Traditionnellement, les villes ont toujours été perçues comme des pôles d’opportunités économiques et sociales, attirant des populations en quête de meilleures conditions de vie. Pourtant, l’enquête du Haut-Commissariat au Plan (HCP) révèle une réalité inquiétante : la pauvreté urbaine progresse et la vulnérabilité y devient plus marquée. En 2022, près de la moitié des personnes vulnérables (47,2%) vivaient en milieu urbain, contre seulement 36% en 2014. Pourquoi la ville n’est-elle plus un refuge contre la pauvreté ? Quels facteurs expliquent cette tendance, et quelles solutions envisager ?
Contrairement aux attentes, la pauvreté urbaine n’a pas reculé, mais s’est aggravée :
Le taux de pauvreté absolue en ville a augmenté de 1,6% en 2014 à 2,2% en 2022, une tendance qui contraste avec le recul de la pauvreté en milieu rural (de 9,5% à 6,9%). La vulnérabilité économique a progressé en ville, passant de 7,9% en 2014 à 9,5% en 2022. Au total, 2,24 millions de Marocains vivant en milieu urbain sont économiquement vulnérables, une proportion en nette augmentation.
Pourquoi la ville n’offre-t-elle plus de sécurité économique ?
L’augmentation du coût de la vie
La hausse des prix du logement, de l’énergie et des services essentiels pèse fortement sur les ménages urbains.
Les dépenses en logement et énergie sont passées de 23% du budget des ménages en 2014 à 25,4% en 2022, réduisant ainsi leur marge de manœuvre pour d’autres dépenses essentielles. Contrairement aux zones rurales, où l’autosuffisance alimentaire reste une option, les ménages urbains sont dépendants du marché et subissent de plein fouet la hausse des prix des produits de base.
Une précarisation du marché du travail
Le marché du travail urbain ne parvient plus à absorber la main-d'œuvre en quête d’emplois stables.
La prédominance du secteur informel, qui concerne près de 60% des actifs urbains, expose les travailleurs à l'absence de protection sociale et à des revenus instables. L'augmentation du chômage, notamment chez les jeunes et les diplômés, limite l’accès à des emplois stables, aggravant le phénomène du déclassement social.
Des filets sociaux insuffisants pour la classe moyenne inférieure
Contrairement aux ménages ruraux, qui bénéficient davantage des programmes de soutien gouvernementaux, la classe moyenne inférieure urbaine est souvent "trop riche" pour bénéficier des aides sociales et trop pauvre pour épargner.
Les transferts publics et privés représentent 22,8% du revenu total en ville, contre 15,1% en milieu rural, mais ces aides restent insuffisantes pour faire face à l’augmentation du coût de la vie. L’absence de dispositifs de soutien ciblés pour les ménages urbains fragiles accentue leur précarité.
Une urbanisation rapide mais désorganisée
La croissance urbaine accélérée, combinée à une pression démographique élevée, a conduit à la création de zones périphériques où les infrastructures et les services publics sont insuffisants.
Le manque d’accès aux services essentiels (transports, écoles, santé) aggrave la fragilité sociale et freine l’ascension économique des ménages urbains vulnérables. L’essor des quartiers précaires dans les grandes villes traduit cette dégradation du cadre de vie. Quelles solutions pour endiguer la précarité urbaine ?
Face à cette montée inquiétante de la vulnérabilité en milieu urbain, plusieurs mesures s’imposent :
Mettre en place un bouclier social pour les classes vulnérables urbaines
Créer un programme d’aides directes pour les ménages à risque de déclassement en ville, afin de compléter les dispositifs existants destinés aux populations rurales. Développer des filets sociaux ciblés, en s’inspirant des modèles scandinaves, qui ajustent les aides en fonction des revenus et du coût de la vie local. Favoriser l'accès à un logement abordable
Mettre en place un encadrement des loyers dans les grandes villes pour limiter la spéculation immobilière. Développer des programmes de logements sociaux mieux intégrés aux centres urbains, évitant ainsi la marginalisation des ménages vulnérables en périphérie. Renforcer l'accès à l’emploi formel
Encourager les entreprises à offrir des contrats de travail stables grâce à des incitations fiscales. Développer des programmes de reconversion professionnelle pour adapter les compétences des travailleurs urbains aux nouveaux besoins du marché. Améliorer l’offre de services publics dans les quartiers défavorisés Renforcer l’accès aux transports publics à moindre coût pour réduire les inégalités de mobilité. Accélérer la modernisation des services de santé et d’éducation dans les zones à forte concentration de ménages précaires.
L’idée que la ville protège de la pauvreté est en train de s’effondrer. Les données montrent une montée inquiétante de la vulnérabilité en milieu urbain, transformant les grandes métropoles en zones de précarité croissante.
