Pourquoi les grandes entreprises marocaines évitent-elles les TPME ? Le défi de la sous-traitance au Maroc


Rédigé par La Rédaction le Dimanche 23 Mars 2025



La faiblesse des liens économiques entre les grandes entreprises et les très petites, petites et moyennes entreprises (TPME) constitue un véritable paradoxe au Maroc. Bien que les TPME représentent la grande majorité du tissu économique marocain, générant plus de 80 % des emplois, elles bénéficient très peu des contrats de sous-traitance avec les grandes entreprises nationales. Pourquoi ces dernières semblent-elles réticentes à recourir massivement à la sous-traitance auprès des TPME ?

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette situation, à commencer par le manque de confiance et la perception négative que les grandes entreprises entretiennent envers les TPME. Ces dernières sont souvent considérées comme insuffisamment structurées, peu fiables, et incapables de respecter les standards qualitatifs et les délais exigés par les grandes entreprises. Cette perception négative, parfois exagérée, freine considérablement la collaboration inter-entreprises.

En parallèle, les grandes entreprises privilégient généralement une intégration verticale en internalisant leurs processus de production ou en ayant recours à des fournisseurs étrangers ou des filiales, qui sont perçues comme plus fiables et performantes. Cette stratégie vise à minimiser les risques liés à une sous-traitance locale jugée trop risquée, notamment dans des secteurs industriels clés comme l'automobile, l'aéronautique ou encore le textile.

Par ailleurs, les grandes entreprises préfèrent collaborer avec un nombre restreint de sous-traitants capables de répondre rapidement et massivement à leurs besoins. Les TPME marocaines souffrent précisément de leur taille limitée et d'un manque de moyens financiers et techniques, limitant leur capacité à produire à grande échelle et à répondre aux exigences élevées des donneurs d’ordre. Cette incapacité à répondre rapidement aux demandes en volume et en qualité constitue un frein structurel majeur à leur intégration dans les chaînes de valeur nationales.

Un autre facteur bloquant réside dans les difficultés d’accès au financement pour les TPME. Sans ressources financières adéquates, ces entreprises ont du mal à investir dans les équipements et les formations nécessaires à leur montée en compétence et en capacité productive, les empêchant ainsi de devenir des sous-traitants compétitifs pour les grandes entreprises.

Enfin, les politiques publiques en matière de promotion de la sous-traitance restent insuffisamment structurées et peu incitatives. Malgré quelques initiatives isolées visant à renforcer la sous-traitance industrielle, l’impact demeure limité, faute d’une approche globale et intégrée prenant en compte les réalités spécifiques des TPME marocaines.

Il serait toutefois réducteur d’attribuer cette faible collaboration uniquement aux grandes entreprises. La responsabilité est partagée avec les TPME elles-mêmes, qui doivent impérativement améliorer leur structuration, leur gouvernance interne et leur gestion opérationnelle afin de gagner la confiance des grands donneurs d’ordres. Les pouvoirs publics devraient également jouer un rôle proactif en facilitant la mise en relation et en accompagnant davantage les TPME, afin de créer un environnement propice à une véritable intégration économique bénéfique pour toutes les parties.

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Dimanche 23 Mars 2025
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