C’est une crise silencieuse mais bien réelle. Depuis plusieurs semaines, les rayons des pharmacies marocaines se vident. Plus de 600 médicaments sont désormais en rupture, selon un communiqué alarmant de la Fédération marocaine des droits du consommateur, publié ce samedi 29 juin 2025.
Les traitements les plus touchés ? Ceux contre les maladies chroniques : diabète, hypertension, troubles cardiovasculaires, cancers, maladies neurologiques... En clair, des médicaments indispensables au quotidien de centaines de milliers de Marocains. Des patients obligés de faire le tour de plusieurs officines, parfois sans succès, parfois à des prix doublés ou triplés.
Le phénomène n’est pas nouveau, mais il s’aggrave dangereusement. À l’occasion des Pharma Days 2025, experts et professionnels de santé ont pointé une série de causes :
– ruptures d’approvisionnement international,
– dépendance excessive aux importations,
– absence de stock stratégique,
– et surtout, défaut de coordination entre ministère, laboratoires et distributeurs.
Ali Chtour, président de l’Association marocaine pour la défense des droits des consommateurs, résume la situation : « On est face à un défaut de planification dramatique. L'État doit reprendre le contrôle du circuit du médicament. »
Cette pénurie remet une fois encore sur la table la vulnérabilité du système de santé marocain. Elle pose une question de fond : peut-on continuer à dépendre d’un marché globalisé, sans filet de sécurité local ?
La balle est désormais dans le camp du ministère de la Santé, sommé d’agir sans tarder pour restaurer un accès juste et constant aux traitements. En attendant, les patients eux, n’attendent pas : ils cherchent, ils s’angoissent, ils improvisent. Et cela, dans un pays où le droit à la santé est garanti par la Constitution.