Reconfiguration du paradigme onusien : d'un dispositif référendaire à une logique négociée
L'enjeu dépasse largement l'ajustement technique d'un mandat onusien. Si Washington porte effectivement au vote un texte reconfigurant la finalité politique du processus substituant l'horizon du référendum par celui de l'autonomie sous souveraineté marocaine; il s'agirait d'une mutation systémique du cadre normatif.
La MINURSO, conçue initialement pour organiser un référendum devenu structurellement impraticable, verrait son mandat redessiné : faciliter des négociations sur l'autonomie, accompagner des mesures de confiance, et sécuriser un atterrissage politique qui consacre la primauté d'une solution qualifiée de "réaliste, crédible et sérieuse".
Cette trajectoire ne relève pas de l'improvisation diplomatique. Elle résulte d'un patient travail d'alignement d'intérêts, orchestré par Rabat dans un contexte où les États-Unis – détenteurs traditionnels de la plume sur ce dossier et désormais liés par leur reconnaissance de décembre 2020 – cherchent à traduire institutionnellement une position stratégique assumée.
La France et le Royaume-Uni, positionnés sur une ligne cohérente, n'apparaissent pas comme des variables d'ajustement. L'équation décisive se joue ailleurs : dans les calculs de Pékin et Moscou.
La MINURSO, conçue initialement pour organiser un référendum devenu structurellement impraticable, verrait son mandat redessiné : faciliter des négociations sur l'autonomie, accompagner des mesures de confiance, et sécuriser un atterrissage politique qui consacre la primauté d'une solution qualifiée de "réaliste, crédible et sérieuse".
Cette trajectoire ne relève pas de l'improvisation diplomatique. Elle résulte d'un patient travail d'alignement d'intérêts, orchestré par Rabat dans un contexte où les États-Unis – détenteurs traditionnels de la plume sur ce dossier et désormais liés par leur reconnaissance de décembre 2020 – cherchent à traduire institutionnellement une position stratégique assumée.
La France et le Royaume-Uni, positionnés sur une ligne cohérente, n'apparaissent pas comme des variables d'ajustement. L'équation décisive se joue ailleurs : dans les calculs de Pékin et Moscou.
Le volet chinois : ancrage par les intérêts économiques structurels
La Chine raisonne selon une logique géoéconomique prioritaire. Le Maroc représente pour Pékin une plateforme stratégique de production et d'exportation vers l'Union européenne et l'Amérique du Nord, soutenue par un réseau dense d'accords commerciaux et une stabilité politico-institutionnelle valorisée par les investisseurs internationaux.
Les projets industriels d'envergure – gigafactories de batteries, matériaux critiques pour la transition énergétique, infrastructures portuaires comme Tanger Med et le futur Dakhla Atlantique – composent une matrice d'intérêts où l'incertitude territoriale constitue un risque non négligeable.
Le communiqué conjoint publié le 19 septembre 2025 à l'issue des entretiens entre Nasser Bourita et Wang Yi à Pékin illustre cette convergence stratégique. Le texte officiel précise : « Les deux ministres ont constaté une convergence de vues sur un certain nombre de questions, de principes et de valeurs, en l'occurrence ceux de la souveraineté nationale et de l'intégrité territoriale des États, la lutte contre le séparatisme et l'extrémisme. »
Ce langage diplomatique codé traduit un échange de soutiens politiques concrets sur les dossiers les plus sensibles des deux nations. Pour le Maroc, les termes "intégrité territoriale" et "lutte contre le séparatisme" constituent une référence directe au Sahara.
Pour la Chine, cette trilogie conceptuelle couvre ses propres préoccupations existentielles : Taiwan, le Xinjiang et le Tibet. En cosignant ce communiqué, chaque partie offre à l'autre une garantie sur ses "lignes rouges" respectives, tout en évitant la mention explicite de noms propres qui pourrait créer des complications diplomatiques avec des tiers.
L'alignement chinois revêt une dimension particulièrement significative en raison du statut de Pékin comme membre permanent du Conseil de Sécurité. Cette position confère à la Chine un poids décisionnel direct sur toute résolution concernant le Sahara. En inscrivant sa convergence de vues dans un document officiel bilatéral, Pékin signale sa disposition à ne pas entraver – voire à soutenir – une résolution qui consacrerait le plan d'autonomie marocain.
