Entre indignation politique et réactions de la famille, la statue devient sujet sensible
Le Conseil municipal a soulevé un problème qu’il juge important : ces gestes ne seraient pas anodins. Selon les élus, ils participent à une forme de banalisation du contact non consenti avec la représentation du corps féminin. Pour eux, c’est un acte symbolique qui renvoie à une appropriation du corps des femmes dans l’espace public. Ils veulent donc limiter l’accès au buste : barrières, pancarte explicative, voire rehaussement du socle. Une manière, disent-ils, de protéger à la fois la statue et le message qu’elle véhicule.
À Montmartre, les seins de Dalida font débat : Paris s'étripe autour d’un buste
Mais la polémique a pris une autre dimension lorsque Orlando, frère de Dalida, est monté au créneau. Sur RTL, son message a été clair : « C’est ridicule ! » Pour lui, on confond tout. Il rappelle que le buste est une œuvre, pas la chanteuse elle-même, et que ces gestes relèvent plutôt d’une tradition « affectueuse », censée porter bonheur. Il affirme ne pas connaître l’origine de cette coutume, mais il y voit un geste de tendresse : « Les seins des femmes représentent aussi la mère. C’est peut-être un geste de refuge… »
Orlando refuse catégoriquement les barrières et la moralisation excessive. Pour lui, la mairie fait une montagne de pas grand-chose. Il en profite même pour tacler la polémique : « À force de vouloir tout interdire, on finit par ne rien interdire ». Il rappelle qu’il a offert le buste à la ville et qu’aucune décision ne peut être prise sans son accord. À la rigueur, dit-il, il accepterait de surélever le socle, histoire de décourager les touristes trop tactiles. Mais rien de plus.
Ce débat met en lumière un Paris tiraillé entre mémoire artistique et sensibilités contemporaines. D’un côté, des élus qui veulent instaurer une nouvelle lecture du patrimoine, plus respectueuse du corps représenté. De l’autre, une famille et des visiteurs qui voient dans ce geste un rituel folklorique, presque un clin d’œil à l’aura fascinante de Dalida. Orlando insiste : ces gestes participent à la légende de la diva, qui attire encore aujourd’hui des milliers de visiteurs. « On n’a pas beaucoup de monuments qui créent autant d’engouement », rappelle-t-il, en invitant la mairie à ne pas « tuer » ce charme.
L’affaire, loin d’être secondaire, révèle un vrai débat : comment interpréter les gestes faits aux œuvres publiques ? S’agit-il de manque de respect, de tradition naïve ou de pratique problématique ? Paris devra trancher. Et pendant ce temps, sur la butte Montmartre, sous les flashes des smartphones, le buste de Dalida continue de briller… au propre comme au figuré.