Une demande intérieure robuste portée par la consommation et l’emploi
Les chiffres récemment publiés par le ministère de l’Économie et des Finances confirment une demande intérieure résiliente, malgré un environnement international incertain. Au total, 220 000 emplois rémunérés ont été créés au troisième trimestre, un signe encourageant dans un contexte où l’emploi des jeunes reste une préoccupation sociale majeure pour de nombreuses familles marocaines.
Dans les marchés locaux – des souks de Fès aux centres urbains de Casablanca – cette création d’emplois se ressent, même si beaucoup restent inquiets quant à la qualité et la pérennité de ces postes. Cette dynamique de l’emploi est directement liée à la stabilité des prix à la consommation : l’inflation est restée négative en novembre, à -0,3 %, ce qui a dopé le pouvoir d’achat des ménages et la confiance des consommateurs au fil de l’année.
Parallèlement, les transferts des Marocains résidant à l’étranger ont augmenté, offrant un soutien significatif à la consommation domestique. L’accès au crédit à la consommation, en progression, a également joué un rôle crucial dans cette solidité de la demande interne.
Investissement public en hausse : leviers structurels à l’œuvre
Les dépenses d’investissement de l’État ont grimpé de 16,9 % à fin novembre, tirées par de grands projets d’infrastructures et des programmes d’équipement public qui structurent l’économie marocaine.
Ce mouvement reflète une volonté politique forte de soutenir des secteurs clés comme les transports, l’énergie ou encore le tourisme. Par exemple, un grand prêt de l’Banque africaine de développement de 270 millions d’euros a été approuvé pour moderniser les aéroports en vue de la Coupe du monde de football 2030, renforçant la connectivité aérienne du pays.
Les investissements directs étrangers ont aussi progressé, avec une hausse notable de 28,2 % à fin octobre, attestant de l’attractivité du Royaume malgré les turbulences mondiales.
Tourisme : un secteur en plein essor
Le secteur des services, et plus particulièrement le tourisme, a été l’un des principaux moteurs de croissance en 2025. Le Maroc devrait enregistrer 18 millions d’arrivées touristiques d’ici la fin de l’année, dépassant ainsi les niveaux d’avant crise et consolidant sa position sur la carte des grandes destinations mondiales.
Ce chiffre représente une hausse d’environ 14 % par rapport à l’année précédente et traduit la résilience du secteur dans un contexte global où la croissance touristique plafonne. Le chiffre d’affaires estimé pourrait atteindre près de 124 milliards de dirhams, reflétant une progression significative des recettes en devises liées au tourisme.
Cette performance s’explique notamment par une connectivité aérienne renforcée et une promotion internationale accrue, qui ont attiré davantage de visiteurs étrangers, mais aussi par le retour des Marocains résidant à l’étranger, particulièrement durant les saisons estivales.
Industrie, agriculture, et commerce extérieur : un tableau nuancé
Dans l’industrie, les résultats sont disparates : la production manufacturière a progressé de 2,2 %, tandis que les industries extractives ont affiché une croissance plus confortable de 7,4 %. L’électricité a vu sa production augmenter de 6,1 %, et les ventes de ciment, un indicateur clé de la construction, ont bondi de 10,6 %, signe d’une activité robuste dans le BTP.
Sur le plan agricole, des conditions climatiques favorables ont soutenu la campagne 2025-2026, même si les taux de remplissage des barrages restent modérés, à 34,7 %, ce qui rappelle les défis hydriques structurels du Royaume – une réalité bien connue des agriculteurs de l’intérieur.
À l’international, les exportations ont progressé de 2,6 % à fin octobre, portées par les phosphates et dérivés (+16,7 %), l’aéronautique (+8,3 %) et l’agroalimentaire (+1,1 %). Cependant, les importations ont augmenté plus rapidement (+9,4 %), ce qui a creusé le déficit commercial de 19,6 % et fait chuter le taux de couverture à 56,5 %.
Finances publiques sous tension
Perspectives encadrées
À l’échelle mondiale, la croissance mondiale devrait ralentir légèrement, avec des prévisions d’environ 2,9 % en 2026, contre 3,2 % en 2025, accentuant les incertitudes pour les économies émergentes comme le Maroc.
Pour le Maroc, où le prochain exercice budgétaire devra composer avec ces tensions, l’enjeu sera de transformer les moteurs de croissance interne – consommation, tourisme, investissement – en leviers durables, tout en réduisant les déséquilibres extérieurs et budgétaires.
En 2025, l’économie marocaine a montré sa capacité à résister et même à progresser dans plusieurs secteurs clés. Mais cette résilience cohabite avec des défis structurels persistants : déficit commercial élargi, pression budgétaire accrue, et dépendance à certains moteurs de croissance. Le pari pour 2026 sera de consolider ces acquis, tout en renforçant l’équilibre macroéconomique pour une croissance plus soutenable et inclusive.