Parlement : après le quotient électoral, pourquoi pas une amnistie ?




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Parlement : après le quotient électoral, pourquoi pas une amnistie ?  (973.69 Ko)

Maâti Monjib est, donc, libre, quoique sous conditions. L’essentiel est qu’il se trouve aujourd’hui parmi les siens. Mais il est le seul parmi tant d’autres, encore privés des leurs. M. Monjib était en grève de la faim depuis trois semaines et il aurait été du plus mauvais effet qu’il décède en détention, criant son innocence dans son dernier souffle. La justice l’a donc remis en liberté, conditionnelle certes mais liberté quand même.
 
L’historien est sorti de prison à quelques heures de nominations à la tête de l’édifice judiciaire du royaume, avec Mohamed Abdennabaoui et Hassan Daki respectivement en premier président et en procureur général près de la Cour de Cassation. Ces deux hauts, très hauts magistrats auront comme objectif de remettre de l’ordre dans l’appareil de Dame Justice au Maroc, quelque peu souffrante depuis des années.
 
Les réfractaires à tout diront que ces nominations sont un tour de vis supplémentaire et les thuriféraires de tout soutiendront que c’est… merveilleux. Mais entre le noir absolu et le blanc immaculé, on trouve une large zone de gris, dans laquelle chacun se situera comme il le souhaite.

Car les faits sont là, et les effets seront scrutés.
  Il est temps que le pays devienne leader en matière des droits de l’Homme, comme il a su « percer » dans bien des domaines et susciter l’admiration du monde, hier pour sa gestion du printemps des peuples (pour ne pas dire « arabe », le Maroc étant un pays à multiple culture), et aujourd’hui pour sa maîtrise relativement de bonne facture de la crise sanitaire. L’Etat marocain a montré que quand il veut, il peut.
 
On dit ici et là que si la justice a libéré Maâti Monjib, c’est parce que l’offensive des ONG défenseures des droits l’aurait effrayée. Il ne semblerait pas que cela soit le cas, le Maroc ayant pris de l’assurance depuis quelques temps. A preuve, les condamnés de Gdim Izik sont toujours en prison, et semblent devoir (logiquement) le rester longtemps. Non, M. Monjib a été remis en liberté car quelqu’un, quelque part, a compris que le pays se porterait très mal s’il avait la mort de l’historien sur la conscience.
 

Le Maroc a ouvert plusieurs fronts à l’extérieur, et il doit se donner les moyens de les gérer tous, simultanément. Il a donc besoin d’une mobilisation interne, qui ne peut advenir que si les esprits sont réconciliés. Nous l’avons dit et nous le redisons, sereinement : il est temps, et il est même urgent, de légiférer sur une amnistie large, à défaut d’être globale. Et une amnistie par les parlementaires est prévue dans la constitution, en son article 71. Nos députés, si prompts à faire front commun pour le quotient électoral, peuvent pousser leur « avantage » en votant une loi d’amnistie.
 

Cela redorerait leur blason et, qui sait, pourrait même leur attirer une certaine sympathie de la population !
 

Des juges ont jugé et nous respecterons l’autorité de la chose jugée. Mais la chose jugée peut être « cassée » par la Cour de Cassation et rejugée, rejaugée, si le pardon est accordé par les victimes. Le « quelqu’un, quelque part » qui a décidé de remettre M. Monjib en liberté peut convaincre ses pairs et les vaincre à l’idée de se montrer conciliants et cléments à l’égard de tant d’autres, toujours derrière les barreaux.
 

Les détenus médiatiques et médiatisés, facilement identifiables, une large part des détenus en préventive, les détenus des articles 489, 490 et 491… cela fait beaucoup de monde à libérer, et cela ferait beaucoup de bien à tout le monde.
 

Nous avons besoin de croire, de rire, d’espérer, de nous fêter, de nous reprendre en cette période si difficile, et aussi pour les années à venir, porteuses de tant d’incertitudes et de tellement de défis à relever… Relevons-nous donc, sereinement, l’esprit apaisé, le sourire aux lèvres et le baume au cœur. Le Maroc est bien trop grand pour maintenir tant de ses enfants en prison.
 

Au risque assumé de se répéter, il suffit d’une petite décision qui donnerait une immense espérance. Un petit acte pour quelqu’un, pour quelques-uns, une joie immense pour les Marocains.
 

Rédigé par Aziz Boucetta sur https://panorapost.com


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Lundi 29 Mars 2021

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