Parution du livre : L’Intelligence Artificielle au service de l’Intelligence Économique au Maroc

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Rédigé par La rédaction le Dimanche 30 Novembre 2025

Ce livre de Adnane Benchakroun propose une analyse stratégique détaillée, arguant que le Maroc doit impérativement transformer son Intelligence Économique (IE) en une Intelligence Augmentée grâce à l'intégration rapide de l’IA pour consolider sa position mondiale. L'auteur établit un diagnostic sans complaisance, révélant que l'IE marocaine souffre d'une fragmentation institutionnelle et d'une culture de la rétention de l’information qui empêchent toute anticipation efficace. L’Intelligence Artificielle est ainsi présentée non seulement comme un outil essentiel pour la compétitivité des entreprises, mais surtout comme un levier de souveraineté numérique capable de sécuriser les données nationales et de transformer les politiques publiques en systèmes prédictifs. Pour surmonter les faiblesses structurelles, l'analyse identifie douze défis majeurs, insistant sur l'importance de la cybersécurité et de la bataille des narratifs dans la géopolitique moderne. En conclusion, le texte préconise l’établissement d’une doctrine nationale unifiée, d'un cloud souverain et d'une architecture centralisée pour protéger les secteurs vitaux—notamment l’eau, l’énergie et les infrastructures—et affirmer le rôle du Maroc comme intelligence stratégique africaine.

Et si le Maroc cessait de subir le monde pour commencer à le comprendre — et à le devancer ?



Livre de Adnane Benchakroun à feuilleter sans modération ou à télécharger ci-dessous


Pourquoi j’ai écrit ce livre

J’ai passé plus de quarante ans à observer l’économie marocaine, ses forces, ses fragilités, ses cycles d’espoir et de découragement, ses fulgurances et ses lenteurs, ses réformes parfois inachevées et ses bonds stratégiques qui, lorsqu’ils se produisent, surprennent toujours ceux qui ne regardent le pays que de loin.

J’ai conseillé certains cercles de réflexion , accompagné des décideurs, participé à des réformes publiques, observé des crises silencieuses, vu naître des filières industrielles, assisté à des réussites spectaculaires et à des échecs évitables.
Et puis un jour, arrivé à l’âge où l’on prend du recul sur soi-même et sur ce qu’on laisse derrière, une question s’est imposée :

Que peut-on transmettre d’utile quand on a passé sa vie à analyser un pays en mouvement ?

Je n’ai pas cherché à écrire un testament intellectuel, ce serait prétentieux.
Je n’ai pas non plus voulu ajouter un livre de plus sur “l’économie marocaine” telle qu’on la décrit souvent : un mélange de chiffres, de constats et de recommandations convenues.

Non. Ce livre répond à autre chose.
À une inquiétude. À une conviction. À un devoir.

L’inquiétude d’abord : celle de voir un pays que j’aime, que j’ai servi, que j’ai étudié, entrer dans une époque où la vitesse du monde dépasse la vitesse de la décision.
Nous vivons un moment où les mutations technologiques, les tensions géopolitiques et les ruptures économiques redessinent tout : la valeur, la puissance, la souveraineté.
La conviction ensuite : celle que le Maroc n’est pas condamné à subir ces transformations.
Au contraire : il peut y trouver une occasion historique de se repositionner, de s’affirmer, de penser grand. Mais pour cela, il ne suffit plus d’être “performant” ou “ambitieux” : il faut devenir stratège.
Enfin, le devoir : celui d’un économiste senior qui ne veut pas quitter la scène intellectuelle sans avoir apporté une pierre solide à un chantier essentiel : la construction d’une intelligence économique marocaine, adaptée à nos réalités, respectueuse de notre histoire, lucide sur nos faiblesses, confiante en notre potentiel.

Pourquoi maintenant ?
Pendant longtemps, l’intelligence économique a été perçue chez nous comme une curiosité académique ou un luxe de grandes puissances.
Mais le paysage a changé.

En quelques années seulement, le monde a glissé vers :
une compétition informationnelle permanente,
une instabilité géopolitique devenue structurelle,
une dépendance croissante aux technologies étrangères,
une économie où les données valent souvent plus que les matières premières, un univers numérique où l’IA accélère les ruptures autant qu’elle brouille les certitudes.

