Pour un débat à la hauteur des attentes


Dans une démocratie vivante, le débat n’est pas un luxe : il est une nécessité. Mais il n’a de sens que lorsqu’il s’élève au niveau des enjeux réels, lorsqu’il éclaire et oriente les choix collectifs au lieu de se perdre dans la polémique ou la dévalorisation des acteurs. Or, le Maroc, en ce moment charnière de son développement, a besoin d’un débat public exigeant, rigoureux et respectueux, centré sur les grandes thématiques qui interpellent directement les citoyens : l’emploi, l’éducation, la santé, l’équité territoriale, la soutenabilité des finances publiques.



Ce débat doit surtout renouer avec un fil conducteur trop souvent négligé : le lien organique entre budget, exécution et gouvernance.

Said Temsamani
Un budget n’est pas un simple document comptable. Il est l’expression chiffrée d’un projet de société, d’une vision stratégique pour l’avenir. Mais sans une exécution rigoureuse, sans un suivi transparent et sans une gouvernance responsable, le budget reste lettre morte, incapable de transformer les ressources mobilisées en résultats tangibles. Le citoyen, lui, ne juge pas sur des chiffres, mais sur la qualité d’une école, l’efficacité d’un hôpital, la fluidité d’un service public, la confiance dans l’institution.

C’est pourquoi la question centrale qui devrait guider le débat national est celle-ci : comment replacer la confiance et la responsabilité publique au cœur de nos politiques ?

La confiance, car elle est le ciment du pacte social : sans elle, les réformes sont perçues comme imposées d’en haut et peinent à produire leurs effets. La responsabilité, car elle est le gage que chaque dirham investi dans le budget sera traduit en actions vérifiables et en bénéfices concrets pour la collectivité.

Plaider pour un débat de haute tenue, ce n’est pas un vœu pieux. C’est une urgence politique.

Dans une société de plus en plus informée et connectée, les citoyens exigent des réponses crédibles et des résultats mesurables, non des querelles stériles ou des règlements de comptes personnels. Les formations politiques, les institutions et les acteurs de la société civile ont une responsabilité historique : hisser le niveau de la discussion publique pour qu’elle devienne un levier de progrès, et non un théâtre d’affrontements improductifs.

Le Maroc ne peut se permettre le luxe de la bassesse dans ses débats.

Les défis qui nous attendent — transformation économique, justice sociale, adaptation climatique, équilibre territorial — appellent une parole politique qui éclaire, qui responsabilise, qui rassemble. Plus qu’un exercice rhétorique, c’est un impératif de gouvernance. Et c’est aussi, au fond, le seul moyen de redonner à la chose publique sa dignité, et aux citoyens, la confiance sans laquelle aucun projet national ne peut réussir.

Par Said Temsamani


Mardi 16 Septembre 2025

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