Ce positionnement ne constitue pas une simple déclaration de principe : il préfigure un comportement au Conseil de Sécurité, dans une enceinte où chaque vote des P5 peut déterminer l'adoption ou le blocage d'une résolution.
Dans cette perspective, la référence à "l'intégrité territoriale du Maroc" transcende la simple courtoisie diplomatique : elle traduit un calcul de minimisation du risque politique pour sécuriser des chaînes de valeur stratégiques.
Face à cette équation, l'Algérie offre certes des hydrocarbures et des marchés publics, mais ni la même intégration commerciale, ni le même cadre d'industrialisation exportatrice. Les investissements chinois au Maroc, estimés autour de 10 milliards de dollars sur plusieurs secteurs clés, créent une asymétrie d'intérêts qui structure les arbitrages de Pékin au-delà des considérations idéologiques.
Les projets industriels d'envergure – gigafactories de batteries, matériaux critiques pour la transition énergétique, infrastructures portuaires comme Tanger Med et le futur Dakhla Atlantique – composent une matrice d'intérêts où l'incertitude territoriale constitue un risque non négligeable.
Le communiqué conjoint publié le 19 septembre 2025 à l'issue des entretiens entre Nasser Bourita et Wang Yi à Pékin illustre cette convergence stratégique. Le texte officiel précise : « Les deux ministres ont constaté une convergence de vues sur un certain nombre de questions, de principes et de valeurs, en l'occurrence ceux de la souveraineté nationale et de l'intégrité territoriale des États, la lutte contre le séparatisme et l'extrémisme. »
Ce langage diplomatique codé traduit un échange de soutiens politiques concrets sur les dossiers les plus sensibles des deux nations. Pour le Maroc, les termes "intégrité territoriale" et "lutte contre le séparatisme" constituent une référence directe au Sahara.
Pour la Chine, cette trilogie conceptuelle couvre ses propres préoccupations existentielles : Taiwan, le Xinjiang et le Tibet. En cosignant ce communiqué, chaque partie offre à l'autre une garantie sur ses "lignes rouges" respectives, tout en évitant la mention explicite de noms propres qui pourrait créer des complications diplomatiques avec des tiers.
L'alignement chinois revêt une dimension particulièrement significative en raison du statut de Pékin comme membre permanent du Conseil de Sécurité. Cette position confère à la Chine un poids décisionnel direct sur toute résolution concernant le Sahara. En inscrivant sa convergence de vues dans un document officiel bilatéral, Pékin signale sa disposition à ne pas entraver – voire à soutenir – une résolution qui consacrerait le plan d'autonomie marocain.
Ce positionnement ne constitue pas une simple déclaration de principe : il préfigure un comportement au Conseil de Sécurité, dans une enceinte où chaque vote des P5 peut déterminer l'adoption ou le blocage d'une résolution.
Dans cette perspective, la référence à "l'intégrité territoriale du Maroc" transcende la simple courtoisie diplomatique : elle traduit un calcul de minimisation du risque politique pour sécuriser des chaînes de valeur stratégiques.
Face à cette équation, l'Algérie offre certes des hydrocarbures et des marchés publics, mais ni la même intégration commerciale, ni le même cadre d'industrialisation exportatrice. Les investissements chinois au Maroc, estimés autour de 10 milliards de dollars sur plusieurs secteurs clés, créent une asymétrie d'intérêts qui structure les arbitrages de Pékin au-delà des considérations idéologiques.
Le volet russe : pragmatisme calibré et équilibres multiples
Moscou a multiplié les gestes tangibles vis-à-vis de Rabat, au-delà des déclarations d'intention. L'accord de pêche du 17 octobre, couvrant explicitement les eaux sahariennes, équivaut à une reconnaissance de facto de la juridiction marocaine dans la zone. Le mémorandum de coopération entre Conseils de sécurité nationaux, impliquant Nikolaï Patrushev, signale l'installation d'un canal stratégique durable.
Et lorsque Sergueï Lavrov affirme que "l'autonomie équivaut à l'autodétermination", il offre à Moscou une porte de sortie rhétorique élégante.
Cette formule permet à la Russie de soutenir – ou au minimum de ne pas s'opposer à une résolution centrée sur le plan d'autonomie marocain, tout en maintenant formellement son attachement au principe d'autodétermination. C'est un chef-d'œuvre de flexibilité diplomatique qui acte une évolution majeure de la position russe, reconnaissant implicitement que l'option référendaire est devenue obsolète.
