Maroc – GenZ212 : Enfin, une contestation apaisée, des demandes claires


Rédigé par La rédaction le Vendredi 3 Octobre 2025



Une scène citoyenne maîtrisée : "Règle du jeu claire : droit de manifester, refus de la violence"

Jeudi 2 octobre, Casablanca, Rabat, Tanger, Fès et de nombreuses villes ont vu se rassembler des milliers de jeunes sous la bannière de GenZ212. Même décor, autre ambiance : la mobilisation s’est déroulée dans un calme exemplaire, avec un message simple et puissant — réformer vite et bien la santé et l’éducation. Dans un pays où ces deux services publics structurent le quotidien, la jeunesse a choisi la méthode : visibilité, discipline et esprit civique.

Dès 18h, les sit-in se sont mis en place dans des espaces ouverts et identifiés à l’avance. Le mot d’ordre diffusé en amont était clair : « zéro violence, zéro vandalisme ». Les forces de l’ordre ont assuré l’encadrement sans tension et facilité la circulation. Des gestes symboliques ont marqué la soirée : des applaudissements adressés aux policiers à Rabat, des fleurs remises aux agents de la Sûreté nationale et aux Forces auxiliaires à Khouribga. Ces images donnent le la d’un mouvement qui entend affirmer ses idées en respectant les institutions et l’espace public.

Au cœur des messages : un accès équitable aux soins, des hôpitaux fonctionnels, davantage de médecins et de personnel soignant, et un système éducatif qui réduit les inégalités, désature les classes et combat le décrochage. Les banderoles et prises de parole ont fait remonter des attentes concrètes : des investissements lisibles, des calendriers d’exécution et des indicateurs publics de suivi. À Casablanca, sur la place des Nations-Unies, les jeunes ont insisté sur l’écart entre promesses et résultats, tout en rappelant leur refus des débordements. La frontière est ainsi posée : la contestation est citoyenne, la violence n’en fait pas partie.

Les tensions du début de semaine dans certaines localités ont rappelé les risques d’embrasement. La réponse du jour, pacifique, organisée, recentre le débat. En faisant primer la responsabilité collective, la génération Z envoie un signal : ce mouvement est d’abord un appel à l’efficacité publique, pas une fuite en avant. Ce recentrage donne de la crédibilité aux revendications et crée un cadre propice au dialogue.

Règle du jeu claire : droit de manifester, refus de la violence
Le cadre légal et institutionnel est rappelé : la liberté d’expression et de manifester est reconnue et protégée ; les atteintes aux personnes et aux biens sont proscrites et poursuivies. Ce double principe — respect des droits et de la loi — a trouvé son application sur le terrain, où chacun a tenu son rôle. Cette lisibilité renforce la confiance et facilite la suite : travailler, ensemble, sur des solutions.

La réussite de la mobilisation du 2 octobre valide deux idées. Premièrement, GenZ212 sait s’organiser, fixer des horaires, choisir des lieux et produire un message cohérent. Deuxièmement, la méthode pacifique permet d’élargir l’audience, d’embarquer les indécis et d’ouvrir des portes.

L’enjeu désormais n’est pas de répéter les rassemblements, mais de convertir cette énergie en résultats : recrutement et fidélisation des professionnels de santé, modernisation hospitalière, gouvernance et financement des écoles, lutte contre la surcharge des classes, accompagnement des élèves à risque.

Cette maturité peut accélérer l’agenda public. Des réponses tangibles existent : budgets programmés sur plusieurs années, contrats de performance avec publication trimestrielle des avancées, partenariats territoriaux entre CHU, hôpitaux de proximité et facultés de médecine, autonomie pédagogique des établissements, tutorat et remédiation ciblée contre le décrochage. Plus les objectifs seront mesurables, plus la confiance s’installera. La jeunesse a fixé le cap ; aux décideurs de préciser les étapes, les moyens et les dates.

Le pays gagne toujours à transformer la contestation en conversation. La soirée du 2 octobre prouve qu’un cadre apaisé n’édulcore pas les demandes, il les rend plus audibles. Santé et éducation restent des priorités nationales parce qu’elles conditionnent l’égalité des chances, la compétitivité et la cohésion sociale. En faisant le choix de la responsabilité, GenZ212 a renforcé la légitimité de ces priorités.

La génération Z a montré qu’elle sait se mobiliser sans casser, convaincre sans crier et tenir une ligne stratégique : réclamer des réformes utiles, mesurables et rapides. Le signal est positif, la fenêtre est ouverte. Il appartient désormais aux institutions d’entrer dans le dur — objectifs, budgets, calendriers — et de donner à cette confiance une traduction concrète. Quand la rue devient constructive, l’État a tout à gagner à l’être aussi.

À la suite des épisodes de vandalisme et de débordements constatés dans plusieurs villes du Royaume durant les manifestations de la génération Z, le collectif GenZ212 a annoncé, via ses canaux sur les réseaux sociaux, le lancement d’une campagne citoyenne de nettoyage. Cette initiative se veut une réponse concrète et symbolique aux dégradations causées, tout en traduisant la volonté des jeunes de marquer leur attachement aux valeurs de civisme et de pacifisme.




Vendredi 3 Octobre 2025
Dans la même rubrique :