Mourinho, l’ultime défi avant la Seleção ?


Rédigé par La rédaction le Vendredi 19 Septembre 2025

Par Kamal El Hassane

Vingt-cinq ans plus tard, la scène a un parfum de déjà-vu. Lisbonne accueille à nouveau l’enfant terrible du football portugais, celui qui, en 2000, avait quitté le SL Benfica avec fracas après seulement neuf matchs. José Mourinho, 62 ans, revient aujourd’hui là où tout a commencé, à un âge où beaucoup rangent déjà le tableau tactique. Mais lui préfère relancer la partie.



Il faut se souvenir de ce premier passage éclair.

À l’époque, Mourinho n’était qu’un jeune technicien audacieux, propulsé à la tête d’un club en crise. Son aventure s’était arrêtée net, victime des jeux politiques internes. Le nouveau président, Manuel Vilarinho, avait promis de ramener une vieille gloire, Toni, et n’avait pas hésité à tenir parole. Le jeune José en avait tiré une leçon qui façonnera tout son parcours : dans le football, les sentiments n’ont pas leur place.

Depuis, l’ancien adjoint de Bobby Robson au FC Barcelone a parcouru l’Europe comme peu d’entraîneurs. Porto et la Ligue des champions 2004, Chelsea et ses deux titres d’Angleterre, l’Inter et son triplé de 2010, le Real Madrid et son duel épique avec Guardiola, puis Manchester United, Tottenham, la Roma, Fenerbahçe. Partout, il a laissé une trace, parfois glorieuse, parfois conflictuelle, toujours marquante. Cinq finales européennes disputées, cinq remportées. Des vestiaires conquis, des présidents défiés, des rivalités qui nourrissent encore les archives du football.

Le décor de son retour est digne de sa réputation.

Benfica sort d’une période morose : élimination humiliante contre Qarabağ en Ligue des champions, résultats en dents de scie en championnat. Rui Costa, président contesté et menacé par des élections imminentes, a trouvé dans Mourinho un atout électoral et un symbole fort. Officiellement engagé jusqu’en 2027, le Special One bénéficie d’une clause qui autorise une rupture dès la fin de la saison. Les Aigles lui ont déroulé le tapis rouge, conscients que sa seule présence redonne du poids à leur projet européen.

Pour Mourinho, l’enjeu dépasse la simple mission de redressement. Il connaît déjà la Champions League sur le bout des doigts. Il sait aussi qu’un ultime défi se profile peut-être derrière ce retour. Beaucoup au Portugal rêvent de le voir prendre un jour les commandes de la Seleção. Après avoir marqué l’histoire des clubs, l’idée de conclure par l’équipe nationale a tout d’un épilogue naturel. Ce passage à Benfica, dans un contexte électrisé, pourrait servir de tremplin vers ce destin.

Bien sûr, rien n’est jamais simple avec lui.

Ses méthodes directes, son exigence absolue et sa personnalité volcanique peuvent diviser. Mais c’est précisément ce mélange de rigueur et de charisme qui continue de séduire. Mourinho reste ce stratège capable de transformer un vestiaire hésitant en une armée disciplinée, d’allumer une flamme que beaucoup pensaient éteinte.

Le public lisboète l’a accueilli comme on salue un champion revenu des batailles. En conférence de presse, il a rappelé que refuser Benfica était impossible, tout en évitant toute promesse irréaliste. L’homme a changé, l’orgueil est intact. Il sait que l’Europe le regarde, que chaque décision sera scrutée. Pour Benfica, c’est l’occasion de retrouver une stature perdue. Pour Mourinho, c’est peut-être la dernière grande aventure d’une carrière où chaque étape a été un événement.

À l’aube de cette nouvelle campagne, le Special One reprend sa place sous les projecteurs.

Pas pour le romantisme, mais pour ce qu’il sait faire de mieux : gagner. Benfica espère un miracle, lui vise simplement la victoire. Et dans ce jeu qu’il maîtrise mieux que quiconque, il reste, malgré les années, un maître incontesté, ‘The Special One’.

Par Kamal El Hassane

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Vendredi 19 Septembre 2025
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