Quand l’idéologie écrase l’avenir
Ces conseils rétrogrades ne sont pas que des mots. Ils ont un poids. Ils influencent, ils légitiment, ils valident des mentalités patriarcales qui sacrifient, chaque jour, les rêves de milliers de jeunes filles brillantes et ambitieuses. Combien quittent les bancs de l’école juste après leur mariage ? Combien sont forcées à abandonner leurs études par leur mari, leur famille ou la charge du foyer ? Combien voient leurs projets anéantis parce qu’on leur a dit : « c’est maintenant ou jamais » ?
Ce n’est pas une question d’opinion, c’est une réalité sur le terrain.
Les chiffres parlent — et crient l'urgence
Selon le ministre de la Justice Abdellatif Ouahbi, 97 % des filles mariées avant 18 ans quittent définitivement l’école. Ce chiffre, glaçant, montre l’ampleur de la catastrophe. Alors que l’État investit des milliards pour scolariser les filles, certains poussent tranquillement à leur déscolarisation précoce, sous prétexte de préserver une certaine « morale ».
Ce n’est pas du bon sens, c’est une trahison sociale.
L’éducation n’est pas un luxe, c’est un droit
L’éducation des filles ne devrait jamais être reléguée derrière le mariage, encore moins présentée comme un obstacle à leur « destin naturel ». Une fille a le droit d’apprendre, de choisir, de devenir ingénieure, médecin, journaliste, artiste ou ce qu’elle veut. Le rôle d’un responsable politique n’est pas de freiner l’émancipation, mais de la défendre.
Vouloir enfermer les filles dans un destin marital à tout prix, c’est perpétuer la dépendance économique, la soumission sociale, et l’invisibilisation politique. C’est construire un avenir à reculons.
Le Maroc mérite mieux
Le Maroc n’a pas besoin de conseils rétrogrades. Il a besoin d’une vision audacieuse, féministe, inclusive. Il a besoin de leaders qui croient en la puissance de l’éducation, pas en la domination des traditions dépassées. Il a besoin de modèles qui élèvent, pas de figures qui figent.
À toutes les filles : votre place est sur les bancs de l’école, dans les universités, les labos, les médias, les parlements, les entreprises, les ateliers d’art. Pas dans un foyer imposé trop tôt au nom de la tradition.
Et à M. Benkirane : avec tout le respect que l’on vous doit, gardez vos conseils pour vous. Le Maroc mérite mieux.