
C’est le genre de paradoxe que seul le climat peut créer : dans un pays où l’eau se fait rare, les tomates sont toujours rouges et brillantes en rayons. Le maraîchage, ce pilier de la sécurité alimentaire marocaine et de l’export, avance sous perfusion. D’engrais. D’irrigation. D’adaptations de fortune. Mais surtout d’un système qui commence à se fissurer.
Au SIAM 2025, la filière maraîchère s’affiche pimpante. Conférences, graphiques, innovations en hydroponie, serres high-tech, drones pour traquer l’oidium… On dirait presque un remake de Silicon Valley, version semoule. Et pourtant, dans la plaine du Souss, dans les zones de bour, dans les marges rurales, les maraîchers vivent une autre réalité : celle des puits qui s’épuisent, des récoltes brûlées, des maladies qui explosent avec la chaleur.
Le maraîchage est devenu un sport extrême. Il faut jongler avec les températures, les nouveaux ravageurs, les cycles d’eau erratiques. Certains s’adaptent avec brio. D’autres lâchent. Le vrai défi ? Gérer la transition. Réduire la dépendance à l’eau sans ruiner les producteurs. Changer les habitudes sans casser les débouchés. Car le marché, lui, ne comprend pas les sécheresses : il veut ses tomates en février et ses courgettes calibrées.
Alors, on cherche. Des semences plus résistantes. Des systèmes goutte-à-goutte plus malins. Une phytoprotection plus durable. On parle de souveraineté semencière, de gestion intégrée, de filières territorialisées. C’est noble. C’est nécessaire. Mais est-ce suffisant ?