Toutefois, la Russie ne peut se permettre une rupture brutale avec Alger. Le partenariat de défense, évalué à plusieurs dizaines de milliards sur cycles pluriannuels, demeure structurant. D'où l'hypothèse centrale d'une abstention russe : un geste d'équilibre permettant à la résolution de passer sans humiliation publique de l'allié historique.
Et lorsque Sergueï Lavrov affirme que "l'autonomie équivaut à l'autodétermination", il offre à Moscou une porte de sortie rhétorique élégante.
Cette formule permet à la Russie de soutenir – ou au minimum de ne pas s'opposer à une résolution centrée sur le plan d'autonomie marocain, tout en maintenant formellement son attachement au principe d'autodétermination. C'est un chef-d'œuvre de flexibilité diplomatique qui acte une évolution majeure de la position russe, reconnaissant implicitement que l'option référendaire est devenue obsolète.
Toutefois, la Russie ne peut se permettre une rupture brutale avec Alger. Le partenariat de défense, évalué à plusieurs dizaines de milliards sur cycles pluriannuels, demeure structurant. D'où l'hypothèse centrale d'une abstention russe : un geste d'équilibre permettant à la résolution de passer sans humiliation publique de l'allié historique.
Mécanique du vote : l'Abstention russe comme point d'équilibre systémique
Trois scénarios se dessinent avec des probabilités différenciées.
L'adoption à l'unanimité des P5 : séduisante sur le plan symbolique, mais structurellement improbable. Elle impliquerait un vote positif russe – signal trop abrupt d'abandon d'Alger et incompatible avec les intérêts stratégiques russes au Maghreb.
L'adoption avec quatre votes affirmatifs (États-Unis, France, Royaume-Uni, Chine) et une abstention russe : scénario le plus crédible. Il autoriserait le basculement normatif sans provoquer de crise frontale dans les relations russo-algériennes. Rappelons la mécanique institutionnelle : neuf voix "pour" suffisent si aucun membre permanent n'oppose son veto.
Dans cette configuration, avec l’abstention russe et un vote chinois positif, la majorité qualifiée devient atteignable, d’autant que les membres non permanents (E10), qui confèrent la légitimité politique à toute résolution, sont majoritairement disposés à suivre le porteur de plume (USA) sur un texte promettant une sortie politique à un conflit gelé.
Le veto russe : possible mais contradictoire avec les gains accumulés par Moscou dans sa relation avec Rabat. Il supposerait soit une concession algérienne majeure de dernière minute, soit un événement exogène poussant Moscou à un geste de défi géopolitique.
L'adoption à l'unanimité des P5 : séduisante sur le plan symbolique, mais structurellement improbable. Elle impliquerait un vote positif russe – signal trop abrupt d'abandon d'Alger et incompatible avec les intérêts stratégiques russes au Maghreb.
L'adoption avec quatre votes affirmatifs (États-Unis, France, Royaume-Uni, Chine) et une abstention russe : scénario le plus crédible. Il autoriserait le basculement normatif sans provoquer de crise frontale dans les relations russo-algériennes. Rappelons la mécanique institutionnelle : neuf voix "pour" suffisent si aucun membre permanent n'oppose son veto.
Dans cette configuration, avec l’abstention russe et un vote chinois positif, la majorité qualifiée devient atteignable, d’autant que les membres non permanents (E10), qui confèrent la légitimité politique à toute résolution, sont majoritairement disposés à suivre le porteur de plume (USA) sur un texte promettant une sortie politique à un conflit gelé.
Le veto russe : possible mais contradictoire avec les gains accumulés par Moscou dans sa relation avec Rabat. Il supposerait soit une concession algérienne majeure de dernière minute, soit un événement exogène poussant Moscou à un geste de défi géopolitique.
Symbolique calendaire et narratif politique
Le vote du 30 octobre, six jours avant le cinquantième anniversaire de la Marche Verte, relève d'une mise en scène stratégique autant que diplomatique. C'est l'opportunité, pour Rabat, de convertir un moment mémoriel en jalon d'achèvement d'un récit étatique : "parachèvement" de l'intégrité territoriale. Dans son dernier discours de juillet, le Roi Mohammed VI avait posé un cadre conceptuel : "sans vainqueur ni vaincu".
