"Propagandistes" et "propagandés"




Par Dr Samir Belahsen

 
« L'opinion publique est souvent une force politique, et cette force n'est prévue par aucune constitution. »
                                                                Alfred Sauvy
                                                         Démographe, Sociologue (1898 - 1990)

« L'opinion publique est un composé de folies, de sagesse, de sentiments faux, de sentiments justes, d'obstination et de paragraphes dans les journaux. »
                                                                                    Sir Robert Peel
      Premier ministre du Royaume-Uni de 1834 à 1835 et de 1841 à 1846
 
 

L’opinion est généralement définie comme le jugement porté sur un individu, un être vivant, un fait un objet, un phénomène politique, économique, ...ou social.

L’opinion publique désigne alors l'ensemble des convictions, valeurs, jugements, préjugés et des croyances plus ou moins partagés par la population d'une société donnée à un moment donné.

L'opinion publique peut être construite sur des avis tranchés, une conception du monde, une idéologie, des émotions, des informations plus ou moins vérifiées pouvant se révéler fausses, qu'elles soient véhiculées intentionnellement ou non.

Les sociologues relient l’apparition de cette notion d’« opinion publique » à celle des médias de masse et de « société de masse ». C’est-à-dire au début vingtième siècle.

Un petit retour sur l’histoire du siècle dernier montre bien que celle-ci était manipulable tout au long du siècle et surtout lors des principaux évènements et ruptures.

La propagande, expliquerait même, selon certains, l'apparition des grands régimes totalitaires. En tout cas, elle leur a permis de mobiliser et d’embrigader.

Par ailleurs, dans toutes les démocraties, la propagande a permis et permettra de plus en plus d’influer sur les choix politiques.

Aujourd’hui, en théorie, l'opinion mondiale est façonnée par les grands médias et l'ensemble de leurs soutiens, les acteurs principaux du capitalisme. Localement, c’est le même schéma.

Il reste que l'évolution des moyens de communication, l’apparition des réseaux sociaux et leur accessibilité à un grand nombre conditionnent de plus en plus les individus et leurs choix.

L’arroseur est arrosé : les "propagandistes" deviennent " propagandés ".

J’ai été étonné en suivant les derniers débats parlementaires à propos des lois électorales des grandes certitudes de certains députés de la non-évolution de l’opinion publique. Ils comptent majoritairement sur un vote semblable à celui des dernières législatives puis ils font des extrapolations en fonction du nouveau système.

Je pense que ceci est dû en partie aux algorithmes de Facebook.

On reste avec ces algorithmes dans un entre soi trop rassurant et souvent trempeur.

Or, en l’absence de sondages publiés, il me parait que l’opinion publique Marocaine a beaucoup évolué et ne manquera pas d’être influencée par les évènements à venir avant les échéances électorales et bien entendu par les campagnes des uns et des autres et la propagande des uns et des autres.

La majorité sortante, si l’on peut toujours parler de majorité, devra gérer un agenda plutôt rempli avant les échéances, elle devra gérer en premier ses dissensions.  Le PJD, leader de « la majorité » aura à faire des choix difficiles sinon douloureux notamment concernant ses propres dissensions.

Parmi les « autres », il y a les médias locaux et étrangers, les réseaux sociaux, les influenceurs de tout genre, les publicités payées sur les réseaux et peut être bien les coups de pouce…  

Il y aurait de grands moyens mis au service des objectifs déclarés en grande pompe pour le moment.

C’est pourquoi, je m’attends à des surprises.

Par prudence je m’abstiendrais de tout pari, pour le moment.


Par Dr Samir Belahsen


Dimanche 7 Mars 2021

Dans la même rubrique :