Pékin : Xi, Poutine et Kim, le trio qui défie l’Occident
La scène a frappé les esprits : Xi Jinping au centre, Poutine à sa droite, Kim Jong-un à sa gauche, avançant sur le tapis rouge, entourés d’une vingtaine d’autres dirigeants. Devant les caméras de la télé d’État, les trois hommes ont salué les troupes avant de s’installer pour assister au spectacle militaire.
Sous les salves de canon et les chants patriotiques, des milliers de soldats chinois ont défilé, drapeaux rouges flottant au vent. Des avions et hélicoptères ont survolé la capitale, tandis que Pékin exhibait ses derniers joujoux militaires : chars rutilants, missiles antibalistiques HQ-29, véhicules blindés dernier cri. Xi, debout dans une voiture décapotable, a passé ses troupes en revue, lançant : « La renaissance de la nation chinoise est inarrêtable ».
Au-delà du folklore martial, Pékin envoie un signal clair : la Chine entend rassembler autour d’elle une alliance eurasiatique face aux pressions occidentales. Xi a insisté sur le choix crucial « entre la paix et la guerre, le dialogue ou la confrontation », sans citer explicitement Washington. Mais l’absence totale de dirigeants occidentaux, en contraste avec la présence remarquée du Premier ministre slovaque Robert Fico, a souligné la fracture géopolitique.
Kim Jong-un, discret sur la scène internationale, n’avait jamais participé à un tel rassemblement depuis son arrivée au pouvoir en 2011. Sa présence aux côtés de ses deux voisins puissants est interprétée comme une démonstration de confiance et un défi lancé aux États-Unis et à la Corée du Sud. Un chercheur de Singapour souligne : « Xi montre qu’il peut réunir Poutine et Kim alors que ceux-ci refusent de rencontrer Washington ou Séoul ».
Ce défilé s’inscrit dans une séquence diplomatique chargée pour Pékin, après le sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai qui a déjà rapproché Xi de Narendra Modi. Reste à voir si cette démonstration de force se traduira par des alliances militaires concrètes ou si elle restera un simple coup d’éclat symbolique.
Une image, trois hommes et une place chargée d’histoire : le monde retiendra ce 3 septembre comme le jour où Pékin a voulu prouver qu’il pouvait peser face à Washington et ses alliés. La suite ? À surveiller de très près, car dans la partie d’échecs géopolitique actuelle, chaque défilé compte.