Moi IA agentique chez McKinsey, je vais "livrer le travail" et non assister les consultants


Rédigé par le Jeudi 28 Aout 2025

C'est peut-être avec la preuve par 9 de McKinsey & Company que les dirigeants de mon pays commenceront à réaliser la bascule civilisationnelle du travail

Hier encore, on pensait que « L’IA viendrait assister les consultants ». Autrement dit, les machines en appoint, l’humain au centre. Or voici que McKinsey l"un des Big Four inverse le paradigme : « L’IA va livrer » et non assister. McKinsey remplace 5 000 consultants par 12 000 IA.



Un tournant historique pour le conseil et un signal fort : l’avenir appartient aux stacks IA.

Il y a des annonces qui passent inaperçues, et puis il y a celles qui changent la grammaire d’un secteur. McKinsey & Company, temple du conseil stratégique, vient d’opérer l’une de ces ruptures qui font date : 5 000 consultants humains remerciés, 12 000 agents d’intelligence artificielle intégrés.

La formule est brutale, presque mathématique : soustraction d’hommes, addition de machines.

La fameuse « preuve par neuf », version XXIᵉ siècle, s’applique désormais aux bilans des cabinets de conseil.

​De l’assistance à la livraison : le discours renversé

Depuis cinq ans, la rhétorique officielle du secteur tenait en une phrase : « L’IA viendra assister les consultants ». Autrement dit, les machines en appoint, l’humain au centre. Or voici que McKinsey inverse le paradigme : « L’IA va livrer ». Non plus outil, mais opérateur. Non plus béquille, mais moteur. Cette nuance sémantique équivaut à une révolution industrielle miniature, concentrée dans les tours vitrées du conseil mondial.

Et le plus fascinant, c’est que la greffe a pris. Les clients n’ont pas fui, les contrats n’ont pas été annulés. Au contraire, McKinsey affirme que la satisfaction est en hausse. La vitesse d’exécution, dopée par les algorithmes, aurait convaincu même les plus sceptiques. Le vieux réflexe de se rassurer par le « temps homme facturé » se dissout devant des livrables plus rapides, moins chers et d’une qualité standardisée.

C’est une démonstration grandeur nature : si McKinsey a osé, alors tout le monde peut suivre et va suivre !

Les chiffres qui bousculent une industrie du conseil en attendant les autres

Quelques indicateurs suffisent à mesurer la bascule :

– L’IA interne de McKinsey, surnommée « Lilli », traite déjà 500 000 requêtes par mois, équivalant à 50 000 heures de conseil économisées.
– 25 % des projets ne sont plus facturés au temps passé, mais au résultat. C’est une rupture culturelle autant que financière.
– Le conseil en IA et technologie représente désormais 40 % des revenus, soit environ 6,4 milliards de dollars sur un total de 16.

Ces chiffres montrent deux choses : d’abord, l’IA n’est plus une vitrine marketing, c’est un cœur de métier ; ensuite, la logique du « temps vendu » se fissure.

Facturer à l’heure devient une relique, quand l’IA promet des résultats mesurables en quelques minutes. On change d"échelle, qui n'a pas encore compris cela ?

​La fin du modèle à forte intensité humaine

Depuis des décennies, les grands cabinets prospéraient sur une équation simple : recruter des bataillons de jeunes diplômés brillants, les faire travailler jour et nuit, et facturer leurs heures à prix d’or. Ce modèle « pyramidal » garantissait à la fois des marges confortables et une sélection impitoyable de talents.

Mais l’équation se dérègle. Car si une IA peut remplacer dix consultants juniors, qui a encore besoin d’armer des open-spaces entiers de cerveaux en costume gris ? Le modèle économique lui-même menace de s’effondrer. Ce que McKinsey a osé faire — sacrifier ses propres soldats pour préserver l’édifice — les autres n’osent pas encore.

Car le paradoxe est cruel : les cabinets savent qu’ils doivent s’auto-cannibaliser avant d’être cannibalisés de l’extérieur. Mais peu ont le courage de scier la branche dorée sur laquelle ils sont assis.

​Accenture, Deloitte, BCG, EY, PwC… et les autres

La question est désormais ouverte : qui suivra ?

– Accenture, Deloitte, BCG : pourquoi ne pas appliquer le même schéma à la stratégie, en remplaçant les analyses de marché manuelles par des dashboards en temps réel pilotés par IA ?
– EY, PwC, KPMG : qu’est-ce qui empêche de réinventer l’audit et la fiscalité autour de bots capables d’identifier en une nuit ce que des centaines d’auditeurs détectaient en trois mois ?
– Capgemini, Cognizant, IBM : pourquoi ne pas basculer la transformation digitale vers une orchestration quasi-automatique de la donnée et de l’expérience client ?

