Pourquoi les banques marocaines hésitent-elles à financer les TPME, particulièrement leur fonds de roulement?


Rédigé par La Rédaction le Dimanche 23 Mars 2025



L'accès au financement bancaire demeure l'un des obstacles majeurs au développement des très petites, petites et moyennes entreprises (TPME) marocaines, et ce, malgré leur poids économique significatif. Cette difficulté est particulièrement accentuée concernant le financement du fonds de roulement, un besoin pourtant essentiel à la survie quotidienne des entreprises. Pourquoi alors les banques marocaines montrent-elles une telle hésitation, voire refusent catégoriquement, de financer les TPME sur cette question spécifique du fonds de roulement ?

La première explication réside dans le profil de risque élevé associé aux TPME. Les établissements bancaires, soumis à des règles prudentielles strictes et à une gestion rigoureuse du risque, considèrent que le financement du fonds de roulement des TPME présente un niveau d'incertitude particulièrement important. En effet, les TPME disposent rarement de garanties suffisantes ou d’un historique de crédit solide pour rassurer les banques. Le manque de visibilité sur la gestion interne de ces entreprises, souvent considérée comme fragile ou instable, renforce cette perception négative.

Par ailleurs, la difficulté à évaluer précisément la situation financière des TPME constitue un autre frein majeur. Ces entreprises disposent souvent de structures comptables et financières peu transparentes ou incomplètes, ce qui rend complexe pour les banques l'évaluation rigoureuse de leur solvabilité. La faible qualité ou même l’absence de données financières fiables limite donc considérablement les possibilités d'accorder des crédits, en particulier pour couvrir des besoins immédiats et réguliers tels que le fonds de roulement.

Un autre facteur déterminant est lié au manque de garanties matérielles offertes par les TPME. Contrairement aux grandes entreprises, qui disposent généralement de garanties solides, les TPME marocaines sont rarement en mesure de proposer des actifs significatifs en garantie, rendant les banques réticentes à financer leurs besoins courants. Ce manque de garanties accroît davantage le risque perçu par les établissements financiers.

De plus, les coûts opérationnels élevés liés à l’octroi et à la gestion de crédits de faible montant découragent souvent les banques. Le suivi rapproché nécessaire à la gestion de ces crédits, associé aux coûts administratifs élevés, rend ces opérations moins rentables pour les banques. Les financements de fonds de roulement, qui exigent des décaissements fréquents et des suivis réguliers, augmentent significativement ces coûts opérationnels, renforçant ainsi la réticence des banques.

Enfin, l’absence d’un accompagnement structuré et adapté par les banques envers les TPME complique la situation. Si quelques initiatives existent, elles restent limitées et souvent peu adaptées aux besoins spécifiques des TPME. Cette absence de mécanismes spécifiques pour l’accompagnement et le suivi limite fortement la capacité des TPME à accéder durablement au financement bancaire.

Cependant, bien que les banques puissent justifier leur réticence par des impératifs de gestion du risque, cette prudence extrême contribue à la stagnation économique du pays en bridant la capacité des TPME à se développer. Les banques marocaines doivent dépasser leur aversion traditionnelle au risque en adoptant des stratégies innovantes, notamment en développant des produits financiers adaptés, en renforçant leur proximité avec les TPME et en coopérant activement avec les pouvoirs publics pour créer un environnement plus favorable à l'inclusion financière des petites entreprises marocaines.

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Dimanche 23 Mars 2025
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