Ouahbi et Benkirane : quand un baiser sur la tête devient un message politique
Car en politique, les gestes valent souvent autant que les discours. Dans un pays où les alliances se font et se défont au gré des rapports de force, voir deux personnalités aussi antagonistes s’échanger une marque de respect, sinon de réconciliation, interroge. Est-ce un signe d’apaisement ? Une stratégie médiatique ? Ou simplement l’expression culturelle d’une simple tradition marocaine ?
Au Maroc, embrasser la tête d’un aîné ou d’une figure respectée traduit la déférence, la reconnaissance ou la volonté d’aplanir les différends. C’est un rituel ancré dans les codes sociaux. Mais lorsqu’un ministre controversé, réputé pour ses déclarations abruptes, s’incline devant un ancien chef de gouvernement qui incarne encore une partie de l’opposition islamiste, l’acte déborde du registre culturel pour entrer dans le champ politique.
Ouahbi et Benkirane se sont affrontés par le passé à coups de mots durs. Le premier a accusé le second d’avoir franchi les limites du respect institutionnel, en critiquant des dirigeants étrangers. Le second n’a jamais ménagé ses attaques contre ce qu’il considérait comme des dérives politiques et morales. Qu’ils apparaissent côte à côte, dans un geste de rapprochement, interpelle d’autant plus qu’il se produit dans un cadre diplomatique saoudien.
Car l’Arabie Saoudite n’est pas un spectateur neutre. Depuis plusieurs années, le royaume wahhabite affiche une ligne de fermeté face aux mouvements islamistes dans le monde arabe, en particulier les Frères musulmans, dont le PJD marocain a souvent été rapproché dans l’imaginaire régional. Dans ce contexte, voir Benkirane honoré dans une enceinte diplomatique saoudienne, et Ouahbi – représentant d’un gouvernement allié de Riyad – lui témoigner une marque de respect, brouille les lignes.
S’agit-il d’un message subtil envoyé à l’opinion publique, montrant que les tensions idéologiques peuvent se surmonter au nom d’une forme d’unité nationale ? Ou bien d’une manière d’affirmer que le jeu marocain, bien qu’influencé par les équilibres du Golfe, reste autonome dans ses codes et ses symboles ?
La psychologie politique permet aussi de lire ce moment autrement. Dans une culture où l’excuse et le pardon public prennent une dimension spirituelle et sociale forte, ce type de geste peut être perçu comme une reconnaissance implicite : embrasser la tête de l’autre, c’est parfois admettre sa supériorité morale, son statut d’aîné, ou son droit au respect malgré les différends.
Or Ouahbi, souvent décrit comme un tribun arrogant, s’est forgé une réputation en provoquant et en défiant. Que ce même Ouahbi se montre dans une posture d’humilité relative face à Benkirane peut signifier plusieurs choses : un calcul d’image pour apparaître conciliant, une nécessité contextuelle dans un événement protocolaire, ou encore une tentative d’effacer des querelles passées.
Au Maroc, embrasser la tête d’un aîné ou d’une figure respectée traduit la déférence, la reconnaissance ou la volonté d’aplanir les différends. C’est un rituel ancré dans les codes sociaux. Mais lorsqu’un ministre controversé, réputé pour ses déclarations abruptes, s’incline devant un ancien chef de gouvernement qui incarne encore une partie de l’opposition islamiste, l’acte déborde du registre culturel pour entrer dans le champ politique.
Ouahbi et Benkirane se sont affrontés par le passé à coups de mots durs. Le premier a accusé le second d’avoir franchi les limites du respect institutionnel, en critiquant des dirigeants étrangers. Le second n’a jamais ménagé ses attaques contre ce qu’il considérait comme des dérives politiques et morales. Qu’ils apparaissent côte à côte, dans un geste de rapprochement, interpelle d’autant plus qu’il se produit dans un cadre diplomatique saoudien.
Car l’Arabie Saoudite n’est pas un spectateur neutre. Depuis plusieurs années, le royaume wahhabite affiche une ligne de fermeté face aux mouvements islamistes dans le monde arabe, en particulier les Frères musulmans, dont le PJD marocain a souvent été rapproché dans l’imaginaire régional. Dans ce contexte, voir Benkirane honoré dans une enceinte diplomatique saoudienne, et Ouahbi – représentant d’un gouvernement allié de Riyad – lui témoigner une marque de respect, brouille les lignes.
