l’Algérie dans une posture défensive intenable. En parallèle, la promesse d’investissements dans le secteur énergétique agit comme une carotte que les décideurs algériens ne peuvent ignorer, au vu de la dépendance économique du pays.
Enfin, il y a la réalité du terrain. Le Sahara vit à l’heure marocaine. Des ports, des routes, des universités et des parcs industriels émergent à Laâyoune, Dakhla et Smara. Des milliers de jeunes sahraouis trouvent des opportunités dans l’économie nationale. Cette dynamique rend l’autonomie non seulement crédible mais palpable. Chaque nouvelle infrastructure est un argument plus fort que cent communiqués.
D’abord, la convergence transatlantique n’est pas un feu de paille. Elle s’inscrit dans une logique stratégique : stabiliser le flanc sud de la Méditerranée, réduire l’influence russe et chinoise en Afrique, et garantir des corridors sécurisés pour l’énergie et les minerais. Dans cette perspective, le Maroc est vu comme un partenaire fiable, quand l’Algérie apparaît isolée et imprévisible.
Ensuite, les pressions américaines sur Alger ne sont pas symboliques. La menace de voir le Polisario classé comme organisation terroriste serait un séisme diplomatique. Elle priverait le mouvement de son vernis de légitimité et placerait l’Algérie dans une posture défensive intenable. En parallèle, la promesse d’investissements dans le secteur énergétique agit comme une carotte que les décideurs algériens ne peuvent ignorer, au vu de la dépendance économique du pays.
Enfin, il y a la réalité du terrain. Le Sahara vit à l’heure marocaine. Des ports, des routes, des universités et des parcs industriels émergent à Laâyoune, Dakhla et Smara. Des milliers de jeunes sahraouis trouvent des opportunités dans l’économie nationale. Cette dynamique rend l’autonomie non seulement crédible mais palpable. Chaque nouvelle infrastructure est un argument plus fort que cent communiqués.
L’épreuve d’octobre 2025 : un vote, une bascule
Tout converge donc vers octobre 2025, quand le Conseil de sécurité devra décider de renouveler ou de transformer le mandat onusien. Le choix sera binaire : reconduire la MINURSO dans sa mission éculée, ou franchir le pas vers la MANSASO.
Pour les diplomates, cette échéance ressemble à une partie d’échecs où chaque mouvement compte. Rabat devra mobiliser tous ses canaux pour sécuriser au moins neuf voix favorables. Washington, en tant que « porte-plume » du dossier, devra calibrer le texte pour éviter toute contestation excessive. Paris jouera les entremetteurs, Londres consolidera l’axe occidental, et Moscou comme Pékin resteront les grands arbitres silencieux.
Pour les diplomates, cette échéance ressemble à une partie d’échecs où chaque mouvement compte. Rabat devra mobiliser tous ses canaux pour sécuriser au moins neuf voix favorables. Washington, en tant que « porte-plume » du dossier, devra calibrer le texte pour éviter toute contestation excessive. Paris jouera les entremetteurs, Londres consolidera l’axe occidental, et Moscou comme Pékin resteront les grands arbitres silencieux.
Je reste entre prudence et conviction
En écrivant ces lignes, je mesure le paradoxe du moment. D’un côté, tout concourt à une issue historique : un alignement de puissances, un terrain transformé, une ONU pressée de solder un vieux dossier. De l’autre, je sais combien les inerties, les calculs et les susceptibilités peuvent bloquer les évidences.
Alors je choisis une posture double : le doute méthodique, pour ne pas succomber aux illusions, et l’espoir objectif, pour ne pas ignorer les avancées réelles. Car la diplomatie n’est jamais une science exacte : c’est l’art de conjuguer le possible et le souhaitable, en attendant que l’histoire tranche.
Le Sahara Marocain, en 2025, est peut-être à la veille d’un tournant. Mais dans les couloirs feutrés des Nations unies, je sais une chose : le plus difficile n’est pas d’écrire une résolution, mais de transformer le papier en réalité. Si la MANSASO voit le jour, ce sera une victoire du réalisme sur l’idéologie, du pragmatisme sur l’entêtement. Une victoire que beaucoup, au Maroc comme ailleurs, attendent depuis un demi-siècle.
Alors je choisis une posture double : le doute méthodique, pour ne pas succomber aux illusions, et l’espoir objectif, pour ne pas ignorer les avancées réelles. Car la diplomatie n’est jamais une science exacte : c’est l’art de conjuguer le possible et le souhaitable, en attendant que l’histoire tranche.
Le Sahara Marocain, en 2025, est peut-être à la veille d’un tournant. Mais dans les couloirs feutrés des Nations unies, je sais une chose : le plus difficile n’est pas d’écrire une résolution, mais de transformer le papier en réalité. Si la MANSASO voit le jour, ce sera une victoire du réalisme sur l’idéologie, du pragmatisme sur l’entêtement. Une victoire que beaucoup, au Maroc comme ailleurs, attendent depuis un demi-siècle.