Pour la cinquième année consécutive, le Maroc confirme la montée en puissance de ses exportations de poivrons doux, désormais l’une des principales filières de légumes après la tomate. Selon les données d’EastFruit, les volumes exportés ont atteint 189 200 tonnes, générant 240 millions de dollars, soit une progression de 3,7 % par rapport à la campagne précédente, et une croissance moyenne de 13 % par an sur cinq campagnes.
La campagne commence dès octobre avec les variétés précoces et atteint ses pics en janvier (25 000 tonnes) et en mars (23 000 tonnes), avant un ralentissement à partir de juin sous l’effet des fortes chaleurs, qui pèsent sur la qualité et les volumes disponibles. « Quand l’été arrive, la chaleur grignote la qualité et pèse sur les volumes », explique un producteur de Berkane, soulignant la fragilité climatique de la filière.
Le marché européen demeure la principale destination, avec 82 % des exportations concentrées sur l’Espagne, la France, l’Allemagne et les Pays‑Bas. L’Afrique de l’Ouest, principalement la Mauritanie et le Sénégal, représente environ 7 % des volumes. Le Royaume‑Uni se distingue par une dynamique impressionnante, multipliant par quinze ses importations en cinq ans. La diversification des marchés progresse également : les destinations secondaires ont représenté 5 % des volumes, contre 3,5 % un an plus tôt, avec 19 pays ayant importé plus de 100 tonnes contre 15 auparavant.
Cette performance s’inscrit dans un contexte plus large de résilience du secteur agricole marocain. Les exportations de tomates ont également atteint des niveaux records sur la même période, confirmant le rôle croissant du Maroc comme fournisseur fiable pour les marchés internationaux.
Cependant, les défis climatiques vagues de chaleur, sécheresse et perturbations saisonnières imposent des adaptations permanentes : irrigation intelligente, semences résistantes et planification fine des récoltes sont désormais indispensables pour maintenir la compétitivité des produits marocains.
L’essor des poivrons doux illustre la capacité du Maroc à conjuguer croissance, innovation et adaptation. Derrière ces chiffres se cache une histoire de résilience, de savoir-faire agricole et de stratégie commerciale. Si le Royaume parvient à sécuriser sa production et à diversifier ses marchés, les poivrons doux continueront de renforcer la place du Maroc sur la carte mondiale de l’agriculture exportatrice.