S’agit-il d’un message subtil envoyé à l’opinion publique, montrant que les tensions idéologiques peuvent se surmonter au nom d’une forme d’unité nationale ? Ou bien d’une manière d’affirmer que le jeu marocain, bien qu’influencé par les équilibres du Golfe, reste autonome dans ses codes et ses symboles ?
La psychologie politique permet aussi de lire ce moment autrement. Dans une culture où l’excuse et le pardon public prennent une dimension spirituelle et sociale forte, ce type de geste peut être perçu comme une reconnaissance implicite : embrasser la tête de l’autre, c’est parfois admettre sa supériorité morale, son statut d’aîné, ou son droit au respect malgré les différends.
Or Ouahbi, souvent décrit comme un tribun arrogant, s’est forgé une réputation en provoquant et en défiant. Que ce même Ouahbi se montre dans une posture d’humilité relative face à Benkirane peut signifier plusieurs choses : un calcul d’image pour apparaître conciliant, une nécessité contextuelle dans un événement protocolaire, ou encore une tentative d’effacer des querelles passées.
La politique réduite à un geste.. le Maroc mérite mieux..
Benkirane, de son côté, y gagne une réhabilitation symbolique : celui qui fut souvent accusé d’être affaibli ou marginalisé retrouve, par ce geste, une stature confirmée.
Sur les réseaux sociaux, les réactions ont oscillé entre moquerie et scepticisme. Beaucoup ont vu dans l’acte une pièce de théâtre politique destinée à détourner l’attention des vrais problèmes : inflation, chômage, crise sanitaire des services publics. D’autres y ont lu la preuve que la politique marocaine comme ailleurs fonctionne moins sur des projets structurants que sur des rituels symboliques, des gestes destinés à frapper les esprits plus qu’à transformer les réalités.
Il n’en reste pas moins que cette séquence témoigne de la puissance du langage corporel dans l’arène publique. Là où des discours interminables peinent à convaincre, un geste peut créer une onde de choc, une perception durable, voire un mythe.
La politique marocaine, à l’instar de nombreuses sociétés du Sud global, mêle constamment le registre du culturel, du religieux et du stratégique. Embrasser une tête peut relever du protocole familial ou confrérique ; mais dans ce cas précis, il devient la métaphore d’une scène nationale où les contradictions se côtoient et s’absorbent.
À l’heure où les relations régionales évoluent sous l’influence des monarchies du Golfe, où les islamistes cherchent à redéfinir leur place dans le paysage national, et où l’opinion publique exprime une défiance croissante, ce simple geste devient un miroir grossissant : celui d’une politique marocaine qui oscille entre confrontation et compromis, entre rivalité et reconnaissance.
Le geste de Ouahbi ne résout rien. Il n’éteint pas les tensions structurelles, ni les critiques sur la gouvernance, ni les fractures sociales. Mais il rappelle que, dans ce théâtre complexe, la symbolique demeure un outil central de communication, de séduction et parfois, de manipulation.
Sur les réseaux sociaux, les réactions ont oscillé entre moquerie et scepticisme. Beaucoup ont vu dans l’acte une pièce de théâtre politique destinée à détourner l’attention des vrais problèmes : inflation, chômage, crise sanitaire des services publics. D’autres y ont lu la preuve que la politique marocaine comme ailleurs fonctionne moins sur des projets structurants que sur des rituels symboliques, des gestes destinés à frapper les esprits plus qu’à transformer les réalités.
Il n’en reste pas moins que cette séquence témoigne de la puissance du langage corporel dans l’arène publique. Là où des discours interminables peinent à convaincre, un geste peut créer une onde de choc, une perception durable, voire un mythe.
La politique marocaine, à l’instar de nombreuses sociétés du Sud global, mêle constamment le registre du culturel, du religieux et du stratégique. Embrasser une tête peut relever du protocole familial ou confrérique ; mais dans ce cas précis, il devient la métaphore d’une scène nationale où les contradictions se côtoient et s’absorbent.
À l’heure où les relations régionales évoluent sous l’influence des monarchies du Golfe, où les islamistes cherchent à redéfinir leur place dans le paysage national, et où l’opinion publique exprime une défiance croissante, ce simple geste devient un miroir grossissant : celui d’une politique marocaine qui oscille entre confrontation et compromis, entre rivalité et reconnaissance.
Le geste de Ouahbi ne résout rien. Il n’éteint pas les tensions structurelles, ni les critiques sur la gouvernance, ni les fractures sociales. Mais il rappelle que, dans ce théâtre complexe, la symbolique demeure un outil central de communication, de séduction et parfois, de manipulation.