J’ai vu des entreprises marocaines prospères s’effondrer parce qu’elles n’avaient pas vu venir un concurrent extérieur. J’ai vu des administrations prises de court face à des crises prévisibles. J’ai vu des secteurs entiers fragilisés par l’absence de veille, de coordination ou d’information fiable. J’ai vu des talents partir parce qu’ils ne trouvaient pas de vision nationale à laquelle contribuer.

Et j’ai vu, en parallèle, un Maroc capable de prouesses : capable de bâtir des ports leaders mondiaux, de devenir un acteur industriel reconnu, d’anticiper des mutations agricoles, d’explorer l’hydrogène vert, d’imaginer une diplomatie africaine audacieuse, d’embrasser des transitions complexes.

Le Maroc peut beaucoup. Mais pour continuer à avancer, il doit savoir. Savoir plus vite. Savoir mieux. Savoir avant.

Pourquoi moi ?
La retraite n’efface ni les réflexes, ni la conscience, ni la responsabilité. Elle crée un espace différent : celui de la lucidité détachée, de la parole qui n’est plus liée à une fonction, à une institution ou à une carrière.
J’ai voulu écrire ce livre parce que je possède encore quelque chose à offrir : une longue mémoire économique, une expérience accumulée et surtout une capacité à relier le passé aux signaux faibles du présent.
Je ne suis plus dans l’action immédiate, mais je peux apporter quelque chose que le court-termisme moderne affaiblit : le recul,la cohérence et la perspective.

Ce livre n’est pas le manifeste d’un technocrate nostalgique.
C’est le travail d’un citoyen qui, après avoir servi longtemps, veut continuer à contribuer autrement.

Pourquoi l’intelligence économique et l’intelligence artificielle ?
Parce que ces deux disciplines, souvent présentées séparément, forment désormais une seule matrice : la maîtrise de l’information et la capacité à anticiper.

L’intelligence économique apporte la méthode.
L’intelligence artificielle apporte la vitesse.


Les deux réunies deviennent un outil de souveraineté.

Ce livre montre ce que ces disciplines peuvent transformer au Maroc :

notre manière de produire,
notre manière de protéger nos données,
notre manière de prendre des décisions,
notre manière de négocier,
notre manière d’influencer,
notre manière d’imaginer l’avenir.

Il explique aussi ce qu’elles peuvent détruire si elles ne sont pas maîtrisées : la confiance, la sécurité, l’autonomie et la cohésion.

Il ne s’agit pas d’en faire des totems ou des fétiches. Il s’agit de rappeler une évidence : la puissance se construit aujourd’hui à la croisée de la technologie, de la stratégie et de la connaissance.

Pourquoi le Maroc doit penser stratégie, et pas seulement réformes

Les réformes sont nécessaires. Elles ont parfois été courageuses, parfois lentes, parfois inachevées. Mais elles ne suffisent plus.

Les réformes corrigent mais la stratégie transforme. L’intelligence économique, dans ce livre, n’est pas présentée comme un département administratif, mais comme : une culture, une posture, une architecture de décision, une manière de regarder le monde et un modèle de souveraineté.

J’ai voulu montrer que le Maroc peut et doit  se projeter dans la décennie qui vient avec une boussole claire. Parce que les pays qui réussiront dans l’avenir sont ceux qui maîtrisent l’information, pas ceux qui attendent de réagir lorsqu’il est trop tard.

Pourquoi transmettre maintenant
J’appartiens à une génération qui a connu d’autres crises, d’autres transitions, d’autres défis.
Mais celle qui arrive est d’une nature différente : technologique, informationnelle, énergétique, climatique, géopolitique.
Elle exige un autre type d’intelligence.
Une intelligence nationale partagée.

Ce livre est écrit pour : les décideurs, les universitaires, les jeunes analystes, les chefs d’entreprise, les responsables publics, les étudiants qui construiront le Maroc de 2035, et tous ceux qui veulent comprendre ce que devient la puissance dans le monde contemporain.

Je n’offre pas de certitudes. Je propose des chemins. Pourquoi j’espère que ce livre servira

Parce que le Maroc a atteint un moment de son histoire où il doit oser formuler une vision claire : celle d’un pays qui ne se contente plus d’être stable, mais qui ambitionne d’être stratégique.

Nous avons longtemps construit notre économie comme un édifice solide. Il est temps de la penser comme une intelligence.