Cette formulation ouvre un espace narratif pour une sortie honorable, évitant la logique de l'humiliation – poison historique des relations maghrébines et cultivant la perspective d'un apaisement régional.
Cette formulation ouvre un espace narratif pour une sortie honorable, évitant la logique de l'humiliation – poison historique des relations maghrébines et cultivant la perspective d'un apaisement régional.
Cascade des effets : temporalités différenciées
Phase immédiate (0-3 mois) : L'Algérie et le Polisario rejetteraient frontalement la résolution, la qualifiant de violation du droit international. Une crise interne au Polisario est probable, avec des contestations de leadership à Tindouf. Côté onusien, la MINURSO serait renouvelée pour une durée courte six mois mais avec une feuille de route révisée, renforçant le mandat de l'Envoyé Personnel, Staffan de Mistura, en lui fournissant enfin un cadre de négociation clair et exclusif : accompagner l'ouverture de pourparlers sur la seule base de l’autonomie.
Moyen terme (3-6 mois) : Rabat activerait un front continental pour contester la présence de la "RASD" à l'Union africaine, arguant de l'obsolescence d'une entité ne répondant plus aux critères de l'organisation. En effet, si le Conseil de Sécurité consacre l'autonomie comme cadre exclusif, il crée une nouvelle légalité internationale qui rend la "rasd" obsolète.
Le Protocole du Conseil de Paix et de Sécurité (Art 4) obligeant juridiquement l'UA à respecter les résolutions du CSNU, le maintien de la "rasd" en son sein créerait une contradiction juridique flagrante avec les propres textes fondateurs de l'Union Africaine. La question humanitaire des camps de Tindouf deviendrait centrale : recensement sous l'égide du HCR, garanties de liberté de mouvement, options d'installation pour ceux choisissant de revenir sous un régime d'autonomie.
Temps long (1-3 ans) : La résolution deviendrait la nouvelle base juridique de facto des positions étatiques. Deux trajectoires s'ouvriraient pour Alger : celle de l'apaisement et de la coopération maghrébine – avec dividendes économiques et sécuritaires considérables – ou celle de l'obstruction, au risque d'une conflictualité indirecte par groupes interposés au Sahel.
Moyen terme (3-6 mois) : Rabat activerait un front continental pour contester la présence de la "RASD" à l'Union africaine, arguant de l'obsolescence d'une entité ne répondant plus aux critères de l'organisation. En effet, si le Conseil de Sécurité consacre l'autonomie comme cadre exclusif, il crée une nouvelle légalité internationale qui rend la "rasd" obsolète.
Le Protocole du Conseil de Paix et de Sécurité (Art 4) obligeant juridiquement l'UA à respecter les résolutions du CSNU, le maintien de la "rasd" en son sein créerait une contradiction juridique flagrante avec les propres textes fondateurs de l'Union Africaine. La question humanitaire des camps de Tindouf deviendrait centrale : recensement sous l'égide du HCR, garanties de liberté de mouvement, options d'installation pour ceux choisissant de revenir sous un régime d'autonomie.
Temps long (1-3 ans) : La résolution deviendrait la nouvelle base juridique de facto des positions étatiques. Deux trajectoires s'ouvriraient pour Alger : celle de l'apaisement et de la coopération maghrébine – avec dividendes économiques et sécuritaires considérables – ou celle de l'obstruction, au risque d'une conflictualité indirecte par groupes interposés au Sahel.
Défi marocain : transformation de l'avantage diplomatique en architecture politique durable
Gagner le vote ne constitue pas l'aboutissement, mais l'ouverture d'une phase plus délicate : transformer l'avantage diplomatique en architecture politique pérenne. Trois chantiers structurels se dessinent.
- Narratif et communication : éviter tout triomphalisme. Le registre de la "victoire humble" offre à Alger de ne pas perdre la face et facilite des gestes concrets – coopérations frontalières, dossiers économiques partagés.
- Diplomatie de mise en œuvre : enclencher immédiatement des consultations avec l'Envoyé personnel du Secrétaire général pour fixer format, calendrier et garanties des pourparlers sur l'autonomie.
- Action territoriale : intensifier les investissements dans des projets structurants et visibles dans les provinces du Sud. L'autonomie ne sera crédible que si elle est palpable : infrastructures sociales, gouvernance locale responsabilisée, partenariats universitaires. La stabilité se gagne par la dignité tangible autant que par la force du droit.
