Nizar Baraka et le pari d’une démocratie marocaine réhabilitée


Rédigé par La rédaction le Mercredi 22 Octobre 2025

Dans un contexte où la confiance politique s’effrite et où le désenchantement citoyen s’installe, l’appel de Nizar Baraka, secrétaire général du Parti de l’Istiqlal, sonne comme une exigence de sursaut moral. Invité du journal télévisé de la chaîne publique marocaine 2M, il a déclaré : « Nous combattrons la corruption électorale par la loi et nous appelons les partis à signer un pacte commun pour moraliser la vie électorale. »

Derrière cette phrase, sobre mais lourde de sens, se dessine une volonté rare dans le débat politique marocain : réhabiliter la démocratie par l’éthique.



Une urgence démocratique

La démocratie marocaine, consolidée par la Constitution de 2011 et par la régularité des consultations électorales, souffre encore d’un mal profond : la défiance. Trop souvent, le citoyen perçoit le scrutin non comme un exercice de souveraineté, mais comme un théâtre d’influences, où l’argent et le clientélisme brouillent les lignes entre conviction et opportunisme. Dans ce contexte, la proposition de Nizar Baraka s’inscrit comme une réponse institutionnelle et morale à une attente largement partagée : celle d’un renouvellement des pratiques politiques.

Loin d’un simple effet d’annonce, le pacte de probité électorale qu’il appelle de ses vœux vise à instaurer une discipline commune entre les formations politiques. Un cadre clair, transparent et juridiquement encadré, qui permettrait de bannir les dérives liées à l’achat de voix, à l’usage abusif de l’influence ou aux manipulations de campagne. En d’autres termes : redonner sens à la compétition politique par la force de la loi et la valeur de l’exemple.

La morale comme levier politique

Le geste de Nizar Baraka s’inscrit dans une tradition nationale. Depuis sa création, le Parti de l’Istiqlal a fait de la probité publique un fondement de son identité. En remettant cette exigence au centre du débat, son secrétaire général rappelle que l’éthique n’est pas un supplément d’âme de la démocratie, mais sa condition de possibilité.

Ce positionnement, loin d’être naïf, constitue aussi une lecture stratégique du moment politique marocain : à l’heure où les jeunes générations doutent de l’utilité du vote, la bataille du futur se joue moins sur les slogans que sur la crédibilité. Ainsi, moraliser la vie électorale, ce n’est pas seulement combattre la corruption ; c’est restaurer la confiance, redonner du sens à l’engagement, replacer la politique dans son rôle premier : servir le bien commun.

Un pari sur la confiance

Le Maroc dispose aujourd’hui d’institutions solides et d’un cadre juridique moderne. Mais la vitalité démocratique ne se décrète pas : elle se cultive dans la cohérence entre les discours et les actes. En appelant à un pacte collectif, Nizar Baraka introduit une dimension transversale et inclusive : la lutte contre le dévoiement électoral n’est pas l’affaire d’un parti, mais le chantier d’une nation. Un tel pacte, s’il voit le jour, serait le signe d’une maturité démocratique renouvelée.

Il consacrerait le passage d’une logique de concurrence partisane à une logique de responsabilité partagée. Il marquerait surtout une inflexion majeure : celle d’une démocratie qui choisit de se réinventer par la morale plutôt que par la confrontation.

La réhabilitation par l’exemple

Dans cette perspective, le message de Nizar Baraka dépasse le cadre partisan pour rejoindre celui d’un réenchantement civique. En inscrivant l’éthique au cœur de la stratégie politique, il invite à repenser la modernité démocratique marocaine non pas comme une imitation de modèles extérieurs, mais comme une construction endogène, enracinée dans les valeurs de responsabilité, de dignité et de justice sociale. Réhabiliter la démocratie, c’est d’abord réhabiliter la confiance.

Et dans un temps où la parole publique se fragilise, où les démocraties elles-mêmes doutent d’elles-mêmes, le Maroc pourrait trouver dans ce pari moral une voie singulière de renouveau. Un pari exigeant, certes. Mais un pari nécessaire : celui de la dignité du vote et de la crédibilité de la politique.




Mercredi 22 Octobre 2025
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