68 milliards… et en baisse ! Le Maroc surprend dans un monde surendetté
L’annonce arrive alors que la région Moyen-Orient, Afrique du Nord, Afghanistan et Pakistan (MENAP) traverse une tempête financière. Les sorties nettes de capitaux atteignent des niveaux historiques et les remboursements dépassent largement les nouveaux emprunts. Dans ce paysage instable, le Maroc parvient à maintenir une forme d’équilibre, soutenu par un revenu national brut en hausse et des flux financiers positifs.
Le recul de la dette intervient au moment où les finances internationales sont sous pression. Le service de la dette pèse de plus en plus, les taux mondiaux restent élevés et les exportations des pays émergents sont bousculées par les tensions commerciales. Malgré tout, le Maroc maintient une position solide, même si la vigilance reste de mise.
Sur la structure de la dette, la tendance reste claire : le long terme domine. Sur les 67,99 milliards, plus de 57 milliards relèvent de dettes à long terme, principalement publiques et garanties par l’État. Les créanciers officiels multilatéraux et bilatéraux restent les partenaires privilégiés du Royaume, avec une présence marquée de la Banque mondiale. Parallèlement, les engagements auprès des acteurs privés se rééquilibrent : les obligations internationales progressent, mais les emprunts commerciaux reculent.
Le Maroc profite également de flux financiers nets positifs, à hauteur de 1,33 milliard de dollars en 2024. Les investissements en capitaux propres jouent un rôle clé dans cette dynamique, tandis que la dette privée non garantie poursuit sa montée.
L’un des signaux les plus encourageants reste la baisse du recours au FMI, dont l’encours tombe de 3,91 à 3,28 milliards de dollars. Une manière de réduire la dépendance aux financements concessionnels et d’affirmer une meilleure capacité à gérer les besoins internes.
Le rapport souligne toutefois plusieurs risques à surveiller. Le premier concerne les turbulences du commerce mondial, susceptibles de freiner les exportations marocaines, pilier essentiel du service de la dette. Le deuxième touche au coût du refinancement, tiré vers le haut par des taux mondiaux durablement élevés. Le troisième risque réside dans la pression sur les finances publiques : plus l’État investit, plus la marge budgétaire se resserre.
Malgré cela, le Maroc conserve des fondamentaux solides. Avec un RNB de 152 milliards de dollars et une population de 38 millions d’habitants, le pays dispose d’une base économique robuste. Les ratios de dette restent dans la zone de confort : 99 % des exportations, 45 % du RNB, un service de dette contenu à 13 % des exportations.