La réponse n’est pas technique car les outils existent. Elle est psychologique et financière : il faut accepter de saboter ses propres marges avant que d’autres ne le fassent.

​Le nouveau stack du conseil : agents + humains

À quoi ressemblera le cabinet de conseil du futur ? McKinsey en donne un aperçu :

– Des agents IA autonomes, capables d’analyser, recommander et exécuter.
– Une supervision humaine, concentrée sur la stratégie, l’éthique et l’interprétation des résultats.
– Des données en temps réel, extraites de capteurs économiques, financiers, réglementaires.
– Une livraison guidée par plateforme, standardisée, traçable, difficile à copier.


C’est une forme de cloud du conseil : plug-and-play, scalable, et paradoxalement plus fiable qu’une armée de consultants aux talents inégaux. Ce n’est plus une armée de cerveaux, mais une architecture. Non plus une pyramide humaine, mais un stack logiciel supervisé.

​Les gagnants et les perdants

Qui gagne ? Les clients, évidemment, qui obtiennent plus vite des livrables plus précis, pour moins cher. Les cabinets capables de pivoter à temps, aussi, car ils s’approprient une longueur d’avance concurrentielle.

Qui perd ? Les jeunes diplômés, qui voyaient encore le conseil comme un rite de passage, un accélérateur de carrière. Les business schools, dont le modèle économique reposait sur la promesse implicite : « viens chez nous, et McKinsey t’ouvrira ses portes ». Et, plus largement, un certain imaginaire du consultant en chemise blanche, ordinateur sous le bras, avion du lundi matin. Cette figure est en voie d’extinction.

​Le mythe de la confiance humaine

On aurait pu croire que les PDG et ministres, habitués aux dîners confidentiels avec des partners en costume, refuseraient de « faire confiance à une machine ». C’était mal mesurer l’appétit du capitalisme contemporain pour la vitesse et la précision. Le mythe du lien personnel s’efface devant le confort d’un livrable livré en 24h, sans surcharge horaire, sans erreur humaine. La confiance ne s’est pas dissoute : elle s’est déplacée, des hommes vers les systèmes.

C’est sans doute la plus grande victoire symbolique de McKinsey : prouver que l’IA peut inspirer autant de confiance qu’un partenaire humain, du moment qu’elle livre.

​Une bascule civilisationnelle

Au fond, ce n’est pas seulement l’histoire d’un cabinet. C’est un chapitre de la mutation plus large du travail du savoir. Ce qui arrive au conseil stratégique arrivera demain au droit, à la médecine, à la banque d’investissement. Partout où l’essentiel du travail consiste à analyser de l’information, formuler des recommandations, optimiser des décisions.

La différence, c’est que McKinsey agit comme un signal fort. Là où d’autres tergiversent, ils ont assumé la rupture. Et c’est pourquoi cette annonce mérite d’être lue comme une preuve par 9, un test grandeur nature de la bascule à venir.

Reste une leçon pour l’ensemble du secteur : ceux qui n’oseront pas se réinventer seront balayés. Le cabinet de conseil pyramidal, fondé sur la sueur d’une armée de juniors, appartient déjà au musée. L’avenir se joue dans les stacks IA, dans la supervision humaine parcimonieuse, dans la livraison plateforme.

Et si McKinsey a pu briser son propre modèle sans s’effondrer, alors personne n’a d’excuse.

Le temps n’est plus aux rapports powerpoint interminables, mais à la rapidité, à la scalabilité et à la transparence. Ceux qui tarderont n’auront pas seulement perdu des parts de marché : ils auront perdu l’Histoire.

​McKinsey a osé faire ce que beaucoup redoutaient : substituer des agents IA à des consultants facturables. Non pas à la marge, mais massivement.

La greffe a pris, les clients sont restés, les résultats financiers suivent. Voilà pourquoi cette annonce est plus qu’une expérimentation interne : c’est une démonstration, une preuve par 9.

Et si le conseil, cœur battant du capitalisme de la connaissance, peut se transformer ainsi, c’est qu’aucun secteur n’est à l’abri. Hier les juniors de McKinsey, demain les avocats juniors, les banquiers juniors, les médecins juniors. La pyramide se renverse. La seule inconnue n’est plus si cela va se produire, mais à quelle vitesse.

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Jeudi 28 Aout 2025
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