PLF 2025 : une autonomie financière des SEGMA encore loin de la réalité

Analyse, 5 questions de l'opposition et 5 questions de la majorité


Rédigé par le Mardi 22 Octobre 2024

Les SEGMA, censés représenter l’autonomisation financière de l'État, sont loin d’incarner l’exemplarité affichée dans le Projet de Loi de Finances 2025. Derrière les chiffres flatteurs, une analyse plus approfondie révèle une gestion inefficace des ressources publiques et une dépendance chronique aux subventions qui démontre l’échec des ambitions affichées.



Alors que les SEGMA affichent des chiffres en apparence élogieux pour l’année 2024, ces performances doivent être analysées avec une grande prudence.

En effet, les résultats financiers de ces services censés fonctionner de manière autonome sont marqués par de nombreuses faiblesses qui remettent en cause la réalité de leur prétendue réussite.

Le total des recettes des SEGMA en 2024, évalué à 6,464 milliards de dirhams, semble impressionnant. Cependant, cette augmentation des recettes est surtout le fruit d’une gestion ponctuelle et d’une conjoncture favorable dans des secteurs comme la santé, où les recettes propres ont atteint 197,25% des prévisions.

Mais cette croissance masque des fragilités structurelles, notamment l’incapacité de nombreux SEGMA à générer des recettes propres suffisantes pour se passer des subventions publiques. Le rapport sur les SEGMA accompagnant le PLF 2025 montre bien que les SEGMA sont encore loin d’être financièrement indépendants, puisque 95,98% des subventions prévues ont été mobilisées en 2024.

En matière d’investissements, les faiblesses sont encore plus accrues. Malgré les besoins criants en infrastructures, seuls 23,91% des dépenses des SEGMA ont été orientés vers l’investissement, un chiffre largement insuffisant pour permettre une modernisation durable des services publics.

Cette carence dans l’allocation des ressources est particulièrement visible dans le secteur des infrastructures économiques, où à peine 28,12% des projets d'investissements ont été réalisés. Comment justifier une telle inertie quand les ressources semblent pourtant disponibles ?

Le secteur agricole et de la pêche maritime, quant à lui, reste à la traîne avec un taux de recouvrement de seulement 39,34%. Cette contre-performance met en lumière les difficultés structurelles que rencontrent ces SEGMA à atteindre l’autonomie financière. Comment peut-on parler d'une gestion réussie quand un secteur aussi stratégique ne réussit pas à financer la totalité de ses propres opérations et continue de dépendre de l'État pour survivre ?

Il est évident que les SEGMA peinent à atteindre l’autonomie promise, en dépit des chiffres affichés. Si la santé et les infrastructures économiques connaissent des hausses temporaires des recettes, d’autres secteurs, essentiels à l’économie du pays, continuent de dépendre des subventions publiques.

Cette dépendance chronique, loin de diminuer, remet en question la viabilité à long terme des SEGMA et révèle l'inefficacité des réformes initiées pour leur permettre de fonctionner de manière indépendante. Le véritable problème se situe dans la difficulté à transformer les ressources disponibles en investissements structurants.

Le manque d’exécution des projets d’infrastructure en 2024 est un signe inquiétant pour l’avenir. Sans une gestion efficace des projets et des investissements, les SEGMA continueront à afficher des résultats financiers en trompe-l'œil, masquant les failles d’un système mal conçu.

Il est urgent de repenser la stratégie des SEGMA pour 2025 et au-delà, en adoptant une approche plus rigoureuse de la gestion des ressources publiques. La fausse illusion d’autonomisation financière et de gestion réussie ne doit pas faire oublier les défaillances qui compromettent l’efficacité de ces entités publiques.

Si j'étais parlementaire de l'opposition, j'aurai posé ces 5 questions à Madame la Ministre des finances

Madame la Ministre, comment expliquez-vous l'incapacité des SEGMA à atteindre une véritable autonomie financière, malgré les réformes annoncées, alors que 95,98 % des subventions publiques ont été mobilisées en 2024 ? Le rapport montre que seulement 23,91 % des dépenses des SEGMA ont été allouées à l'investissement. Pourquoi un secteur aussi stratégique pour la modernisation des services publics continue-t-il à être négligé sur ce point crucial ? Malgré l'augmentation des recettes propres dans certains secteurs comme la santé, comment justifiez-vous que des domaines essentiels, tels que l'agriculture et la pêche maritime, continuent de dépendre massivement de l'État avec un taux de recouvrement de seulement 39,34 % ? Les projets d’infrastructure des SEGMA n’ont été réalisés qu’à 28,12 % en 2024. Comment le gouvernement entend-il redresser la situation et garantir une meilleure exécution des projets, alors que les ressources semblent disponibles ? Le gouvernement parle de réussite dans la gestion des SEGMA, mais les fragilités structurelles sont évidentes. Quels sont les plans concrets pour remédier à cette dépendance chronique aux subventions publiques et garantir une vraie modernisation des SEGMA ?

Si j'étais parlementaire de la majorité, j'aurai posé ces 5 questions à Madame la Ministre des finances

Madame la Ministre, les SEGMA ont réalisé une augmentation des recettes propres impressionnante en 2024. Comment le gouvernement prévoit-il de capitaliser sur cette dynamique pour accélérer leur transition vers l'autonomie financière ? Bien que des secteurs comme la santé aient largement dépassé les prévisions de recettes, quelles mesures sont prévues pour renforcer les performances dans les secteurs plus fragiles, comme l'agriculture et la pêche maritime, afin de les rendre financièrement autonomes ? Avec seulement 23,91 % des dépenses des SEGMA consacrées aux investissements, comment le PLF 2025 compte-t-il redresser la situation et assurer une modernisation durable des infrastructures et services publics ? Les projets d'infrastructure des SEGMA peinent à se concrétiser, malgré des ressources disponibles. Quelles mesures de suivi et de gestion des projets seront mises en place pour garantir une exécution plus rigoureuse et améliorer les taux de réalisation ? La dépendance aux subventions publiques reste un enjeu pour de nombreux SEGMA. Quelles stratégies à moyen et long terme sont envisagées pour les rendre plus performants et moins dépendants du soutien de l'État tout en continuant à fournir des services de qualité ?

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Mardi 22 Octobre 2024
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