L'intelligence artificielle envahit les rédactions : innovation ou dérive annoncée ?
L'intelligence artificielle (IA) fait une percée remarquée au sein des rédactions des quotidiens. Derriere une apparente volonté d'optimisation du travail journalistique, l'IA pose une question de fond : jusqu'à quel point peut-elle s'imposer sans dénaturer la nature même du journalisme ? Chez "Les Écho" en france par exemple, l'expérimentation est lancée avec prudence. Depuis janvier, leur système de gestion de contenu (CMS) intègre des fonctionnalités d'IA générative limitées à la suggestion de titres, de chapos ou encore à la création de résumés et de posts pour les réseaux sociaux.
Mais que signifie vraiment cette introduction de l'IA dans la chaîne de production de l'information ? Est-elle une simple aide ponctuelle ou amorce-t-elle une révolution plus profonde, voire une dépendance progressive à ces outils ?
Pour l'instant, Les Échos maintient un cadre strict. L'IA ne peut pas rédiger un article de A à Z. Elle intervient en support, seulement après qu'un journaliste ait déjà rédigé son texte. "Elle n'est là que pour proposer des variantes, pas pour créer ex nihilo", insiste Benoît Georges, journaliste et chef de projet IA. Cette approche se veut rassurante : l'IA n'est pas une remplaçante, mais une assistante.
Toutefois, une question persiste : en multipliant les automatismes, ne risque-t-on pas d’uniformiser les contenus ? Si un logiciel propose systématiquement les formules les plus efficaces détectées par l'algorithme, où se situe la créativité du journaliste ?
D'autant que les rédactions commencent à s'interroger sur les gains réels en productivité. Contrairement à d'autres médias qui intègrent massivement ces technologies pour réduire leurs coûts, Les Échos préfèrent avancer sans imposer l'outil. "Nous sommes en phase de formation et d'expérimentation", explique la directrice digitale du groupe. Cette prudence traduit une volonté d'éviter un basculement incontrôlé vers l'automatisation.
L'adhésion à ces outils reste mitigée. Lors d’une session de formation regroupant une vingtaine de journalistes, la moitié déclarait utiliser ces fonctionnalités, mais uniquement à titre d'appoint. "L'IA dépanne, mais ne remplace pas l’instinct et l’expérience humaine", confie un journaliste. Malgré tout, 70 % de la rédaction s’est inscrite à des formations sur ces outils, signe d'une curiosité croissante.
Pour encadrer ce virage, Les Échos ont mis en place des ateliers rassemblant l'ensemble des métiers impliqués dans la production d'un journal, du secrétariat de rédaction à la gestion des images. Objectif : identifier les tâches qui peuvent être automatisées sans compromettre l'intégrité de l'information.
L'utilisation de l'IA pose aussi un enjeu de fiabilité. Si elle se limite à suggérer des titres ou résumer des textes déjà écrits, les risques d'erreur sont faibles. Mais dès que l'on touche à la génération d'images ou à l'exploitation des archives, le danger augmente. Un outil d'IA expérimenté par le service iconographie a montré des erreurs dans 10 % des cas, rappelant que le contrôle humain reste indispensable.
Côté souveraineté, la rédaction refuse que ses données alimentent des modèles externes. Pour cela, elle s'appuie sur la technologie du RAG (Récupération Augmentée par Génération), permettant d'entraîner un modèle sur des données internes sans les exposer à des tiers.
Si l'IA ne remplace pas encore les journalistes, elle redessine déjà leur manière de travailler. Les Échos choisissent d'avancer avec prudence, évitant le risque d'une automatisation incontrôlée. Pourtant, la tentation d'aller plus loin est réelle. Ailleurs, certaines rédactions testent déjà des articles entièrement rédigés par IA, avec des résultats parfois troublants.
L'enjeu est clair : à trop vouloir optimiser, le journalisme ne risque-t-il pas de perdre son essence ? Si demain l'IA génère une grande partie des contenus, qui garantira encore la singularité du regard journalistique ?
Mais que signifie vraiment cette introduction de l'IA dans la chaîne de production de l'information ? Est-elle une simple aide ponctuelle ou amorce-t-elle une révolution plus profonde, voire une dépendance progressive à ces outils ?
Pour l'instant, Les Échos maintient un cadre strict. L'IA ne peut pas rédiger un article de A à Z. Elle intervient en support, seulement après qu'un journaliste ait déjà rédigé son texte. "Elle n'est là que pour proposer des variantes, pas pour créer ex nihilo", insiste Benoît Georges, journaliste et chef de projet IA. Cette approche se veut rassurante : l'IA n'est pas une remplaçante, mais une assistante.
Toutefois, une question persiste : en multipliant les automatismes, ne risque-t-on pas d’uniformiser les contenus ? Si un logiciel propose systématiquement les formules les plus efficaces détectées par l'algorithme, où se situe la créativité du journaliste ?
D'autant que les rédactions commencent à s'interroger sur les gains réels en productivité. Contrairement à d'autres médias qui intègrent massivement ces technologies pour réduire leurs coûts, Les Échos préfèrent avancer sans imposer l'outil. "Nous sommes en phase de formation et d'expérimentation", explique la directrice digitale du groupe. Cette prudence traduit une volonté d'éviter un basculement incontrôlé vers l'automatisation.
L'adhésion à ces outils reste mitigée. Lors d’une session de formation regroupant une vingtaine de journalistes, la moitié déclarait utiliser ces fonctionnalités, mais uniquement à titre d'appoint. "L'IA dépanne, mais ne remplace pas l’instinct et l’expérience humaine", confie un journaliste. Malgré tout, 70 % de la rédaction s’est inscrite à des formations sur ces outils, signe d'une curiosité croissante.
Pour encadrer ce virage, Les Échos ont mis en place des ateliers rassemblant l'ensemble des métiers impliqués dans la production d'un journal, du secrétariat de rédaction à la gestion des images. Objectif : identifier les tâches qui peuvent être automatisées sans compromettre l'intégrité de l'information.
L'utilisation de l'IA pose aussi un enjeu de fiabilité. Si elle se limite à suggérer des titres ou résumer des textes déjà écrits, les risques d'erreur sont faibles. Mais dès que l'on touche à la génération d'images ou à l'exploitation des archives, le danger augmente. Un outil d'IA expérimenté par le service iconographie a montré des erreurs dans 10 % des cas, rappelant que le contrôle humain reste indispensable.
Côté souveraineté, la rédaction refuse que ses données alimentent des modèles externes. Pour cela, elle s'appuie sur la technologie du RAG (Récupération Augmentée par Génération), permettant d'entraîner un modèle sur des données internes sans les exposer à des tiers.
Si l'IA ne remplace pas encore les journalistes, elle redessine déjà leur manière de travailler. Les Échos choisissent d'avancer avec prudence, évitant le risque d'une automatisation incontrôlée. Pourtant, la tentation d'aller plus loin est réelle. Ailleurs, certaines rédactions testent déjà des articles entièrement rédigés par IA, avec des résultats parfois troublants.
L'enjeu est clair : à trop vouloir optimiser, le journalisme ne risque-t-il pas de perdre son essence ? Si demain l'IA génère une grande partie des contenus, qui garantira encore la singularité du regard journalistique ?