ONU-Sahara marocain: nouvelle mission de la Minurso ?


Dans quelques semaines, la question du Sahara sera à nouveau à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, qui devrait adopter une nouvelle approche. Cinquante ans après la Marche verte, ce conflit nécessite un «changement urgent de cap», selon les propres termes du Secrétaire général de l’ONU.



Par Mustapha Sehimi

Dans son rapport publié le 31 juillet, qui couvre la période du 1er juillet 2024 au 30 juin 2025, Antonio Guterres tire la sonnette d’alarme, qualifiant le conflit d’«insoutenable». Il souligne que si aucune solution politique n’est trouvée, la stabilité régionale sera menacée.

Ce rapport sera le document de référence pour les discussions du Conseil de sécurité de l’ONU en octobre. Il met en lumière plusieurs facteurs inquiétants: des incidents initiés par les séparatistes armés, une impasse dans le processus politique et une crise humanitaire aggravée dans les camps de Tindouf. Face à ces risques d’escalade, le rapport réaffirme la nécessité d’une solution politique et appelle toutes les parties à «changer de cap de toute urgence».

Dans son rapport, Antonio Guterres mentionne également les efforts de son Envoyé personnel, Staffan de Mistura, qui a intensifié ses efforts de médiation en 2024 et 2025. Cependant, le rapport omet de préciser que l’envoyé a perdu en crédibilité, notamment après avoir proposé une partition lors d’une réunion à huis clos du Conseil de sécurité en octobre 2024.

Cela dit, le Secrétaire général de l’ONU a noté une consolidation des soutiens au plan d’autonomie. Il cite notamment les États-Unis, la France, le Royaume-Uni (membres permanents du Conseil de sécurité), mais également l’Allemagne, le Ghana ou le Kenya. Cette dynamique est le résultat d’une diplomatie marocaine active et d’une appréhension conséquente des aspects historiques, juridiques et politiques de la souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud.

Actuellement, on peut espérer que la prochaine réunion du Conseil de sécurité aboutira à une nouvelle étape décisive et conclusive sur ce dossier.

Plusieurs paramètres poussent dans ce sens. En octobre dernier, l’accent a déjà été mis sur la nécessité d’avancer, soulignant que le statu quo n’est plus viable. À cela s’ajoute le coût du budget de la Minurso (juillet 2025 - juin 2026), qui s’élève à 72 millions de dollars et emploie 427 personnes, dont 188 militaires et 239 civils.

De plus, il est important de souligner la position de l’administration Trump. Celle-ci s’est engagée à trouver une solution consensuelle et définitive basée uniquement sur l’Initiative marocaine d’autonomie de la région. Ce plan, déposé au Conseil de sécurité le 11 avril 2007, est continuellement qualifié de «sérieux, crédible et réaliste» dans le cadre du processus de règlement.

La nomination de Massad Fares Boulos comme Senior Advisor for Africa au département d’État traduit bien cette préoccupation. En juillet dernier, il avait entamé une tournée diplomatique au Maghreb dans le cadre d’une stratégie américaine centrée sur le commerce et la nécessité de la résolution des conflits. À Alger, les 26 et 27 juillet, il a été reçu par le président Tebboune et son ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf. Sur la question du Sahara marocain, il a réitéré la position de Washington, suscitant la frustration de ses interlocuteurs du côté algérien et le silence du mouvement séparatiste.

La prochaine réunion du Conseil de sécurité pourrait-elle traduire cette évolution et marquer la fin de ce dossier national? Traditionnellement, les États-Unis sont les principaux responsables de la rédaction du projet de résolution, leur rôle de «pen holder» leur conférant une influence majeure.

L’une des pistes à cet égard pourrait être le recadrage de la mission de la Minurso. Créée le 24 avril 1991 par la résolution 690, elle était au départ une opération de maintien de la paix, comme une bonne quinzaine d’autres dans le monde. Elle avait un double but: l’organisation d’un référendum et la surveillance des forces militaires en présence. Son mandat a été renouvelé lors de la signature du cessez-le-feu entre le Maroc et le mouvement séparatiste, cinq mois plus tard, en septembre 1991. Or, l’hypothèse d’un référendum est impraticable depuis 2003 par suite des désaccords persistants sur l’identification des électeurs. D’ailleurs, plus aucune référence n’est faite à cette opération référendaire ni dans les rapports du Secrétaire général de l’ONU ni dans les résolutions du Conseil de sécurité.

Le moment est venu de réorienter la mission de la Minurso sur l’application du projet d’autonomie marocain, qui bénéficie d’un large consensus au sein de la communauté internationale. Une adaptation essentielle pour tenir compte des réalités actuelles de la question nationale. Le calcul des voix du Conseil de sécurité rendrait cet amendement de la résolution 690 d’avril 1991 possible. Le projet bénéficie du soutien de trois membres permanents (États-Unis, France, Royaume-Uni) et de l’abstention de la Russie et de la Chine, ainsi que d’autres membres non permanents. De quoi relancer le processus de règlement et mettre fin à un conflit qui dure depuis un demi-siècle.



Vendredi 29 Aout 2025

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