Sans intervention rapide et efficace, cette évolution pourrait aggraver les tensions sociales, ralentir la consommation et nuire à la stabilité économique du pays. Il est donc urgent de repenser le modèle urbain marocain en intégrant davantage d’inclusion sociale, de régulation économique et de protections adaptées aux nouvelles réalités urbaines.
Contrairement aux attentes, la pauvreté urbaine n’a pas reculé, mais s’est aggravée :
Le taux de pauvreté absolue en ville a augmenté de 1,6% en 2014 à 2,2% en 2022, une tendance qui contraste avec le recul de la pauvreté en milieu rural (de 9,5% à 6,9%). La vulnérabilité économique a progressé en ville, passant de 7,9% en 2014 à 9,5% en 2022. Au total, 2,24 millions de Marocains vivant en milieu urbain sont économiquement vulnérables, une proportion en nette augmentation.
Pourquoi la ville n’offre-t-elle plus de sécurité économique ?
L’augmentation du coût de la vie
La hausse des prix du logement, de l’énergie et des services essentiels pèse fortement sur les ménages urbains.
Les dépenses en logement et énergie sont passées de 23% du budget des ménages en 2014 à 25,4% en 2022, réduisant ainsi leur marge de manœuvre pour d’autres dépenses essentielles. Contrairement aux zones rurales, où l’autosuffisance alimentaire reste une option, les ménages urbains sont dépendants du marché et subissent de plein fouet la hausse des prix des produits de base.
Une précarisation du marché du travail
Le marché du travail urbain ne parvient plus à absorber la main-d'œuvre en quête d’emplois stables.
La prédominance du secteur informel, qui concerne près de 60% des actifs urbains, expose les travailleurs à l'absence de protection sociale et à des revenus instables. L'augmentation du chômage, notamment chez les jeunes et les diplômés, limite l’accès à des emplois stables, aggravant le phénomène du déclassement social.
Des filets sociaux insuffisants pour la classe moyenne inférieure
Contrairement aux ménages ruraux, qui bénéficient davantage des programmes de soutien gouvernementaux, la classe moyenne inférieure urbaine est souvent "trop riche" pour bénéficier des aides sociales et trop pauvre pour épargner.
Les transferts publics et privés représentent 22,8% du revenu total en ville, contre 15,1% en milieu rural, mais ces aides restent insuffisantes pour faire face à l’augmentation du coût de la vie. L’absence de dispositifs de soutien ciblés pour les ménages urbains fragiles accentue leur précarité.
Une urbanisation rapide mais désorganisée
La croissance urbaine accélérée, combinée à une pression démographique élevée, a conduit à la création de zones périphériques où les infrastructures et les services publics sont insuffisants.
Le manque d’accès aux services essentiels (transports, écoles, santé) aggrave la fragilité sociale et freine l’ascension économique des ménages urbains vulnérables. L’essor des quartiers précaires dans les grandes villes traduit cette dégradation du cadre de vie. Quelles solutions pour endiguer la précarité urbaine ?
Face à cette montée inquiétante de la vulnérabilité en milieu urbain, plusieurs mesures s’imposent :
Mettre en place un bouclier social pour les classes vulnérables urbaines
Créer un programme d’aides directes pour les ménages à risque de déclassement en ville, afin de compléter les dispositifs existants destinés aux populations rurales. Développer des filets sociaux ciblés, en s’inspirant des modèles scandinaves, qui ajustent les aides en fonction des revenus et du coût de la vie local. Favoriser l'accès à un logement abordable
Mettre en place un encadrement des loyers dans les grandes villes pour limiter la spéculation immobilière. Développer des programmes de logements sociaux mieux intégrés aux centres urbains, évitant ainsi la marginalisation des ménages vulnérables en périphérie. Renforcer l'accès à l’emploi formel
Encourager les entreprises à offrir des contrats de travail stables grâce à des incitations fiscales. Développer des programmes de reconversion professionnelle pour adapter les compétences des travailleurs urbains aux nouveaux besoins du marché. Améliorer l’offre de services publics dans les quartiers défavorisés Renforcer l’accès aux transports publics à moindre coût pour réduire les inégalités de mobilité. Accélérer la modernisation des services de santé et d’éducation dans les zones à forte concentration de ménages précaires.
L’idée que la ville protège de la pauvreté est en train de s’effondrer. Les données montrent une montée inquiétante de la vulnérabilité en milieu urbain, transformant les grandes métropoles en zones de précarité croissante.
Sans intervention rapide et efficace, cette évolution pourrait aggraver les tensions sociales, ralentir la consommation et nuire à la stabilité économique du pays. Il est donc urgent de repenser le modèle urbain marocain en intégrant davantage d’inclusion sociale, de régulation économique et de protections adaptées aux nouvelles réalités urbaines.