Par Said Temsamani
Chaque été, un phénomène se répète, presque chorégraphié : des millions de Marocains établis aux quatre coins du globe regagnent leur terre natale. Valises chargées de cadeaux, d’émotions et de souvenirs, ils renouent le temps de quelques semaines avec leurs racines, avant de reprendre le chemin de leurs vies d’adoption.
Ce rituel, aussi chaleureux qu’il soit, met en lumière un paradoxe frappant : la diaspora marocaine, l’une des plus dynamiques et talentueuses au monde, demeure un capital humain largement sous-exploité. Les transferts financiers - essentiels - ne sauraient masquer la réalité : le Maroc ne tire pas encore pleinement parti de l’intelligence collective, de l’expertise et des réseaux que ses enfants expatriés ont patiemment construits.
Ce rituel, aussi chaleureux qu’il soit, met en lumière un paradoxe frappant : la diaspora marocaine, l’une des plus dynamiques et talentueuses au monde, demeure un capital humain largement sous-exploité. Les transferts financiers - essentiels - ne sauraient masquer la réalité : le Maroc ne tire pas encore pleinement parti de l’intelligence collective, de l’expertise et des réseaux que ses enfants expatriés ont patiemment construits.
L’attachement est là, mais l’engagement reste timide
Ils sont plus de cinq millions à vivre à l’étranger. Ingénieurs de haut vol, chercheurs dans les plus grands laboratoires, entrepreneurs visionnaires, cadres dirigeants dans les plus prestigieuses entreprises… Cette force vive dispose d’un potentiel économique, technologique et culturel colossal. Pourtant, leur contribution au développement national reste, dans la plupart des cas, cantonnée aux transferts d’argent et à l’investissement immobilier.
Lors du discours du 6 novembre 2024, marquant le 49ᵉ anniversaire de la Marche Verte, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a lancé un appel clair : il ne s’agit plus seulement de compter sur le soutien économique de la diaspora, mais de l’intégrer au cœur des stratégies de développement. Transfert de savoir-faire, partenariats innovants, diplomatie économique et culturelle… le Souverain a esquissé une vision où les MRE deviennent des architectes actifs du Maroc de demain.
Mais cette ambition se heurte à des obstacles persistants : bureaucratie dissuasive, absence de dispositifs d’accompagnement adaptés, manque de reconnaissance institutionnelle des compétences acquises à l’étranger. Autant de freins qui transforment l’envie d’agir en frustration.
Lors du discours du 6 novembre 2024, marquant le 49ᵉ anniversaire de la Marche Verte, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a lancé un appel clair : il ne s’agit plus seulement de compter sur le soutien économique de la diaspora, mais de l’intégrer au cœur des stratégies de développement. Transfert de savoir-faire, partenariats innovants, diplomatie économique et culturelle… le Souverain a esquissé une vision où les MRE deviennent des architectes actifs du Maroc de demain.
Mais cette ambition se heurte à des obstacles persistants : bureaucratie dissuasive, absence de dispositifs d’accompagnement adaptés, manque de reconnaissance institutionnelle des compétences acquises à l’étranger. Autant de freins qui transforment l’envie d’agir en frustration.
Un cap politique clair : réformer pour mieux inclure
Conscient de ces défis, le Royaume engage une refonte en profondeur des institutions dédiées à la diaspora. La réforme annoncée par le Roi repose sur deux piliers majeurs :
Refondre le Conseil de la Communauté Marocaine à l’Étranger (CCME) pour en faire un véritable think tank opérationnel, capable de traduire les aspirations de la diaspora en projets concrets. Créer la Fondation Mohammedia des Marocains Résidant à l’Étranger, chargée de piloter une stratégie nationale cohérente, avec des objectifs mesurables et des moyens adaptés.
Derrière ces institutions, une feuille de route se dessine : numériser et simplifier les démarches administratives, assouplir le cadre juridique des investissements, et surtout, mettre en place un Mécanisme national de mobilisation des compétences pour connecter les talents marocains de l’étranger aux besoins réels du pays.
Refondre le Conseil de la Communauté Marocaine à l’Étranger (CCME) pour en faire un véritable think tank opérationnel, capable de traduire les aspirations de la diaspora en projets concrets. Créer la Fondation Mohammedia des Marocains Résidant à l’Étranger, chargée de piloter une stratégie nationale cohérente, avec des objectifs mesurables et des moyens adaptés.
Derrière ces institutions, une feuille de route se dessine : numériser et simplifier les démarches administratives, assouplir le cadre juridique des investissements, et surtout, mettre en place un Mécanisme national de mobilisation des compétences pour connecter les talents marocains de l’étranger aux besoins réels du pays.
Les partis politiques à l’épreuve de la crédibilité
Si la vision royale trace un cap, la réussite dépendra de l’engagement des partis politiques. Or, jusqu’ici, leur action est restée timorée. Les antennes créées à l’étranger servent trop souvent de vitrines électorales, plus que de passerelles stratégiques.
Résultat : une confiance fragile, et parfois une indifférence croissante de la diaspora envers les discours venus du pays.
Pour inverser la tendance, il faut rompre avec la logique du symbole et passer à celle du résultat. Cela implique :
Des guichets uniques MRE pour centraliser l’information, accélérer les procédures et fournir un accompagnement sur mesure. La reconnaissance des diplômes et expériences professionnelles acquis à l’étranger, afin d’intégrer immédiatement les compétences. Des incitations fiscales ciblées pour orienter les investissements vers les secteurs productifs et innovants. Une représentation institutionnelle réelle des MRE dans les conseils stratégiques et les instances de décision.
Résultat : une confiance fragile, et parfois une indifférence croissante de la diaspora envers les discours venus du pays.
Pour inverser la tendance, il faut rompre avec la logique du symbole et passer à celle du résultat. Cela implique :
Des guichets uniques MRE pour centraliser l’information, accélérer les procédures et fournir un accompagnement sur mesure. La reconnaissance des diplômes et expériences professionnelles acquis à l’étranger, afin d’intégrer immédiatement les compétences. Des incitations fiscales ciblées pour orienter les investissements vers les secteurs productifs et innovants. Une représentation institutionnelle réelle des MRE dans les conseils stratégiques et les instances de décision.
Le moment de vérité
Le Maroc se trouve à un tournant stratégique. La mobilisation de la diaspora n’est plus un sujet secondaire, mais un levier déterminant pour affronter la compétition mondiale, attirer les innovations, et consolider l’influence du Royaume.
Aux MRE de saisir cette opportunité pour devenir des ponts vivants entre le Maroc et le monde. Aux responsables politiques de prouver que le pays sait accueillir, écouter et intégrer ses talents où qu’ils soient.
Car il y a une évidence : le Maroc de demain ne pourra pas se passer de ses enfants d’ailleurs. Mais encore faut-il leur offrir une raison forte - et crédible - de transformer leur attachement en engagement. L’histoire nous apprend que les nations qui savent mobiliser leur diaspora ne se contentent pas de croître… elles accélèrent.
Aux MRE de saisir cette opportunité pour devenir des ponts vivants entre le Maroc et le monde. Aux responsables politiques de prouver que le pays sait accueillir, écouter et intégrer ses talents où qu’ils soient.
Car il y a une évidence : le Maroc de demain ne pourra pas se passer de ses enfants d’ailleurs. Mais encore faut-il leur offrir une raison forte - et crédible - de transformer leur attachement en engagement. L’histoire nous apprend que les nations qui savent mobiliser leur diaspora ne se contentent pas de croître… elles accélèrent.