J’ai écrit ce livre pour que le Maroc ne regarde plus le monde en spectateur, mais en acteur. Pour qu’il cesse d’attendre les mutations, et commence à les provoquer. Pour qu’il assume son rôle : celui d’un pays capable, s’il le décide, de devenir l’une des intelligences stratégiques de l’Afrique.

Et si, au fond, la sagesse du retraité que je suis peut servir à cela, alors l’écriture de ce livre n’aura pas été un exercice, mais une contribution.
 

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Débat sur les douze défis, qui bloquent ou ralentissent la progression du Maroc vers une véritable intelligence économique augmentée, sont :

1.  Le défi stratégique : l’absence d’une doctrine nationale**. Le Maroc manque d'une stratégie nationale d’intelligence économique clairement définie, ce qui se traduit par une absence de vision commune, d'architecture officielle et de schéma de coordination interadministrative. L’IA ne peut être utile que si elle s’inscrit dans une doctrine.
2.  Le défi institutionnel : la fragmentation des centres de décision**. La dispersion institutionnelle fait que chaque ministère ou établissement public produit ses propres données et analyses, entraînant des doublons, des contradictions et des pertes d’information, faute d'un organe central de coordination.
3.  Le défi organisationnel : l’absence de processus standardisés**. Les organisations manquent souvent de méthodologies de veille, de cycles d’analyse formalisés, et de procédures d’alerte précoce pour exploiter l'information stratégique.
4.  Le défi culturel : la rétention de l’information**. La rétention de l’information est un comportement courant, souvent motivé par la peur de perdre du pouvoir ou par tradition hiérarchique, ce qui freine la coopération horizontale nécessaire à l'intelligence économique.
5.  Le défi managérial : la méconnaissance de l’intelligence économique**. Beaucoup de dirigeants, tant publics que privés, perçoivent encore l’IE comme une simple veille statistique ou un centre de documentation, sans comprendre qu'il s'agit d'une fonction stratégique.
6.  Le défi de compétences : pénurie de profils hybrides**. Le système éducatif marocain produit encore peu de profils capables de faire le pont entre l’analyse stratégique, la donnée, la technologie et la géopolitique.
7.  Le défi de souveraineté numérique : dépendance technologique**. La majorité des données stratégiques circulent ou sont stockées sur des plateformes étrangères (clouds, IA génératives, outils de veille), créant un risque d’espionnage économique et d’exposition à la manipulation algorithmique.
8.  Le défi juridique : cadre légal limité**. Le Maroc manque d’un cadre juridique spécifique pour la sécurité économique, l'encadrement des investissements stratégiques, la législation sur l’influence numérique et la protection des innovations et savoir-faire.
9.  Le défi territorial : disparités régionales**. L’intelligence économique est concentrée à Rabat et Casablanca, laissant les régions manquer d'outils, de compétences spécialisées et de coordination avec les administrations centrales.
10. Le défi de coordination public-privé : des mondes encore trop séparés**. Les passerelles sont limitées entre l’État, les grandes entreprises, les PME et les universités, empêchant une symbiose nécessaire à la compétitivité.
11. Le défi d’influence : absence d’une stratégie marocaine structurée**. Le pays ne possède pas encore de stratégie claire pour la diplomatie économique moderne, l’influence numérique ou l'analyse algorithmique de la réputation nationale.
12. Le défi de sécurité économique : un risque sous-estimé**. Le Maroc reste vulnérable aux cyberattaques et aux prédations technologiques car la cyberdéfense est fragmentée et les données stratégiques sont trop exposées.

L'auteur utilise l'analyse de ces douze défis comme base pour proposer une stratégie marocaine d’intelligence augmentée.

De plus, les chroniqueurs insitent sur la nécessité de formuler une doctrine nationale d'intelligence économique, l'auteur précise que cette doctrine doit répondre à six questions structurantes qui forment le socle indispensable du modèle étatique marocain:

1.  Pourquoi l’intelligence économique est-elle stratégique pour le Maroc ? (Sécurité économique, influence africaine, compétitivité, souveraineté numérique).
2.  Quels en sont les objectifs nationaux ? (Anticiper, protéger, influencer, décider en connaissance de cause).
3.  Quels sont les rôles de l’État, des régions, des entreprises et des universités ?.
4.  Comment l’intelligence artificielle est-elle intégrée dans ce dispositif ?.
5.  Quelle gouvernance garantit la cohérence nationale ?.
6.  Comment l’État protège-t-il les données, les infrastructures et les savoirs ?.

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Dimanche 30 Novembre 2025
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