- Narratif et communication : éviter tout triomphalisme. Le registre de la "victoire humble" offre à Alger de ne pas perdre la face et facilite des gestes concrets – coopérations frontalières, dossiers économiques partagés.
- Diplomatie de mise en œuvre : enclencher immédiatement des consultations avec l'Envoyé personnel du Secrétaire général pour fixer format, calendrier et garanties des pourparlers sur l'autonomie.
- Action territoriale : intensifier les investissements dans des projets structurants et visibles dans les provinces du Sud. L'autonomie ne sera crédible que si elle est palpable : infrastructures sociales, gouvernance locale responsabilisée, partenariats universitaires. La stabilité se gagne par la dignité tangible autant que par la force du droit.
Lecture théorique : validation du Réalisme, reconfiguration du cadre normatif
La séquence valide une lecture réaliste des relations internationales. Le Maroc a progressivement augmenté sa puissance relative économique, sécuritaire, diplomatique et aligné ses intérêts avec l'hégémon américain, tout en négociant des espaces de convergence avec les autres membres permanents.
Si la dynamique des alliances joue un rôle important dans la diplomatie marocaine, elle s’inscrit dans un cadre juridique légitime qui demeure la base de la reconnaissance internationale du Royaume.
L'institutionnalisme libéral reste présent mais voit son influence relativisée : l'ONU agit plutôt comme un espace de validation et de débat international que comme le concepteur exclusif de l'ordre juridique mondial, reconnaissant ainsi des évolutions initiées par les dynamiques des États et des coalitions.
Le constructivisme met en lumière la reconfiguration des normes et des représentations collectives : l’affirmation de "l’autonomie crédible" comme cadre de référence international témoigne d’un processus légitime de redéfinition, qui s’inscrit dans le respect du droit international en vigueur, sans remettre en cause sa validité ni celle de la position marocaine dans le débat sur la légitimité.
Si la dynamique des alliances joue un rôle important dans la diplomatie marocaine, elle s’inscrit dans un cadre juridique légitime qui demeure la base de la reconnaissance internationale du Royaume.
L'institutionnalisme libéral reste présent mais voit son influence relativisée : l'ONU agit plutôt comme un espace de validation et de débat international que comme le concepteur exclusif de l'ordre juridique mondial, reconnaissant ainsi des évolutions initiées par les dynamiques des États et des coalitions.
Le constructivisme met en lumière la reconfiguration des normes et des représentations collectives : l’affirmation de "l’autonomie crédible" comme cadre de référence international témoigne d’un processus légitime de redéfinition, qui s’inscrit dans le respect du droit international en vigueur, sans remettre en cause sa validité ni celle de la position marocaine dans le débat sur la légitimité.
Moment de vérité, puis construction longue
Si l'abstention russe se confirme et si Pékin vote positivement, la résolution américaine devrait passer, consacrant politiquement la prééminence de l'autonomie comme solution au Sahara. Ce serait une victoire diplomatique majeure pour Rabat et une défaite narrative pour le camp du référendum. Mais ce ne serait pas la fin de l'histoire.
La paix ne se décrète pas : elle se construit, progressivement. Les semaines suivantes seront décisives pour transformer l'élan en architecture : ouvrir des négociations crédibles, répondre aux préoccupations légitimes des populations, poser des garanties robustes, et maintenir ouverte la main tendue à Alger.
Dans un Maghreb qui n'a jamais autant eu besoin de respirer, l'enjeu dépasse les chancelleries : il touche à la prospérité des sociétés, à la sécurité du Sahel, et à la capacité de la région à se projeter dans un avenir commun.
Par Hicham EL AADNANI - Consultant en intelligence stratégique
La paix ne se décrète pas : elle se construit, progressivement. Les semaines suivantes seront décisives pour transformer l'élan en architecture : ouvrir des négociations crédibles, répondre aux préoccupations légitimes des populations, poser des garanties robustes, et maintenir ouverte la main tendue à Alger.
Dans un Maghreb qui n'a jamais autant eu besoin de respirer, l'enjeu dépasse les chancelleries : il touche à la prospérité des sociétés, à la sécurité du Sahel, et à la capacité de la région à se projeter dans un avenir commun.
Par Hicham EL AADNANI - Consultant en intelligence stratégique